Des pages et des îles

Chronique de : Angélique Marquise des anges d’Anne Golon

Résumé :

À peine sortie du couvent, Angélique apprend que le baron de Sancé, son père, l’a promise au riche et inquiétant Joffrey de Peyrac, comte de Toulouse, un homme boiteux et balafré à la réputation sulfureuse. Pour sauver sa famille de la misère, la jeune fille n’a guère le choix. Mais comment vivre avec ce mari qui l’effraie ? Un palais somptueux, le caractère original de Joffrey, son goût pour les sciences et les arts suffiront-ils à la séduire ? L’indépendance du comte de Peyrac provoque le ressentiment de l’Église et du roi lui-même, vainqueur de la Fronde qui vient de ravager la France…

L’auteure :

Voici la version d’origine du roman qu’Anne Golon (Toulon, 1921-Versailles, 2017) fit paraître en 1957, premier tome d’une série qui en compte treize. Il rassemble tous les thèmes qui feront d’Angélique la plus grande fresque historique jamais écrite sur le Grand Siècle, plébiscitée par quelque 150 millions de lecteurs dans le monde.

Ma chronique :

J’ai pris du plaisir à relire ce roman dans cette édition d’origine, une édition augmentée, avec un hommage de sa fille qui éclaire le contexte de sa parution.

Cette édition du centenaire de la naissance d’Anne Golon est un beau livre avec un encart contenant des photos de l’auteure, sa famille et les couvertures des premières parutions de ses romans.

Le roman est d’abord paru en Allemagne puis seulement après en France, avec l’obligation de noter le prénom de son mari dans les auteurs. En ce début des années soixante, les écrivaines sont peu nombreuses et feraient moins vendre pensent certains.

L’histoire romancée raconte l’obscurantisme de l’époque, la toute puissance du roi et de l’église. Comment résister aux désirs du roi ?

Angélique n’est pas l’écervelée qu’on pourrait imaginer : éduquée et intelligente elle découvre l’alchimie et converse mathématiques avec son mari.

Les péripéties sont nombreuses, la petite et la grande histoire se côtoient au fil des pages. On ne s’ennuie pas avec Angélique et les pages se tournent rapidement.

Une belle histoire qui n’a pris une ride.

À découvrir aux éditions l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Pour une nuit d’amour d’Emile Zola

Résumé :

Chaque jour, Julien joue de la flûte pour la belle Thérèse de Marsanne qu’il aperçoit de sa fenêtre. Or la jeune fille ne le regarde pas et l’ignore malgré ses sérénades quotidiennes… jusqu’au soir où elle l’invite à la rejoindre dans sa chambre. Julien se précipite, mais est-il vraiment prêt à tout pour une nuit d’amour? 

Ma chronique :

Deux nouvelles glaçantes, d’un réalisme et d’une cruauté sans égale.

Dans la première nouvelle, Julien, ce garçon différent se fait piéger par Thérèse sa jeune voisine. La cruauté vient de celle-ci qui fait souffrir atrocement ses soupirants. Une version de « La belle et la bête » avec une « belle » très méchante.

La deuxième nouvelle « L’inondation » met en scène une nature déchaînée et cruelle. Les scènes des rivières qui grondent avec l’eau qui montent sont d’un réalisme effrayant. 

Dans ces deux nouvelles, les héros sont particulièrement émouvants. Attention une petite larme pourrait couler en fin de lecture.

Du grand Zola, percutant sur ces quelques pages composant ces deux nouvelles.

Paru chez Folio 

Chronique de : Marcher, une philosophie de Frédéric Gros

Présentation :

Si mettre un pied devant l’autre est un jeu d’enfant, la marche est bien plus que la répétition machinale d’un geste anodin : une expérience de la liberté, un apprentissage de la lenteur, un goût de la solitude et de la rêverie. Frédéric Gros, dans cette version entièrement nouvelle, revue, corrigée, augmentée, et agrémentée d’illustrations d’Alain Boyer, explore, en compagnie d’illustres penseurs en semelles, les mille et une façons de marcher.

L’auteur :

Ancien élève de l’École normale supérieure (Ulm), agrégé de philosophie, Frédéric Gros est professeur de pensée politique à Sciences Po Paris. Il est l’auteur notamment de États de violence (Gallimard, 2006), de Principe de Sécurité (Gallimard, 2012), et de Désobéir (Albin Michel, 2017).

Ma chronique :

Cheminer en compagnie de l’auteur, de Rimbaud, Rousseau ou Kant : un beau programme qui donne envie de chausser ses souliers et de partir à l’aventure. Je retiens aussi que la pratique de la marche était ancrée dans la vie de ces illustres penseurs, influençant leur œuvre.

J’ai aimé le découpage du livre, aux jolies illustrations, qui alterne les expériences et réflexions de l’auteur avec les vies de ces grandes figures.

J’ai appris à mieux les connaître et découvert comment la marche a impacté leurs vies et façonné leurs idées.

Je ne résiste pas au plaisir de vous partager quelques citations.

Pourquoi marcher ? « Redécouvrir en soi le premier homme », « On n’a besoin en marchant que du nécessaire ».

Pour Rousseau dans les « Confessions » qui regrette ses voyages à pied de sa jeunesse qui furent des moments heureux : « Je n’ai voyagé à pied que dans les beaux jours, et toujours avec délices … les devoirs, les affaires, … m’ont forcé de faire le Monsieur et de prendre les voitures… au lieu qu’auparavant dans mes voyages je ne sentais que le plaisir d’aller, je n’ai plus senti que le besoin d’arriver ».

Un essai à mettre dans toutes les mains et pourquoi pas au pied du sapin ce Noël.

Paru aux éditions Albin Michel.

Notation :

Chronique de : Dessine un sourire sur ton visage d’Isabelle Garcia-Chopin

Présentation :

Le jeune lecteur est invité à la plus belle des rencontres qui soit, la rencontre avec soi-même… Dans un monde sans cesse agité, les initier quelques minutes par jour à la méditation les aide à devenir des adultes apaisés et confiants en eux.

L’auteure :

Isabelle Garcia-Chopin a découvert la méditation d’une manière laïque il y a dix-sept ans. Auteur et photographe, elle a écrit un premier album jeunesse « Le maître des neiges » et publié de magnifiques portraits de jeunes moines d’Himalaya dans « Enfants moines ».

Ma chronique :

L’idée de l’auteure est de proposer un parcours méditatif pour initier en douceur petits et grands à la méditation : c’est réussi.

Grâce à une mise en page claire et colorée, accompagnée d’explications simples et accessibles aux enfants, le chemin vers l’autonomie des enfants est tracé.

Dès le début du texte, le « chemin mental » est présenté avec des animaux pour éclairer ce qui se passe dans notre esprit et comment parvenir à le dompter (l’illustration de la page 13 est plus claire que de nombreuses explications).

Les postures, les respirations, le pouvoir des visualisations et du sourire entraînent l’enfant à la méditation libre. En prime, cinq méditations guidées sur le livre et sur le CD pour aller un peu plus loin.

Ce livre grand format aux jolies illustrations est à conseiller aux méditants débutants et à tous ceux qui souhaiteraient accompagner leur enfant sur ce chemin méditatif.

Publié aux éditions Privat Jeunesse.

Chronique de : Le prince aux deux visages de Gilbert Sinoué

Résumé :

Paris, 1962. L’historien Paul Savarus et sa femme sortent enthousiastes de la projection de Lawrence d’Arabie, le film de David Lean. Ils sont bousculés par un spectateur qui paraît hors de lui. L’homme s’appelle Alan Carswell et ne décolère pas. Ce film ? Un conte hollywoodien, à mille lieues de la vérité. Car lui a connu Lawrence, à Oxford, lorsqu’il était étudiant en archéologie. Il sait la vérité sur ce « prince aux deux visages ». À la fois abasourdi et intrigué, Savarus décide de se lancer sur les traces de l’auteur des Sept piliers de la sagesse.

L’auteur :

Gilbert Sinoué est l’auteur de nombreux romans à succès, dont L’Égyptienne (Gallimard, 1993), Le Livre de saphir (Gallimard, 1996), L’Île du couchant (Gallimard, 2010), la trilogie Inch’allah (Flammarion, 2010-2016), Le Faucon (Gallimard, 2020), ou encore L’Envoyé de Dieu (Archipoche, 2021).

Ma chronique :

Ce récit d’une enquête sur la vraie personnalité de Lawrence d’Arabie m’a déçue.

Peut-être parce que je m’attendais à lire un roman d’aventures passionnant et plein de rebondissements.

Or ce roman décortique minutieusement la vie de T.E. Lawrence par le biais des recherches effectuées par un historien qui fouille le passé. Aidé de sa femme psychiatre, il retrouve des lettres de Lauwrence et rencontre d’anciens compagnons ou compagnes. Nous sommes au début des années soixante, les contemporains du héros sont encore en vie.

Si l’on cherche un livre relatant précisément la vie de Lawrence, ce roman peut être un bon choix mais si l’on cherche un roman d’aventures, comme moi, avec du rythme, je ne vous le conseille pas.

Je salue néanmoins les recherches menées par l’auteur pour rendre compte de la vie de cet homme peu ordinaire.

Paru aux éditions L’Archipel.

Notation :