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Sandrine Colette : Il reste la poussière

Il reste la poussière
Il reste la poussière

Résumé :

Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux. Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l’a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien. Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée.

L’auteur :

Sandrine Collette est docteur en science politique. Elle partage sa vie entre l’université de Nanterre et son élevage de chevaux dans le Morvan. « Des nœuds d’acier » (Denoël, 2013) est son premier roman. Il obtient le Grand Prix de littérature policière 2013. En 2014 est sorti « Un vent de cendres » et « Six fourmis blanches » en 2015.

Mon avis :

Décidément Sandrine Colette est très forte ! Ce livre nous accroche tout du long sans nous laisser de répit.

Nous voici embarqués en Patagonie dans des steppes désertiques où vit une famille improbable : une mère et ses quatre fils. Elle, c’est une dure à cuire, au travail toute la journée, obligeant ses gamins à suivre le même rythme infernal. Le père a disparu et la mère l’a remplacé. Elle est devenue plus violente que lui, elle boit et joue aux cartes aussi.

Comment les fils pourront-ils survivre dans un milieu si hostile ? Dès le départ, on s’inquiète pour le petit, malmené par ses frères aînés. La mère s’en moque et ne l’aide pas.

La nature qui les entoure est implacable. Tout est angoissant, terrifiant et violent. La poussière, si bien décrite, nous gratterait presque la gorge tellement le réalisme est saisissant.

Voici un livre qui mêle le western avec des décors grandioses et le polar.

C’est à la fois captivant, âpre et dur mais on est pris au piège : jusqu’où l’auteure va-t-elle nous emmener ?

L’écriture est en phase avec l’histoire, sèche et très efficace.

Un excellent roman noir à ne pas manquer.

Merci aux éditions Denoël.

 

Éditions Denoël . Catégorie > Sous-catégorie : Policiers > Romans noirs
Collection Sueurs Froides
Parution : 25-01-2016

Notation :

Hans Fallada : Du bonheur d’être morphinomane

Résumé :

Du bonheur d'être morphinomane
Du bonheur d’être morphinomane

Le quotidien d’un morphinomane. Un alcoolique cherche à se faire emprisonner pour arriver enfin à se désintoxiquer. Une paysanne au mari jaloux perd son alliance pendant la récolte des pommes de terre. Un cambrioleur rêve de retourner en prison où la vie est, finalement, si tranquille. Un mendiant vend sa salive porte-bonheur.

L’auteur :

Hans Fallada est un auteur allemand né en 1893 dans le Nord de l’Allemagne. Il est de la même génération que Johannes R. Becher, Bertolt Brecht, Kurt Tucholsky ou Walter Benjamin, ces auteurs qui sont nés dans l’empire allemand sur son déclin, qui ont connu, au début de leur âge adulte, la chute de l’empire avec la première guerre mondiale, et qui vivront seulement 14 années de démocratie parlementaire avant que le nazisme ne prenne le pouvoir et que n’éclate la seconde guerre mondiale. Il meurt en 1947 à Berlin, laissant une vingtaine de romans devenus pour certains des classiques lus à l’école.

Mon avis :

Un recueil de nouvelles qui met en scène un morphinomane, un alcoolique, un voleur, un mendiant.

Plusieurs thèmes pour ces nouvelles : les addictions, les garnements, la campagne, le couple.

Un portrait d’une époque troublée dans laquelle les petites gens se débattent pour survivre. Résister aux tentations de l’alcool, du tabac et ne pas céder à la facilité de s’emparer des biens d’autrui. Une misère profonde dans un contexte très difficile voilà ce que l’auteur nous dépeint. La crise, le chômage, l’inflation : en face des ces maux des gens simples qui subissent.

Une profonde empathie s’empare de nous en déroulant ces histoires, c’est souvent triste mais aussi parfois on arrive à sourire. Fiction ou réalité ? C’est criant de vérité.

Une plume très fluide, une impression de proximité avec tous ces personnages nous les rendent attachants : on se dit, comment les aider ?

Une belle lecture avec des moments d’espoir et d’amour qui illuminent ce récit.

A la fin du livre, les notes de la traductrice, qui apportent des précisions très intéressantes sur l’auteur et nous éclairent sur sa vie et le contexte historique, nous comprenons aussi que ces histoires sont le reflet de son existence.

Merci aux Editions Denoël.

 

Traduit de l’allemand par Laurence Courtois

Collection Denoël & d’ailleurs

Parution : 05-11-2015

 

Notation :

Étienne Guéreau : La sonate de l’anarchiste

La sonate de l'anarchiste
La sonate de l’anarchiste

Résumé :

Avril 1894. Tandis que les bombes des anarchistes ensanglantent Paris, la réputation d’un jeune pianiste ne cesse de grandir. Fédor, virtuose tourmenté, compose une musique aux pouvoirs extraordinaires. Joie, tristesse, colère : les émotions générées par son instrument se répercutent sur son public et le plongent dans un dangereux état de dépendance. Lorsque Fédor est accusé de préparer un attentat, il est contraint d’accepter le marché que lui soumet le commissaire Chavreuil. Qui lui a tendu ce piège? Qu’attend-on de lui ?

L’auteur :

Etienne Guéreau a étudié le piano au conservatoire d’Issy-­les-­Moulineaux. À partir de la fin des années 90, il publie des recueils et des ouvrages pédagogiques. En 2009, il sort son deuxième disque À l’Orient de Rio. Le clan suspendu, son premier roman, est paru en 2014.

Mon avis :

Un roman historique et musical sur fond de révolte anarchiste à la fin du dix-neuvième siècle. Très bien documenté, c’est aussi un portrait réussi des années 1890 lorsque Paris est ensanglanté par des attentats fomentés par les anarchistes.

Quel rapport entre les attentats et un jeune pianiste Fédor ? C’est tout l’enjeu du livre.

Notre héros n’est pas un musicien comme les autres : son art transforme son auditoire qui est captivé par ses concerts. Impossible de lui résister. Ce don peut servir aux intérêts de certains et lorsque le commissaire entre en scène, on découvre progressivement le rôle que Fédor est obligé d’endosser.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Solange, jeune femme fraîche, moderne et terriblement déterminée. Son intervention auprès de Fédor va bouleverser sa vision de son époque.

Parmi les autres personnages, Constance, la première muse de Fédor le soutient tandis que le méchant Bakdeck cherche à nuire au musicien. Léon, son impresario, épaule aussi notre héros. Tous ces personnages sont attachants.

L’originalité du roman tient surtout à la belle plume de l’auteur, toute en nuance et en résonance avec l’art musical du pianiste. Chaque chapitre porte un nom musical et tout le roman est parsemé de termes appartenant au monde de la musique.

Tout cela est agréable, distrayant et tient le lecteur en haleine.

Une belle découverte.

Merci aux éditions Denoël.

Catégorie > Sous-catégorie : Littérature française > Romans et récits

Collection Romans français

Parution : 01-10-2015

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Notation :

Robyn Cadwallader : Une autre idée du silence

Une autre idée du silence
Une autre idée du silence

Résumé :

Angleterre, 1255. À seulement dix-sept ans, Sarah décide de devenir anachorète. Dévouée à Dieu, elle vivra recluse dans une petite cellule mesurant neuf pas sur sept à côté de l’église du village. Fuyant le deuil de sa sœur adorée, morte en couches, et la pression d’un mariage imposé, elle choisit de renoncer au monde – à ses dangers, ses désirs et ses tentations – pour se tourner vers une vie de prière. Mais petit à petit elle comprend que les murs épais de sa cellule ne pourront la protéger du monde extérieur.

L’auteur :

Robyn Cadwallader a publié de nombreuses nouvelles, de la poésie avant de publier « Une autre idée du silence ».Elle vit au milieu des vignes en dehors de Canberra, en Australie, lorsqu’elle ne voyage pas en Angleterre pour la recherche et la visite d’anciens sites archéologiques le long du chemin.

Mon avis :

Une histoire atypique très bien racontée, qui nous enchante.

Vivre recluse et isolée : tel est le choix de Sarah qui veut s’oublier et tourner le dos à ses malheurs. Sa cellule est sombre, seule ses servantes et son confesseur peuvent lui parler. Une vie très dure, avec peu de nourriture et sans confort. Quand vient l’hiver, elle se rend compte que ses conditions de vie sont difficiles à supporter. Sarah est forte malgré tout et sa détermination très grande.

Elle s’endurcit, seule Anna, la petite servante la rendra plus humaine et dévouée aux autres. Sarah, bien que recluse, va partager le quotidien de plusieurs personnages. Nous sommes au Moyen-Age et le seigneur est tout puissant. Elle l’apprendra à ses dépens. Bien que le personnage principal soit enfermé, il se passe plein de choses dans cette histoire qui alterne le point de vue de Sarah et celui de son confesseur.

J’ai aimé la description des campagnes au treizième siècle avec la vie religieuse très importante et la vie d’une recluse. L’écriture coule, fluide, poétique toute en douceur.

L’auteur nous raconte dans la postface son travail de documentation : j’avoue que j’ignorais ces vies de recluses avant de débuter ce livre. Elle a su faire revivre cette époque moyenâgeuse avec une héroïne hors du commun. Bravo.

Une très belle plume, une histoire originale : une bien belle lecture, n’hésitez pas.

Merci aux Editions Denoël
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Collection Denoël & d’ailleurs

Traduit de l’anglais (Australie) par Arnaud Baignot et Perrine Chambon

 

Notation :

Dans les eaux du lac interdit de Hamid Ismaïlov

Dans les eaux du lac interdit
Dans les eaux du lac interdi

Résumé :
Un voyageur anonyme a pris place à bord d’un train pour un interminable voyage à travers les steppes kazakhes. Le train s’arrête dans une toute petite gare et un garçon monte à bord pour vendre des boulettes de lait caillé. Il joue Brahms au violon de manière prodigieuse, sortant les passagers de leur torpeur. Le voyageur découvre que celui qu’il avait pris pour un enfant est en fait un homme de vingt-sept ans. L’histoire de Yerzhan peut alors commencer…

L’auteur :
Hamid Ismailov né au Kirgizstan en 1954. Contraint à l’exil, il vit à Londres où il est journaliste au BBC World Service. Romancier, poète et traducteur. Écrit en ouzbek, russe et anglais. Ses livres ont été traduits en français, allemand, espagnol, turc. Il a traduit des classiques de la littérature russe et occidentale en ouzbek et des classiques ouzbeks et perses en russe.

Mon avis :
Épuré, imagé et glaçant tels sont les premiers qualificatifs qui me viennent.
Un récit atypique et dépaysant qui nous emmène au côté de Yerzhan, petit garçon qui vit avec sa famille dans les steppes kazakhes. Des conditions de vie difficiles et en même temps une vie d’enfant avec ces jeux, promenades et sa passion du violon. Le jeune garçon est pourtant effrayé par des bruits et lumières nocturnes en forme de champignon. Un jour sa vie va basculer …

Un conte onirique qui met en scène des personnes traumatisées et événements dramatiques tout en présentant des enfants qui continuent de vivre et jouer. Ce mélange des genres peut surprendre voire déranger vu les thèmes abordés. Cela apporte une légèreté, obligatoire, pour un sujet si dur.

Mes bémols : un peu difficile de mémoriser tous les personnages qui entourent notre héros, j’étais un peu perdue parfois. Ces personnages, hormis le jeune garçon, restent assez flous et manquent d’épaisseur.

Une lecture instructive et touchante à découvrir.

Merci aux Editions Denoël.

 

Editions Denoël
Traduit de l’anglais (Ouzbékistan) par Héloïse Esquié
Collection Y
Parution : 20/08/2015

 

Notation :