Des pages et des îles

Chronique de : La gitane aux yeux bleus de Mamen Sánchez

Résumé :

À Madrid, Soleá et ses collègues du magazine littéraire Librarte viennent d’apprendre une terrible nouvelle : Atticus Craftsman, le fils d’un riche éditeur londonien, débarque d’Angleterre pour fermer leurs bureaux, jugés trop peu rentables. Heureusement, les cinq salariées de la petite revue échafaudent une stratégie. Quand l’inspecteur Manchego, quelques semaines plus tard, est informé de la disparition du jeune et bel héritier …

L’auteure :

Journaliste célèbre, auteure de romans, tous des best-seller en Espagne. « La gitane aux yeux bleus » est son premier livre traduit en français.

Ma chronique :

Ce roman est un vrai régal pétri d’humanité, de gaité et de loufoquerie. À ne rater sous aucun prétexte !

Même s’il est question d’enlèvement dans les premières pages, il ne s’agit pas d’un polar mais du récit des aventures d’un anglais parachuté en Espagne : le choc entre deux cultures bien différentes.

Le roman traite d’amitié, d’amour, d’entraide familiale sur un ton léger avec une grande dose d’humour. L’écriture est au diapason de l’intrigue : truculente et remplie de métaphores.

Une lecture très agréable que j’ai été un peu triste de quitter car je me suis bien amusée. J’étais bien en compagnie de Berta, la responsable du magazine espagnol « Librarte », de Manchego l’inspecteur farfelu, Maria et ses collègues, Soleà, Atticus et toute la famille de Soleà. Avec ce livre, le soleil sera forcément au rendez-vous.

Après cette lecture, on a envie de partir à Grenade, de danser le flamenco, d’écouter la guitare de Tico et d’avoir une grand-mère aussi délicieuse que Remedios.

Un livre qui fait du bien, réconcilie avec son prochain et donne le sourire.

Paru aux éditions Folio.

Chronique de : Un long, si long après-midi d’Inga Vesper

Résumé :

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre.

L’auteure :

Inga Vesper vit en Ecosse. Elle a longtemps travaillé comme aide-soignante, avant de se tourner vers le journalisme-reportage (en Syrie et en Tanzanie notamment). Un long, si long après-midi est son premier roman.

Ma chronique :

Ne vous fiez pas à la couverture lumineuse et gaie, la vie des habitants dans ces quartiers n’est pas toujours facile, surtout pour les femmes à la fin des années cinquante.

Une lecture marquante qui rappelle « La couleur des sentiments » avec du suspense en plus. Ce n’est pas non plus un polar même si une enquête est menée pour retrouver Joyce.

Derrière les belles maisons aux jardins impeccables, vivent des couples dont la femme a pour rôle d’élever les enfants et de gérer la maison alors que le mari travaille et ne rentre que le soir. Des bonnes, de couleur, payées une misère les aide pour le ménage. Le décor est planté ainsi dès le début puis le voile tombe rapidement et l’on comprend que Joyce n’est pas heureuse. Lorsqu’elle disparaît, toutes les pistes sont privilégiées par l’enquêteur.

Prisonnière d’une cage dorée, soumise à son mari et aux caprices des enfants, sous tranquillisants, voici le vrai visage de cette femme belle et toujours impeccablement habillée. Celle qui la connaît bien c’est Ruby, la femme de ménage, nous sommes amies dit-elle et elle me respecte.

Un roman féministe, une vision de la Californie sans les paillettes avec une écriture fluide, sensible pour décrire ses vies de femmes confrontées au sexisme et à la violence au sein de la famille.

J’ai aimé les deux personnages féminins, Joyce et Ruby, qui se battent pour tenter de vivre libres et plus autonomes. J’ai eu de l’empathie pour elles et pour leurs combats.

Un livre touchant à ne pas rater.

Paru aux éditions de la Martinière.

Notation :

Chronique de : Hanna et ses filles de M. Frediksson

Résumé :

Hanna, Johanna, Anna, ces trois femmes de la même famille ont vécu entre 1870 et aujourd’hui. De la petite paysanne violée à l’âge de douze ans à la femme émancipée, universitaire et journaliste, en passant par la femme au foyer modèle, que de chemin parcouru… En suivant ces trois générations, c’est à toutes les transformations de la société suédoise, de la misère à la prospérité, du monde rural aux grandes cités urbaines, que l’on assiste.

L’auteure :

Écrivain suédois de renommée mondiale, Marianne Fredriksson a publié quinze romans, dont la plupart sont des best-sellers. 

Ma chronique :

Un roman suédois publié en 1994 et réédité par Archipoche.

Je découvre cette auteure et l’histoire suédoise en suivant le destin de ces femmes de 1870 à nos jours. Ce sont trois générations de femmes poursuivies par le déterminisme de leur condition féminine.

L’ancêtre, Hanna, a vécu au dix-neuvième siècle et connu une existence difficile dès son plus jeune âge connaissant la faim et la maltraitance. Son enfance a été marquée par les deuils de ses proches. Employée à l’âge de douze ans comme bonne, elle sera abusée et traitée comme une esclave. Le mariage aidera à lui donner une meilleure condition avec une vie encore difficile. 

Ses filles et petites filles se pencheront sur son histoire et découvriront des similitudes entre certains événements de leur vies. Comment cela s’explique t’il ?

Nous suivons en parallèle l’évolution de la Suède, ses combats avec la Norvège, des pans d’histoire méconnus pour moi.

Le destin d’Hanna a fortement influencé les vies de Johanna et Anna. 

Un livre sensible et fort avec des héroïnes auxquelles on s’attache. Quelques figures d’hommes plus ou moins intéressantes et presque toujours dans l’ombre de leurs femmes.

À lire pour découvrir une auteure suédoise.

Paru aux éditions Archipoche chez l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Le festin de Margaret Kennedy

Résumé :

Cornouailles, 1947. Comme tous les étés, le révérend Seddon rend visite au père Bott. Hélas, son ami n’a pas de temps à lui accorder cette année, car il doit écrire une oraison funèbre : l’hôtel de Pendizack, manoir donnant sur une paisible crique, vient de disparaître sous l’éboulement de la falaise qui le surplombait. Et avec lui, sept résidents… Dans cette maison reconvertie en hôtel par ses propriétaires désargentés étaient réunis les plus hétéroclites des vacanciers …

L’auteure :

Margaret Kennedy (1896-1967) est née à Londres et a étudié l’histoire à l’université de Sommerville (Oxford), où elle a commencé d’écrire. En 1924, son deuxième roman, La Nymphe au cœur fidèle (Plon, 1927 ; réédité au Mercure de France sous le titre Tessa, 2006) s’est vendu dans le monde entier. Kennedy est l’auteure de quinze autres romans, parmi lesquels Le Festin (1950) et Pronto (Plon, 1954).

Ma chronique :

Encore une belle pépite sélectionnée par les Éditions de la Table Ronde. Un roman paru en 1950 et réédité en France.

Un roman « so British » qui m’a tenue en haleine tout du long : très agréable à lire avec sa touche sarcastique, parfois humoristique et ses personnages attachants.

Prenez une pension proche d’une falaise, des propriétaires désargentés, sept disparus, sept péchés capitaux et un compte à rebours de sept jours.

L’auteure joue avec nos nerfs dès le début de l’histoire lorsqu’on apprend qu’un morceau de falaise s’est écrasé sur une pension. Il est question d’enterrement et de survivants, à la toute fin seulement nous saurons tout. Mais on oublie le drame en suivant l’histoire racontée en sept chapitres, les sept jours avant l’effondrement.

Les résidents ont tous des failles, certaines s’apparentent aux sept péchés capitaux comme la paresse, l’avarice ou la luxure. Dans cette galerie de personnages, mes préférés sont les petites Cove, lumineuses et toujours généreuses malgré la méchanceté de leur mère. Le festin est aussi une peinture saisissante de ces années d’après-guerre avec leurs lots de privations.

Je vous encourage fortement à lire cet ouvrage pour l’histoire, le style et le plaisir de découvrir une auteure anglaise du siècle dernier.

Paru aux éditions de la Table Ronde

Notation :

Chronique de : L’odyssée de Clarence de Corinne Javelaud

Résumé :

À la mort de sa mère adoptive, Clarence Desprez revient s’installer en ce début des années 1960 dans la maison de son enfance, à Saint-Geniez-ô-Merle, cité perchée de Corrèze. Jeune ornithologue, il trouve là un endroit idéal pour se livrer à l’observation du milan royal, une espèce qu’il veut faire protéger. Clarence attribue d’abord la sourde inimitié que lui vouent les gens du pays à son hostilité déclarée envers la chasse mais découvre que, avant de l’abandonner et de disparaître, sa mère naturelle avait laissé dans la région un parfum de scandale…

L’auteure :

Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud s’est tournée vers l’écriture. Originaire du Limousin, elle est l’auteure d’une dizaine de romans qui ont connu un succès croissant. Elle est membre du jury du prix des romancières remis chaque année au Forum du livre de Saint-Louis en Alsace.

Ma chronique :

Ce roman d’atmosphère, fidèle au style de Corinne, m’a enthousiasmée.

Toujours très fouillé et documenté, nous suivons nos héros passionnés d’ornithologie pour l’un et d’hippisme pour l’autre.

Comme le montre la liste des ouvrages consultés dans la postface, l’auteure nous entraîne dans un monde très réaliste : la Corrèze et le Limousin, dans les années soixante, sur fond de protection des milans royaux pour Clarence le personnage principal. Il est bien difficile dans ces années de démontrer que la protection de ces grands oiseaux est indispensable pour la sauvegarde de la planète. Il rencontre davantage de passionnés de chasse que de protecteurs de la nature, les débats promettent d’être animés.

Philippa, quant à elle, est attirée par la carrière de jockey : difficile aussi pour une femme de convoiter un métier uniquement réservé aux hommes.

L’histoire se complique avec l’arrivée d’un autre personnage féminin et le souvenir de la mère de Clarence qu’il n’a pas connue.

La plume fluide rend la lecture très agréable. J’ai aimé l’ambiance, l’histoire, les héros attachants, décrits avec une grande sensibilité et l’immersion réussie dans ces années soixante.

Et pourquoi pas une adaptation cinématographique de ce livre ?

Un bon moment de lecture que je vous conseille.

Un roman paru aux éditions Calmann Lévy.