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Chronique de : On adorait les cowboys de Carol Bensimon

Résumé :

« Hello, tout va bien ? Ça fait tellement longtemps. » Lorsqu’elle reçoit cet e-mail de Julia, l’amie et confidente de son adolescence, Cora n’en croit pas ses yeux. Cela fait des années qu’elles ne se sont pas vues, ni parlé. Elle accepte pourtant avec joie l’étonnante proposition de Julia : exaucer une vieille promesse et faire un road-trip dans le Rio Grande do Sul, une région reculée du Brésil. N’est-ce pas là l’occasion idéale de ressusciter leur intimité d’autrefois ?

L’auteure :

Carol Bensimon est née à Porto Alegre en 1982. Elle a commencé à écrire très jeune dans des revues brésiliennes. Son premier livre, Po de Perede, un recueil de nouvelles, a été publié en 2009. On adorait les cowboys (2013) est son troisième livre et son deuxième roman. Elle appartient à la nouvelle génération d’écrivains brésiliens et son travail a été salué par la critique et couronné de nombreux prix et nominations.

Ma chronique :

Malheureusement, voici une histoire qui ne m’a pas touchée.

Le résumé et les critiques élogieuses m’ont poussée à la lire, je suis toujours curieuse de découvrir de nouveaux auteurs.

Clara emmène son amie d’enfance, Julia, dans des contrées éloignées de leurs domiciles. Les études et leur mode de vie les ont éloignées l’une de l’autre. Ce long voyage leur permettra t’il de renouer ? Je vous laisse le découvrir.

Rapidement, la temporalité de l’histoire m’a déroutée, j’avais un peu de mal à me situer. Ce qui m’a gênée davantage c’est de ne pas avoir d’empathie pour les personnages. J’avais l’impression d’être le témoin passif d’une épopée, de ne pas être dans le train mais de rester sur le quai, en-dehors du récit.

Je serai curieuse d’avoir les ressentis d’autres lecteurs.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette lecture.

Notation :

Françoise Bourdin : Au nom du père

Au nom du père
Au nom du père

Résumé :

Gabriel Larcher règne en maître sur sa famille, influençant profondément les destinées de ses deux fils et de sa fille. Si Dan et Valentine ont suivi les traces de cet ancien champion de Formule 1, Nicolas, jeune homme sensible et amoureux de la nature, a choisi d’être médecin dans leur petite ville de La Ferté-Saint-Aubin. Aujourd’hui, les trois enfants Larcher cachent leurs blessures. Dan et Valentine peuvent-ils trouver leur place dans un univers où seul leur père veut briller ? Et quel est donc le lourd secret d’Albane, leur mère, en apparence si douce et si parfaite ?

L’auteur :

Son univers romanesque prend racine dans les histoires de famille, les secrets et les passions qui les traversent. Elle aime à décrire des personnages courageux, qui affrontent la vie et ses tourments mais ne reculent jamais dans l’adversité. La vingtaine de romans publiés chez Belfond depuis 1994, dont trois ont été portés à l’écran, sont de cette veine, et rassemblent à chaque parution davantage de lecteurs. Mère de deux grandes filles, Françoise Bourdin vit aujourd’hui dans une grande maison en Normandie.

Mon avis :

Un roman régional et romantique qui ravira davantage les passionnés de Sologne et de chasse que les amateurs de littérature.

Dans cette histoire, le père est très présent, sans pour autant faire de l’ombre à sa fille Valentine, brillante pilote de rallye. Sa femme, Albane, d’apparence résignée et épouse modèle, nous surprendra tous.

Ces deux portraits de femme sont intéressants mais globalement l’histoire l’est beaucoup moins.

Des amours cachées souvent contrariées, un père acariâtre, une fratrie qui se déchire : des ingrédients classiques pour un roman facile et peu intéressant.

J’ai préféré « La promesse de l’océan » qui décrit bien la vie des pêcheurs avec une intrigue mieux tenue. J’avoue aussi préférer le monde de la pêche à celui des courses automobiles.

Vous l’aurez compris : une lecture dont je ne garderai pas un souvenir impérissable.

Merci à Babelio et aux éditions Belfond.

 

Notation :

Après minuit de Irmgard Keun

 

Un texte écrit en 1937 par un écrivain allemand et oublié ensuite.

D’abord intéressée par le texte et l’histoire, j’ai vite été déçue et le livre m’est même tombé des mains.

Pourquoi cette constatation lapidaire ? Mon commentaire devrait l’éclairer.

L’histoire : Suzon, l’héroïne raconte une succession d’anecdotes sur son quotidien dans cette Allemagne des années 30 déjà peuplée de SS. Les gens ordinaires qui l’entourent, adulent Hitler et suivent très attentivement toutes les recommandations données par le pouvoir. Est-il possible d’y échapper d’ailleurs ?

La violence monte dans l’indifférence générale

Suzon, orpheline à 16 ans, se retrouve chez sa tante à Cologne et fréquente Franz son cousin puis elle rejoint Algin son frère ainé. Celui-ci partage sa vie avec une femme aux mœurs légères; Suzon découvre alors une jeunesse privilégiée et liée aux artistes en vogue. En face de ces jeunes, des militaires qui appliquent les consignes du pouvoir hitlérien : attention donc à certains propos pouvant conduire ensuite à des dénonciations et interrogatoires. Suzon comprend alors les dangers qui l’entourent.

Ce qui impressionne dans cet ouvrage, c’est la description du climat qui régnait avant-guerre en Allemagne. Des gens ordinaires deviennent nazis très naturellement. Le peuple chante les hymnes, trinque à la santé du pouvoir dans une ambiance festive.

La lâcheté et méchanceté des uns au travers des dénonciations, fait aussi leur bonheur en leur assurant un bon avenir.

L’antisémitisme monte et certaines paroles deviennent des menaces pour ceux qui tentent de s’opposer à cette montée de violence.

Malgré ce climat si bien traduit, je n’ai pas adhéré à l’histoire qui est une succession d’anecdotes sur la vie quotidienne qui ont fini par m’ennuyer. Pas de rythme dans ce roman et une écriture un peu simple, décevante également.

Pour ces raisons, le livre m’est tombé des mains.

J’avais tant aimé, dans un registre proche, le livre «Inconnu à cette adresse» de Kressmann Taylor, qui est aussi une plongée dans la période d’avant-guerre et la montée du nazisme. L’émotion est tellement présente dans le livre de Kressman Taylor alors qu’elle est inexistante dans «Après minuit».

Je vous livre un extrait : « Oui, sans doute, ma vie ici est un enfer, dit Heini, grave et calme, mais que faire à l’étranger ? /…/ J’ai aimé les hommes ; pendant plus de dix ans je me suis usé les doigts à écrire, je me suis creusé la tête pour mettre en garde contre cette folie de barbarie que je sentais venir. Une souris qui siffle pour arrêter une avalanche ! L’avalanche est venue, a tout enseveli, la souris a fini de siffler (p.215).»

L’auteure, née à Berlin, fut contrainte à l’exil. Elle voyagea alors avec son amant, Joseph Roth, avant de revenir clandestinement en Allemagne en 1939, en faisant croire à son suicide pour vivre cachée sous une fausse identité à Cologne, puis fut oubliée.

Ce roman initialement publié en 1939 chez Stock vient de reparaître dans la collection « Vintage » chez Belfond.

Notation :

Mata Hari de Anne Bragance

Résumé :

Mata Hari, la fameuse danseuse-espionne, brisa bien des cœurs et fit couler beaucoup d’encre. Mais qui se cache vraiment derrière les voiles de cette Shéhérazade des nuits parisiennes que perdit sa passion pour les officiers en uniforme et à galons dorés ?

L’auteur :

Anne Bragance a grandi à Casablanca dans un milieu cosmopolite où se mélangeaient le français, l’espagnol, l’italien et l’arabe. Elle arrive en France, à Paris à l’âge de 16 ans, y apprend le français et se consacre à l’écriture. À vingt-huit ans elle écrit son premier roman : « Tous les désespoirs vous sont permis ».

Mon avis :

Un titre qui est une réédition, initialement publié en 1996 et épuisé.

Roman ou biographie : plus exactement une biographie romancée.

L’histoire de Mata Hari démarre dès son enfance. Née en Hollande, choyée par un père mythomane, elle est élevée dans un monde truffé de mensonges. Son père se dit baron et l’envoie dans une école prestigieuse pour que sa fille côtoie des jeunes filles riches et puisse faire un riche mariage.

La jeune fille, éblouie par le faste de la vie de ses compagnes cherche le beau parti qui la fera évoluer et sortir d’un milieu pauvre. Très séduisante, elle conquit un officier de la marine beaucoup plus âgé qu’elle. La suite : un mariage malheureux et le départ vers Java où elle découvrira les coutumes de ce pays.

Plus tard, la danse javanaise lui donnera l’idée de son personnage de Mata Hari.

sa capacité à rebondir lui permet de survivre mais à quel prix !

Mata Hari, femme très libre et provocatrice nous interroge sur la place de la femme en ce début de vingtième siècle. Son mari est violent, la considère mal et la prive de toute subside lorsqu’ils se séparent. Comment vivre quand on est une jeune femme seule sans fortune personnelle ?

Sa vie est un enchainement d’évènements plutôt tragiques : perte d’enfants et misère; sa force réside dans son caractère fort et ses capacités à rebondir.

Mata Hari a construit son personnage pour se libérer de la misère et profiter de ses charmes. Tout lui réussit à partir de là et la célébrité sera au rendez-vous.

On apprend beaucoup avec ce livre à la fois sur ce personnage mythique et sur ce début de vingtième siècle.

J’ai apprécié le déroulé du livre : la présentation de son enfance, ses aspirations et sa chute.

Cependant, l’écriture est plate et le lecteur n’est pas assez tenu en haleine. Cela vient peut être aussi du côté romancé, trop à mon goût qui finit par nuire à l’intérêt de l’histoire.

D’ailleurs peut-on appeler cet ouvrage une biographie ? N’est-ce pas plutôt un roman ?

Plutôt une déception globalement.

Un extrait d’une interview de l’auteur : « C’était un ouvrage de commande : l’éditeur avait demandé à quelques romancières de choisir une femme célèbre du passé et de relater sa vie… J’ai choisi Mata Hari dont je ne savais pas grand-chose à l’époque, sinon ce que tout le monde en connaissait. J’ai donc fait des recherches et découvert une femme complexe, trahie par sa mythomanie, sa frivolité et sa naïveté. Je suis persuadée aujourd’hui qu’elle n’a pas espionné pour l’Allemagne, crime pour lequel elle est passée en conseil de guerre et a été fusillée en octobre 1917 par les Français. Elle avait 41 ans ».

L’éditeur Belfond a réussi une couverture magnifique avec une photo de l’héroïne en noir et blanc qui illustre sa beauté et son mystère.

Je conseille cet ouvrage pour la découverte du personnage et la plongée dans cette période troublée avec un bémol pour les amateurs de littérature qui recherchent une belle plume.

Merci Chroniques de la rentrée littéraire et Belfond.

 

 

Notation :

Clandestines de Zoé Ferraris

Résumé :

Dans le désert, une tempête a mis au jour un terrifiant sanctuaire : dix-neuf cadavres de femmes asiatiques, nues, mains tranchées, ensevelies sous une dune depuis dix ans. Qui étaient-elles ? Pourquoi personne n’a jamais signalé leur disparition ? Et quel message dissimule l’étrange disposition de leurs corps ?

Mon avis :

Un faux polar ce livre mais un grand livre, le contexte policier est un prétexte à la description de la vue en Arabie Saoudite de nos jours. En tout cas, c’est comme ça que je le perçois et c’est ce qui m’a convaincue et intéressée. Pourquoi me direz-vous ?

Je me suis aperçue que je ne connaissais rien ou presque de ce pays. Ou bien juste un lointain souvenir livresque avec « Tintin au pays de l’or noir » : autant dire que je n’avais jamais lu avant d’histoire se déroulant dans ce pays.

Dès le départ, l’histoire de ces corps découverts dans le désert nous emmène dans un autre monde : celui d’un pays doté d’un pouvoir religieux ancré dans les traditions qui rejaillit sur le quotidien de tous et surtout sur celui des femmes.

Voici l’histoire ou plutôt quelques éléments uniquement, un polar se découvre à sa lecture. Les ingrédients du roman policiers sont tous là : des meurtres, des enquêteurs tenaces et intelligents, des pistes multiples, un vrai suspense.

Le tour de force réalisé ici est de mettre en avant une enquêtrice Katya particulièrement douée alors que dans ce pays les femmes ne jouent que des rôles subalternes.

Un autre personnage féminin est le spécialiste des tueurs en série du FBI : l’auteur s’est amusée à confronter une femme experte dans un monde régenté par la gent masculine. Les policiers sont mal à l’aise devant cette femme experte venue les aider.

Les autres personnages principaux comme Nayir le fiancé de Katya ou Ibahim responsable des recherches, aident Katya et la soutiennent dans une quête de la vérité souvent périlleuse.

Revenons à l’histoire, après la découverte des corps dans le désert, Ibrahim, enquêteur principal, s’interroge sur la signification de ces meurtres puisque près des corps des mains tranchées sont découvertes. Pourquoi ces femmes enterrées pour certaines depuis plus de 10 ans n’ont jamais été déclarées disparues ? Quel lien les unit ? Pourquoi cette mise en scène ?

Toutes les réponses à découvrir dans le roman qui se lit facilement, l’écriture est fluide, les situations s’enchainent et le suspense très prenant.

Remarquable par ces démonstrations des différences entre hommes et femmes mais aussi entre saoudiens et immigrés. Les immigrés travaillant à la place des saoudiennes qui sont très peu nombreuses à travailler.

Je ne connaissais pas cette auteure qui a déjà publié deux livres avant celui-ci.

Américaine, elle a épousé un saoudien et vécut quelque temps à Djeddah avec son mari et ses enfants. Elle vit actuellement à San Francisco.

Je vous conseille ce roman pour son intrigue et plus encore pour la découverte de l’Arabie Saoudite. Une belle découverte pour moi.

Je remercie Belfond, Abeline et les Chroniques de la rentrée littéraire.

Notation :