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Jade Chang : Les Wang contre le monde entier

Les Wang contre le monde entier
Les Wang contre le monde entier

Résumé : Dans la famille Wang, il y a le patriarche, Charles, tycoon du cosmétique aux États-Unis ; la belle-mère, Barbra, seconde épouse trop engoncée dans ses fourrures et ses carrés de soie pour trouver sa place ; Saina, l’aînée, artiste iconoclaste qu’un scandale de trop a exilée dans la campagne au nord de New York ; Andrew, le fils, obsédé par la perte de sa virginité et par sa future et très hypothétique carrière dans le stand-up ; Grace, la benjamine, fashion blogueuse/lycéenne intermittente, et Ama, la vieille nourrice chinoise. Hélas, nous sommes en 2008, au plus fort de la crise financière, et, à la suite de placements pour le moins hasardeux, Charles Wang vient de tout perdre.

L’auteur :

Journaliste, Jade Chang a longtemps travaillé pour les pages culture de médias prestigieux tels que la BBC, le Los Angeles Times Magazine ou Glamour. Elle s’est en partie inspirée de l’histoire de sa propre famille pour écrire Les Wang contre le monde entier, son premier roman, dont la parution a été saluée outre-Atlantique comme un événement. Jade Chang vit à Los Angeles.

 

Mon avis :

Prenez une famille d’origine chinoise, une antique Mercedes, un patriarche autoritaire et des enfants compliqués. Ajoutez-y la crise de 2008 qui ruine la famille. Quelle solution imaginer pour rebondir ?

Celle proposée par Charles Wang est originale mais ne fait pas l’unanimité parmi ses proches.

Le road trip qui leur fait traverser les États-Unis révèle les caractères des proches de Charles, pose la question de l’intégration et du rêve américain.

Des thématiques intéressantes mais non détaillées et seulement effleurées.

Déçue aussi car le côté loufoque de la couverture ne se retrouve pas dans le texte.

Ce qui m’a le plus gênée c’est l’écriture simpliste et parcourue d’expressions familières. Beaucoup de longueurs aussi.

 

Vous l’aurez compris : une lecture décevante globalement.

 

Merci à Babelio et aux éditions Belfond.

 

Notation :

Imbolo Mbue : Voici venir les rêveurs

Voici venir les rêveurs
Voici venir les rêveurs

Résumé : L’Amérique, Jende Jonga en a rêvé. Pour lui, pour son épouse Neni et pour leur fils Liomi. Quitter le Cameroun, changer de vie, devenir quelqu’un. Obtenir la Green Card, devenir de vrais Américains. Ce rêve, Jende le touche du doigt en décrochant un job inespéré : chauffeur pour Clark Edwards, riche banquier à la Lehman Brothers. Au fil des trajets, entre le clandestin de Harlem et le big boss qui partage son temps entre l’Upper East Side et les Hamptons va se nouer une complicité faite de pudeur et de non-dits.

L’auteur :

Née en 1982, Imbolo Mbue a quitté Limbé, au Cameroun, en 1998 pour faire ses études aux États-Unis. Elle a grandi en lisant les grands auteurs africains : Chinua Achebe, Ngugi wa Thiong’o, mais c’est chez Toni Morrison et Gabriel García Márquez que sa sensation d’être écartelée entre deux cultures a trouvé un écho. S’inscrivant dans la lignée d’Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie ou du Ravissement des innocents de Taiye Selasi, Voici venir les rêveurs, son premier roman, a fait l’objet d’enchères effrénées auprès des plus grands éditeurs américains. Imbolo Mbue vit à Manhattan.

 

Mon avis :

Un livre auquel on s’attache énormément : beaucoup d’empathie pour les personnages.

Un gros coup de cœur pour ce beau roman plein de tendresse et d’émotion.

Revenons à l’histoire : Jende, camerounais d’origine, vient de décrocher un poste de chauffeur chez Lehman Brothers. Il se retrouve à conduire une grosse voiture et entend des conversations entre des patrons de cette firme. L’histoire se situe en 2007, juste avant la crise.

Les deux familles, celle de Jende et celle de Clark le patron vont se croiser et se fréquenter. Alors que Jende vit à Harlem avec sa femme et son fils dans un petit appartement rempli de cafards, Clark vit au centre de New York dans un appartement magnifique avec femme et enfants. Quand ils partent en vacances, Neni, la femme de Jende leur set de baby-sitter. Elle suit des études de pharmacienne et peine à décrocher une bourse. Il faut dire aussi que Jende est en situation irrégulière et n’a pas de papiers. Tout est difficile pour eux alors que le monde de Clark va s’écrouler avec la faillite de Lehman.

L’histoire ne se déroulera pas comme on peut l’imaginer, la vie de chacune de ces deux familles sera bouleversée. Personne ne sortira indemne.

J’ai aimé les personnages, notamment ceux des deux femmes que tout oppose, la camerounaise Neni et Cindy l’épouse de Clark qui cherche du réconfort dans l’alcool.

Sans plus dévoiler le contenu du livre, sachez que Jende et Neni vont influencer durablement la vie de leurs patrons.

Le style enlevé, rempli de dialogues et d’expressions locales, rend la lecture très fluide.

J’ai vibré avec Jende, Neni, Clark et Cindy : allez-y, c’est un livre à découvrir absolument.

 

Lu pour le jury des lectrices ELLE 2017.

 

 

Notation :

Saïdeh Pakravan : La trêve

La trêve
La trêve

Résumé : Plus aucun crime, plus de violence, plus de suicides, plus de crises cardiaques, de viols, de meurtres, d’accidents de voiture, d’agressions. Plus d’appels dans les commissariats, et les urgences des hôpitaux restent vides. La foule enthousiaste danse dans les rues, s’embrasse et scande : « Trêve éternelle ! » Pourtant, deux individus sont hantés par une question : la trêve va-t-elle durer, et si oui… jusqu’à quand ?

 

L’auteur : Saïdeh Pakravan, écrivaine franco-américaine de fiction et poète, est née en Iran. Ayant grandi dans un milieu francophone, elle s’installe à Paris, participant, après la révolution iranienne de 1979, à un mouvement de libération de l’Iran. Publiée dans de nombreuses revues littéraires et anthologies, lauréate de prix littéraires dont le prix Fitzgerald, Saïdeh Pakravan est également essayiste et critique de film.

 

Mon avis :

La trêve est un un roman kaléidoscope dans lequel une multitude de personnages vivent une journée extraordinaire.

La vie est comme suspendue : plus de violence, ni accident, ni mort ni même naissance. Tous les personnages sont d’abord confrontés à une situation stressante qui ne dégénère pas puisque la trêve est là. Les histoires défilent, différentes à chaque chapitre, c’est même déstabilisant au départ puis on s’habitue et surtout on s’attache au récit. Que va-t-il se passer pour toute cette population ? Plus jamais de dérive ?

Les situations sont variées, avec un point commun : une violence annihilée par l’effet de la trêve. Chacun réfléchit alors et prend son destin en main : une prise de conscience s’opère, c’est le moment de faire le bilan de sa vie.

Certains personnages reviennent plusieurs fois comme Simon le policier et Mandy la journaliste. Kim et Jennifer, deux jeunes amants poursuivis par un mari jaloux apparaissent dans plusieurs chapitres également.

Cette galerie de portraits d’hommes et femmes rappelle « Short cuts » de Robert Altman, tous ces personnages qui se croisent ou pas, tous reliés par les conséquences de ce nouveau phénomène : la trêve. L’histoire n’est pas vraiment importante au final, on retient plutôt leurs hésitations, passions, errances et nous lecteurs, sommes suspendus tout du long à cette lecture.

Ce n’est pas un roman d’anticipation, plutôt une fiction remplie d’humanité, à découvrir.

Parution le 25 août aux éditions Belfond.

Merci aux éditions Belfond.

Notation :

Mathias de Breyne : La maison

La maison
La maison

 

Résumé : Quand il ne voyage pas au bout du monde, Gab retape des maisons avec amour et passion grâce à ses talents d’ébéniste, y vit un ou deux ans et puis s’en va. Dans le Gers, les Alpes, les Cévennes, en Normandie, dans le Jura. Gab n’a pas eu six femmes dans sa vie, mais six maisons. La dernière en date située dans les Pyrénées, il l’aime de tout son cœur, mais le temps est venu pour lui de la laisser. Pour que, comme à chaque fois, un homme ou une femme, un couple peut-être, s’y installent et l’aiment à leur tour. A plusieurs centaines de kilomètres de là, Magda en a marre d’être un robot. Elle en a assez de s’abîmer le dos et les yeux devant son ordinateur. Elle a envie d’habiter à la mer. Ou non, à la campagne. En fait, peu importe : c’est la maison qui la choisira.

 

L’auteur : Né en 1973, Mathias de Breyne est auteur et traducteur. Il a vécu plusieurs années aux États-Unis et en Argentine. Il a signé plusieurs ouvrages, documents, essais et texte plus personnels. La Maison est son premier roman.

 

Mon avis :

Merci aux éditions Belfond pour cette agréable découverte.

J’ai passé un très bon moment avec Gab, Magda et leur maison.

Un roman joyeux et décalé qui m’a fait sourire, réfléchir tout en titillant mon imaginaire. Pas mal déjà !

Une histoire d’amour, qui nait grâce à une maison, puisque Gabriel, qui se fait appeler Gab, ébéniste, adore retaper des maisons puis les revendre ensuite. Pourtant, lorsque Magda se présente pour acheter sa maison, les choses ne se passent pas comme d’habitude. Gab se sent attiré par la jeune femme et c’est réciproque. La maison les a attirés chacun, les réunit ensuite, je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur l’histoire pour vous laisser, comme moi le plaisir de la découvrir.

Sachez que vous trouverez dans ce texte : de l’amour, de l’humour, de l’amitié et de la tendresse ainsi qu’une réflexion sur nos choix de vie. Une chouette histoire avec des humains, une maison et une nature grandiose. L’écriture est vive et pétillante.

A déguster dans une belle maison ou un grand jardin.

 Merci aux éditions Belfond.

Notation :

Romain Slocombe : Route 40

Route 40
Route 40

Présentation éditeur : Quel est le point commun entre un shérif posté dans le désert de Mojave, une hippie qui sillonne les routes californiennes en stop, une musicienne suicidaire égarée dans une petite station des Alpes, et une vieille touriste à Paris désireuse de renouer avec son passé ? Le Japon, leur pays de naissance ou d’origine et inspiration éternelle de Romain Slocombe, qui ajoute à la liste de ses talents celui d’auteur incomparable de nouvelles.

 

L’auteur : Né à Paris en 1953, Romain Slocombe est l’auteur d’une vingtaine de romans, dont Monsieur le Commandant (« Les Affranchis », NiL, 2011), traduit en cinq langues, lauréat du trophée 813 et qui a figuré sur la liste du Goncourt, et Avis à mon exécuteur (Robert Laffont, 2014). Écrivain, photographe, cinéaste, peintre, illustrateur et traducteur, Romain Slocombe réconcilie depuis plus de trente-cinq ans le roman noir, l’avant-garde artistique et l’univers underground de la contre-culture américaine ou japonaise.

 

Mon avis :

Cinq nouvelles attachantes toutes en lien avec le Japon.

L’auteur nous fait voyager dans chacune de ses nouvelles : aux Etats-Unis et au Japon. Chaque nouvelle fait écho au Japon et à sa culture.

Des textes plutôt sombres, avec un réalisme qui peut même déranger, j’ai pourtant accroché à ces récits : bien racontés, avec une plume fluide et des héros cabossés.

Une puissante mélancolie se dégage de l’ensemble avec une envie d’aider ces désespérés, j’ai ressenti de l’empathie pour ces personnages fragiles et bousculés par la vie.

Ma nouvelle préférée est celle qui se nomme « Fantôme du passé », l’histoire d’un illustrateur qui reçoit un coup de fil d’une vieille dame qui a bien connu son père lorsqu’il vivait à Tokyo. Ce récit nous emmène à Tokyo, après la guerre, lorsque les japonais étaient privés de tout et avaient faim. Intéressant par son contexte historique et émouvant, une nouvelle qui reste gravée dans notre mémoire.

Une autre vision du Japon avec des histoires prenantes, je conseille aux amateurs de nouvelles, genre trop peu répandu.

 

Merci aux éditions Belfond.

Parution le 4 mai aux éditions Belfond.

Notation :