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Critique de : La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier

La brodeuse de Winchester

Résumé 

Winchester, 1932. Violet Speedwell, dactylo de trente-huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis que la guerre a décimé toute une génération de fiancés potentiels. «Femme excédentaire», voilà l’étiquette qu’elle ne se résigne pas à porter, à une époque où la vie des femmes est strictement régentée. 

L’auteure 

Née à Washington en 1962, Tracy Chevalier quitte en 1982 les États-Unis pour s’installer à Londres, où elle vit toujours, avec son mari et son fils. Elle connaît un immense succès dès son deuxième livre, La Jeune Fille à la perle, adapté au cinéma par Peter Webber en 2002.

Ma chronique :

Tracy Chevalier a de nouveau réussi un splendide roman : à chaque nouveau titre, son talent de conteuse se confirme.

Réussir à nous intéresser à la broderie est un véritable tour de force : je déteste la couture et pourtant à un moment de ma lecture, tellement immergée dans cette histoire, je me suis imaginée suivre les conseils de Louisa Pesel et broder à mon tour.

Violet, l’héroïne, est à l’écoute de Louisa dont la bienveillance et la douce autorité vont faire des merveilles. Toutes ces femmes, dont certaines vieilles filles ou «excédentaires» comme on les appelait après la guerre (car plus assez d’hommes en âge de se marier), cherchent à s’émanciper et aspirent à davantage de reconnaissance. Violet a quitté sa mère, à trente-huit ans, pour devenir dactylo et être autonome, il est difficile en 1932 de trouver sa place dans la société anglaise pour une femme seule. La liberté se paye cher à cette époque.

Lorsqu’elle décide d’apprendre la broderie, elle ne peut savoir que cela bouleversera sa vie.

La reconstitution impeccable de ces années d’avant-guerre et la description détaillée et minutieuse, pas du tout ennuyeuse, des activités des brodeuses sont les grandes forces de ce livre. L’émotion est aussi au rendez-vous, Violet est une femme pleine de ressources qui se transforme et nous l’accompagnons dans cette renaissance.

Je voudrai signaler aussi que les sonneurs de cloches ont un rôle important dans ce livre, j’ai ainsi découvert l’art campanaire et toutes ses subtilités.

Tracy indique en fin de livre ses sources bibliographiques et donne des informations sur Louisa Pesel personnage historique, qui a si facilement trouvé sa place dans ce roman, et cela grâce à son talent de conteuse.

Bravo pour ce roman, un coup de cœur.

À découvrir absolument aux éditions de la Table Ronde collection Quai Voltaire.

Notation :

Critique de : Et m*** de Richard Russo

Et m***

Résumé :

Au lendemain de l’élection de Donald Trump, David et sa femme Ellie reçoivent à dîner deux couples d’amis et anciens voisins partis vivre dans une banlieue plus cossue. Ils se sont tous connus à l’université où ils enseignaient et sont désormais à la retraite. La question que chacun se pose, c’est comment le pays a pu en arriver là. Après le départ des Schuulman et des Miller, Ellie s’attarde à ranger les restes du dîner et, au moment d’éteindre les lumières et d’aller se coucher, détecte une drôle d’odeur dans l’air du jardin.

L’auteur : 

Richard Russo est né en 1949 aux États-Unis. Après avoir longtemps enseigné la littérature à l’université, il se consacre à l’écriture de romans et de scénarios. Un homme presque parfait avait été adapté au cinéma avec Paul Newman en 1994, et Le Déclin de l’empire Whiting a été, lui aussi, porté à l’écran en 2005.

Ma chronique :

Quand un drame domestique et une bombe politique se catapultent, sous la plume de Richard Russo, le résultat est une nouvelle décapante.

Richard Russo a l’art de dépeindre ses semblables, ici des universitaires retraités installés à Tucson dans une banlieue calme. Ils mènent une vie tranquille jusqu’au jour où …

Un brin décalé, toujours un peu de cynisme et des personnages vrais : un cocktail parfait pour une nouvelle qu’on ne lâche pas.

La politique s’invite dans cette histoire qui démarre avec l’élection de Donald Trump.

J’espère vous avoir donné envie de le lire car vous ne le regretterez pas !

 Paru aux éditions de la Table Ronde collection La non pareille.

Notation :

Critique de : Éphéméride de Valérie Rouzeau

Éphéméride

Présentation :

« À l’automne 2017, j’ai eu le désir de quelque chose de nouveau pour moi : réunir des textes variés -note, fragments, lettres et courriels, traductions, commentaires, poèmes encore (et toujours !). »

L’auteure :

Née le 22 août 1967 à Cosne-Sur-Loire, Valérie Rouzeau s’est fait connaître avec Pas Revoir (Le Dé Bleu, 1999, réédité en Petite Vermillon en 2010 suivi de Neige Rien). Auteur de quelque vingt-cinq recueils de poésie et de plusieurs chansons pour le groupe Indochine, elle a aussi traduit Sylvia Plath et William Carlos Williams.

Ma chronique :

Je découvre Valérie Rouzeau avec ce recueil au contenu varié (pensées, courriels, lettres et poèmes).

Un recueil à lire absolument pour partager la vie d’une poétesse et profiter de ses poèmes ou de ceux qu’elle a traduits.

Mes poésies préférées, j’avais envie de les lire à voix haute, de les recopier dans un petit carnet et de les afficher dans mon bureau pour en profiter au quotidien.

J’ai eu un coup de cœur pour les poèmes de Sylvia Plath dont les héroïnes sont des abeilles (un penchant qui lui vient de son père).

Mon conseil : lire et relire ces textes, les partager et profiter pleinement de leur beauté, des jeux de mots, de l’humour et de la sensibilité qui s’en dégage.

J’ai beaucoup souri et cela fait tellement de bien !

À lire sans modération.

Publié aux éditions de la Table Ronde.

Critique de : L’invitation à la vie conjugale d’Angela Huth

L’invitation à la vie conjugale

Résumé :

Rachel Arkwright ne pense qu’à une chose, une fois son mari Thomas parti travailler et le petit déjeuner débarrassé : dormir. Se lover sous la couverture et sombrer, oublier la froideur de Thomas et l’absence de son fils devenu étudiant, l’ennui profond, le dîner à préparer. Le sexe à peine existant avec un homme bedonnant, et dans le noir. Mais ce matin-là Rachel découvre dans la pile du courrier l’invitation des Farthingoe à un bal dans leur manoir d’Oxford, perspective qui ravive une excitation depuis longtemps éteinte. Frances Farthingoe, elle, trouve son réconfort dans l’organisation de fêtes somptueuses tandis que son époux passe ses journées enfermé dans son bureau ou à observer les animaux au fond des bois.

L’auteure :

Angela Huth est née à Londres en 1938 et vit aujourd’hui dans le Warwickshire. Journaliste de renom, elle a publié de nombreux romans à succès, deux recueils de nouvelles, plusieurs livres pour la jeunesse et deux anthologies de poésie. Elle a également écrit des pièces pour la radio et la télévision et réalisé des documentaires.

Ma chronique :

Pourquoi j’ai choisi ce livre ?  Pour l’auteure et l’objet livre : Angela Huth est une auteure anglaise que j’affectionne et je n’ai pas pu résister à cette nouvelle édition dans la collection Petit Quai Voltaire qui vient d’adopter un nouveau look très réussi.

J’ai donc partagé le quotidien de ces couples dont les femmes comblent le vide de leur existence comme elles peuvent. Se cacher sous la couette pour dormir ou organiser une grande fête pour s’occuper.

Les hommes n’ont pas toujours plus d’activités et certains vont observer les blaireaux la nuit où traînent dans les galeries d’art.

Tout cela cache un mal de vivre très bien retranscrit ici. Le délitement de l’attachement conjugal est finement analysé sans ennuyer le lecteur.

La petite touche d’optimisme est là avec ce couple soudé et amoureux comme au premier jour, Mary et Bill sont émouvants.

Un beau texte sur la vie et les sentiments amoureux.

À retrouver aux éditions de la Table Ronde Petit Quai Voltaire.

Notation :

Critique de : Étés anglais d’Elizabeth Jane Howard

Étés anglais

Résumé :

Juillet 1937. À Home Place, au cœur du Sussex, jardiniers, femmes de chambre et cuisinière sont sur le pont. La Duche orchestre le ballet des domestiques avant l’arrivée de ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Où dormira Clary, adolescente mal dans sa peau en plein conflit avec sa belle-mère? Quelle robe portera Villy, ancienne ballerine désormais mère au foyer? Polly, terrorisée à l’idée qu’une guerre éclate, s’entendra-t-elle avec sa cousine Louise qui rêve de devenir actrice? Rachel, la seule fille de la Duche, trouvera-t-elle un moment pour ouvrir la précieuse lettre de son amie Sid? 

L’auteure :

Née en 1923, Elizabeth Jane Howard est l’auteur de quinze romans. Les Cazalet Chronicles – The Light Years, Marking Time, Confusion et Casting Off – sont devenus des classiques modernes au Royaume-Uni et ont été adaptés en série pour la BBC et pour BBC Radio 4. Elle a également écrit son autobiographie, Slipstream. Elle est morte en janvier 2014, après la parution du 5e volume des Cazalet Chronicles, All Change.

Ma chronique :

Un régal ce livre. Je me suis immédiatement immergée dans la vie de cette famille « Les Cazalet » et j’ai pris un grand plaisir à partager leur quotidien dans cette période si particulière de l’avant-guerre.

Les personnages sont tellement vrais et attachants tant par leurs travers que pour leurs qualités. J’ai eu un faible pour le doyen surnommé « Brig » doté d’un grand cœur. Sa fille, Rachel, fait aussi partie de mes héros préférés, tournée vers les autres, elle prête main forte à son père et n’hésite pas à aider aussi les domestiques.

Toutes les classes sociales sont dépeintes ici, depuis la haute bourgeoisie jusqu’aux petites gens, domestiques ou paysans. 

C’est toute une époque révolue qui est dépeinte avec maestria : par exemple, les femmes, ces grandes bourgeoises, ne font pas d’études universitaires, contrairement aux garçons envoyés en pension dès le collège et poussés à étudier. 

Le style impeccable et fluide, servi par une belle traduction, d’Anouk Neuhoff, contribue au plaisir de la lecture.

En conclusion : précipitez-vous sur ce premier tome de la saga des Cazalet en attendant le tome 2 prévu pour l’automne prochain. Trois autres tomes nous attendent ensuite. 

Merci aux éditions de la Table Ronde pour cette traduction inédite en France.

Notation :