Des pages et des îles

Yannick GRANNEC : La déesse des petites victoires

Coup de Coeur !!

Pour l’instant mon gros coup de coeur de cette rentrée littéraire et c’est le premier roman de Yannick Grannec.

Livre qui se dévore grâce à sa construction narrative et aussi l’inventivité mise au service de l’intrigue.

J’ai été happée par l’histoire qui combine si intelligemment l’Histoire (la vraie) et du romanesque.

Deux héroïnes Adèle et Anna vivant chacune une histoire d’amour compliquée et qui se ressemble.

Adèle est l’épouse de Kurt Gödel mathématicien qui a vécu au 20ème siècle (1906-1978). Ces deux là sont tellement différents : Adèle ex danseuse dans un cabaret et Kurt mathématicien génial austère et paranoïaque.

Adèle va l’aimer jusqu’au dévouement total et vivre avec lui les années 30 en Autriche, la montée du nazisme, l’exil aux États-Unis et le maccartisme qui n’épargnera pas les Gödel.

Albert Einstein est un de leurs proches aux Etats-Unis et les anecdotes le concernant nous plongent aussi au coeur de cette période.

Anna, l’autre héroïne, jeune femme dans les années 80, tente d’amadouer la veuve Gödel qui va se livrer petit à petit; des liens vont se nouer entre ces femmes de 2 générations éloignées.

Je n’en dis pas plus pour laisser aux autres lecteurs le plaisir de ce roman.

Très efficace grâce au grand talent de conteuse de Yannick Grannec, à découvrir absolument.

Notation :

Julie OTSUKA : Certaines n’avaient jamais vu la mer

 

Un de mes coups de coeur de cette rentrée littéraire.

C’est un livre profond, puissant, poétique aussi.

Ce qui étonne, c’est sa construction narrative avec l’emploi du « nous », c’est l’histoire de toutes ces femmes en même temps et montre une solidarité entre elles.

Ce que nous raconte cette petite fille d’émigrés japonais c’est le destin de jeunes filles japonaises qui ont quitté leur île pour les Etats-Unis dans les années 20.

Leurs parents les ont vendues à des maris qui vivent aux Etats-Unis et se décrivent beaux, gentils et riches.

Chaque jeune fille a la photo de son promis en médaillon.

Quelle déception en arrivant !

Le mari n’est plus si jeune ni riche, les jeunes filles sont obligées de travailler dur dans des exploitations agricoles ou comme « bonnes » ou même deviennent prostituées.

Le racisme des américains de souche est très présent aussi jusqu’à éclater pendant la guerre, les immigrés japonais sont alors vus comme des ennemis.

L’émotion nous étreint de plus en plus au fur et à mesure de la lecture de ce court roman.

Emouvant, à lire …

Spéciale dédicace pour Mathilde qui m’a permis de découvrir ce livre

 

Notation :

Rona JAFFE : Rien n’est trop beau

“Lorsqu’il fut publié en 1958 Rien n’est trop beau provoqua l’engouement de millions de lectrices américaines.”

Emouvant, attachant et sensible : en résumé les premiers mots qui me viennent.

C ‘est aussi un livre très instructif qui est un écho à la société des années 50 à New-York.

Les héroïnes, Caroline, April, Barbara et les autres sont très différentes et pourtant toutes reliées par les mêmes envies et passions : aimer, réussir, fonder une famille et être heureuse.

Ces toutes jeunes filles, tout juste sorties de l’enfance, se retrouvent plongées dans l’univers impitoyable du boulot, dans une société machiste qui leur fait difficilement une place.

Ce livre décrit leurs quêtes : reconnaissance professionnelle, mariage et bonheur. Elles sont souvent ambitieuses, courageuses et tentent à tout prix d’atteindre le but qu’elles se sont fixées et ce n’est pas facile.

Ces jeunes femmes nous ressemblent aussi, ce livre a traversé les époques et nous touche aujourd’hui encore.

Touchée par ces portraits de femmes heureuses ou tristes mais aussi battantes, blessées ou trahies, j’ai été complètement immergée dans cette époque du New-York des années 50.

Je vous le recommande.

Notation :

Laura KASISCHKE : Les revenants

Un véritable bijou ce livre : à la fois une grande découverte littéraire et une profonde émotion tout au long du livre.

Ce livre m’a réellement « hantée » de bout en bout, je l’ai lu très vite avec une grande délectation.

L’écriture est fluide , les personnages profonds.

Difficile de qualifier ce livre : mélange de fantastique, policier et roman.

C’est aussi la combinaison des genres qui lui donne son sel.

L’auteure nous plonge dans la réalité quotidienne d’un campus américain avec un sens de l’observation aigu.

Les évènements décrits sont intrigants, dérangeants et souvent terrifiants : les étudiants soumis au bizutage de sectes aux rites macabres vivent dans un monde très menaçant.

Ce qui nous étonne aussi c’est la plongée vers l’enfer du mensonge, des meurtres avec une désinvolture apparente des étudiants vraiment terrifiante; à tel point qu’on se dit, y a-t-il un fonds de vérité dans cette histoire ?

Laura Kasischke a un talent de conteuse immense avec une poésie qui percute l’horreur de certaines situations : c’est à la fois envoutant, troublant et terrifiant.

Pour ma part, j’en redemande : je vais me précipiter sur la lecture du reste de son oeuvre.

Un excellent moment de lecture.

Notation :

Amy CHUA : L’hymne de bataille de la mère tigre

 Quel choc, époustouflant et édifiant !

L’éducation des enfants à la méthode chinoise : ce livre nous apporte des clés pour comprendre la culture chinoise et notamment le culte de l’excellence poussé à l’extrême.

Ce livre est aussi déstabilisant lorsque l’auteur nous raconte ses méthodes pour obliger sa cadette à apprendre le piano : la scène où elle oblige Lulu à prendre sa première leçon de piano à 3 ans; la petite refusant d’obéir à sa mère, celle-ci la chasse et l’envoie dehors en pull alors que le temps est glacial; à ce moment là, je me suis dit « non, elle ne va pas faire ça ! »; finalement, devant l’obstination de sa fille, c’est la mère qui cède craignant de voir sa fille tomber malade.

En tant que parent, cette scène est difficile et là j’ai mesuré le poids de la culture sur l’éducation des enfants.

Pour Amy Chua, pas question de suivre le modèle occidental d’éducation des enfants trop permissif, individualiste et voué à l’échec. Cette mère préfère le modèle de ses parents en éduquant ses enfants à la chinoise.

Bien sûr, une rupture aura lieu car sa cadette plus difficile que son ainée va se rebeller et refuser l’omniprésence de sa mère.

Même si après ce choc la mère « tigre » lâche en partie son emprise, elle continue de suivre de très près sa fille et apprend toutes les règles du tennis par exemple pour continuer à conseiller sa fille.

En tant que parent, ce livre interpelle et même si je vais pas modifier mon modèle éducatif, cela donne à réfléchir.

J’ai beaucoup parlé de ce livre autour de moi et notamment à mon fils.

En résumé, un document intéressant, enrichissant et à offrir aux jeunes parents !

Notation :