Mille regrets d’Elsa Triolet

Mille regrets d’Elsa Triolet

Mille regrets d'Elsa Triolet
Mille regrets d’Elsa Triolet

Résumé :

Le livre Mille regrets d’Elsa Triolet rassemble quatre courts textes, initialement publiés dans les années 40, dont les intrigues se déroulent pendant la Seconde Guerre mondiale. La première nouvelle, qui donne son nom au recueil, est l’histoire d’une femme réfugiée à Nice, qui croit l’homme qu’elle aime mort. Puisque cet amour est éteint, tout semble fini. Pourtant il y a la nécessité de survivre et les rencontres qui s’offrent à elle… La chute est tragique et saisissante. Henri Castellat dresse le portrait d’un homme dans la fleur de l’âge. Enfant gâté, écrivain à succès, beau visage, aimé des femmes, celui qui a tout pour lui se révèle sous la plume aiguisée d’Elsa Triolet un être répugnant et lâche en tout point.

L’auteur :

Issue de la bourgeoisie russe, Elsa Triolet, née Ella Kagan, apprend le français dès l’âge de six ans. En 1910, elle rencontre le poète Maïakovski qui l’initie à la poésie mais épousera sa sœur Lyli. Durant ses études d’architecture, elle fréquentera les milieux artistiques moscovites. Afin d’échapper aux dures conditions de vie de la toute jeune Union soviétique, elle quitte son pays natal pour la France en 1918, où elle épousera l’officier André Triolet, qu’elle quittera dès 1921. En 1928, elle rencontre Louis Aragon : l’une des histoires d’amour les plus fameuses du monde littéraire français commence alors. En 1945, son roman « Le Premier accroc coûte deux cents francs » lui vaudra le prix Goncourt.

Mon avis :

Merci aux éditions Denoël pour cette réédition.

Quatre nouvelles dans ce livre de la collection Empreinte avec une préface de Macha Méril, très intéressante sur le contexte de ces histoires. Instructif, son témoignage explique l’arrivée des artistes russes en France entre les deux guerres.

Dans la première nouvelle, l’héroïne, isolée à Nice, tente de survivre aux privations. Difficile dans ce contexte de guerre, son amant est mort, elle se retrouve isolée. La nouvelle nous entraîne dans une période sombre où la vie est compliquée, tout peut basculer. L’histoire est prenante, émouvante avec beaucoup de mélancolie. J’ai aimé l’ambiance, la restitution de cette époque et le style.

Dans la deuxième nouvelle, le protagoniste est un homme qui se protège et cherche, par tous les moyens, à ne pas souffrir des conséquences de la guerre. Pitoyable, lâche et calculateur, ce personnage nous donne un autre éclairage de cette période. J’ai suivi l’intrigue avec intérêt.

Dans le troisième texte, Charlotte et Margot, deux amies d’enfance, se retrouvent à la campagne. La vie s’écroule doucement alors que Jean-Claude, le mari de Margot travaille à la ville proche et rapporte chaque jour un peu de viande trouvée au marché noir. De belles descriptions de la campagne, une ambiance surannée bien décrite qui détonne avec cette période de guerre. La chute est inattendue.

Pour la dernière nouvelle, un autre contexte : un quartier de Paris et ses petits commerçants qui se connaissent, se fréquentent et vivent ensemble. La belle épicière Madame Louise a épousé un saltimbanque, souvent absent, elle tient la boutique seule. La solitude et les mauvaises rencontres vont bouleverser sa vie. Son destin m’a fait penser à celui de Gervaise, un sort bien triste.

Ce qui relie tous ces textes, ce sont les histoires d’amour plutôt malheureuses, dans cette France des années quarante, remplie de tristesse.

J’ai aimé le style très fluide, les histoires et la découverte d’une époque.

Je vous conseille de lire ce livre et de profiter de cette réédition, avec sa belle couverture.


Editions Denoël
Collection Empreinte
Parution : 19-02-2015

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