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Richard Russo : Trajectoire

Trajectoire
Trajectoire

Résumé :

À la veille de Thanksgiving, Janet s’impose d’affronter un étudiant qui lui a rendu un devoir plagié. Nate se demande bien pourquoi son frère Julian lui a proposé de l’accompagner en voyage organisé à Venise. Ray, agent immobilier, doit trouver le moyen de vendre à un couple de Texans la maison de Nicki. Et Ryan, lui, a beau se méfier des producteurs de cinéma, il traverse les États-Unis pour se voir offrir un marché de dupes.

L’auteur :

Richard Russo est né en 1949 aux États-Unis. Après avoir longtemps enseigné la littérature à l’université, il se consacre à l’écriture de romans et de scénarios. Un homme presque parfait avait été adapté au cinéma avec Paul Newman en 1994, et Le Déclin de l’empire Whiting a été, lui aussi, porté à l’écran en 2005.

Mon avis :

Décidément, je confirme : Richard Russo, ce grand romancier américain, est un portraitiste hors pair.

Dans ces histoires comme dans tous ces romans, l’âme humaine est décortiquée, analysée, passée au tamis.

Ces hommes ou femmes sont comme nous, touchants, avec leurs questionnements, leurs névroses et peurs. On peut avoir pitié ou sourire parfois lorsque l’auteur sort son arme magique : une dose d’humour. J’ai noté de la tendresse aussi, présente dans ces quatre trajectoires bien différentes.

Une belle lecture, ces quatre nouvelles qui nous entraînent dans des univers bien différents : le milieu universitaire, le monde de l’art, le milieu immobilier et enfin le monde du cinéma. Ma préférence va à la deuxième nouvelle : est-ce parce qu’elle est plus longue que les autres ?

À vous de découvrir ces nouvelles parues aux Éditions de la Table Ronde.

Notation :

Paulette Jiles : Des nouvelles du monde

Des nouvelles du monde
Des nouvelles du monde

Résumé :

Hiver 1870, le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas et lit à voix haute des articles de journaux devant un public avide des nouvelles du monde : les Irlandais migrent à New York ; une ligne de chemin de fer traverse désormais le Nebraska ; le Popocatepetl, près de Mexico, est entré en éruption. Un soir, après une de ses lectures à Wichita Falls, on propose au Capitaine de ramener dans sa famille, près de San Antonio, la jeune Johanna Leonberger. Quatre ans plus tôt, la fillette a assisté au massacre de ses parents et de sa sœur par les Kiowas qui l’ont épargnée, elle, et élevée comme une des leurs. Le vieil homme, veuf, qui vivait jadis de son métier d’imprimeur, profite de sa liberté pour sillonner les routes, mais l’argent se fait rare. Il accepte cette mission, en échange d’une pièce d’or, sachant qu’il devra se méfier des voleurs, des Comanches et des Kiowas autant que de l’armée fédérale.

L’auteur :

Paulette Jiles est née dans le Missouri en 1943. Poète, auteur de mémoires et romancière, elle a notamment publié aux États-Unis The Colour of Lightning et Lighthouse Island. Elle vit dans un ranch près de San Antonio, au Texas.

Mon avis :

Un formidable roman avec lequel j’ai passé un très beau moment, un gros coup de cœur, à lire absolument. A la fois original et surprenant, ce titre m’a passionnée et j’espère vous convaincre de le découvrir aussi.

J’ai aimé : les décors de ce Texas au dix-neuvième siècle et l’histoire autour de ces deux personnages principaux, si éloignés l’un de l’autre au départ, qui s’apprivoisent.

Le vieil homme, qu’on appelle le capitaine, gagne sa vie en lisant, en public, les nouvelles du monde. Il croise la route d’une gamine, enlevée par des indiens, qu’il doit ramener à sa famille. De Wichita à San Antonio via Dallas, la route est longue en chariot. La petite a oublié le monde des blancs et réagit comme une Kiowa, la tribu qui l’a élevée pendant quatre ans. Les chemins parfois mal fréquentés et les réactions de la fillette compliquent énormément la vie au capitaine. Pourtant, ils poursuivent leur chemin et des liens se tissent entre eux.

Ce western littéraire est aussi une fabuleuse aventure humaine.

Bouleversant et touchant, la rencontre de ces deux êtres bouleversera leur vie. Notre plaisir de lecture est renforcé par la belle plume et la poésie qui émaille tout le texte.

Pour achever de vous convaincre, voici un test :

⁃ aimez-vous les grands espaces ?

⁃ Avez-vous envie d’un bon western ?

⁃ Êtes-vous plutôt du côté des indiens que des cowboys ?

Si vous répondez « oui » aux trois questions, précipitez-vous, ce roman est pour vous.

Paru aux Éditions de la Table Ronde dans la collection Quai Voltaire.

Ci-dessous la photo du périple de nos deux héros.

Notation :

Naomi Wood : Mrs Hemingway

Mrs Hemingway
Mrs Hemingway

Résumé : C’est un fait : Hemingway était un homme à femmes. Seulement l’auteur du Vieil homme et la mer ne se contentait pas d’enchaîner les histoires d’amour. Il a voulu épouser ses maîtresses. L’une après l’autre, à l’issue d’un scénario qui ne variait que de quelques lignes, il en a fait des Mrs. Hemingway : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant d’une scène – la Côte d’Azur, le Paris bohème, la Floride assoiffée, Cuba, l’Espagne bombardée… – puis l’alcool, les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver.

L’auteur :

Née en 1983 et diplômée de l’université d’East Anglia, elle vit aujourd’hui à Londres. Ses recherches pour Mrs Hemingway l’ont menée de la British Library à la Library of Congress, aux différentes résidences et aux repaires d’Ernest Hemingway à Chicago, Paris, Antibes, Key West et Cuba.

 

Mon avis :

Brillant et addictif : une lecture incontournable !

Nous découvrons l’histoire d’un écrivain ensorcelé par ses différentes femmes. Divisé en quatre parties, chacune démarrant lorsqu’une histoire amoureuse se termine.

Chaque femme a succombé à ses charmes et, hormis sa dernière épouse, a dû subir la rivalité de la maîtresse qui la détrônera et lui enlèvera son époux. Hadley, la premiere, a épousé Ernest alors qu’il n’avait que 21 ans. Très dévouée à son mari, elle est aussi très proche de Pauline, dite Fife. Tous les trois passeront de bons moments dans l’appartement parisien et dans le sud de la France. Désemparée quand elle découvre la liaison de son mari, elle s’efface comprenant qu’elle l’a perdu.

Après ces premières années difficiles financièrement, tout change avec Fife, riche qui lui fait voir du pays. Amoureux, Ernest l’épouse et démarre avec entrain sa nouvelle vie. Protégé des soucis matériels, le grand homme pourra écrire. Au bout de quelques années, le même schéma se reproduit : Ernest rencontre une journaliste de guerre, Martha. Désespérée, Fife fera tout pour conserver son mari mais celui-ci, de nouveau amoureux, veut épouser sa nouvelle conquête. Il a besoin du mariage pour concrétiser un amour. L’histoire va se poursuivre encore une fois lorsqu’il découvre Mary. Le même schéma se reproduit : la nouvelle femme chasse l’ancienne dans le cœur de l’écrivain.

Le plus étonnant c’est le lien qui unira ces femmes comme des sœurs improbables.

Face à un homme, parfois fragile et souvent torturé, ces femmes intelligentes l’ont aimé voire adoré et se sont parlées. Mary téléphone à Hadley lorsqu’elle s’inquiète pour son mari.

L’auteure parvient parfaitement à nous faire partager l’intimité des épouses successives d’Ernest et nous donne ainsi un autre éclairage sur le grand écrivain.

Une belle plume rend la lecture très fluide et addictive.

Ne vous privez pas du plaisir de découvrir ce premier roman.

 

Le site de l’auteure

 

Merci Babelio et Les Éditions de la Table Ronde.

Notation :

Brontë : Lettres choisies de la famille Brontë

Lettres choisies de la famille Brontë
Lettres choisies de la famille Brontë

Traduit de l’anglais et annoté par Constance Lacroix

Présentation : Si les œuvres des sœurs Brontë sont connues de tous, il n’en va pas de même pour leur correspondance, a fortiori en France où elle n’avait pas encore été traduite. Le présent recueil réunit plus de trois cents lettres de cette famille hors norme. Celles de Charlotte à son amie Ellen Nussey ou à ses éditeurs londoniens, tantôt véhémentes, tantôt mélancoliques, sont d’une humilité extrême. Durant sa courte existence, Charlotte s’éloigne rarement de la cure de Haworth où elle veille tour à tour son frère et ses sœurs dans leurs derniers instants. De ces deuils, la jeune femme, qui ne place jamais l’art au-dessus de la vie, laisse des témoignages d’une grande pudeur.

 

Les auteurs : Charlotte Brontë a publié trois romans de son vivant Jane Eyre, Shirley et Villette. Le Professeur fut publié à titre posthume. Branwell, Emily et Anne sont les trois autres enfants du pasteur Patrick Brontë.

La traductrice : Constance Lacroix a notamment traduit, annoté et commenté La Relation véridique de ma naissance, de mon éducation et de ma vie de Margaret Cavendish.

 

Mon avis :

Une préface intitulée « note d’intention » présente la démarche de la traductrice qui a réuni ces lettres en laissant la plus grande place à Charlotte qui s’est exprimée davantage que ses sœurs. Nous apprenons aussi qu’elle s’exprimait parfois en français, son style a été adopté par la traductrice pour être plus fidèle et proposer un ensemble homogène.

L’ensemble des lettres produites couvrent la période « 1821-1855 » et sont regroupées par année. Ainsi nous suivons chronologiquement la vie de la famille Brontë. La traductrice, en début de chapitre, précise le contexte entourant la missive.

Le lecteur parcourt ce recueil au cœur de l’intimité et des malheurs de la famille Brontë : la mère partie tôt d’un cancer, les sœurs séparées puis malades, le frère qui peine à se faire connaître comme artiste. Charlotte résiste et veille sur tout ce petit monde tout en écrivant le grand roman « Jane Eyre » sous pseudonyme. Sa vie passe au second plan, elle refuse des propositions de mariage.

Quelques lettres sont écrites par Emily, Anne ou par le père, le tout donne un magnifique témoignage de cette famille d’artistes.

Je vous recommande ce recueil épistolaire qui donne envie de se replonger dans « Jane Eyre », ma version préférée est la traduction française de Dominique Jean chez Folio Classique : Jane-Eyre

 

Merci aux Éditions de la Table Ronde.

 

Notation :