Des pages et des îles

Mississipi d’Hillary Jordan

 mississipi_Un amour interdit, une terrible trahison, une agression d’une sauvagerie inouïe dans le Mississippi des années 1940. Dans la lignée d’un Faulkner, un roman d’une puissance étonnante qui nous plonge dans la brutalité et les contradictions du Vieux Sud. Lorsqu’elle découvre la ferme que son mari, Henry, vient d’acquérir, Laura McAllan comprend qu’elle n’y sera jamais heureuse. Pourtant, en épouse et mère dévouée, elle s’efforce d’élever leurs deux fillettes, sous l’oeil haineux de son beau-père, membre du Ku Klux Klan. Alors que les McAllan luttent pour tirer profit d’une terre peu fertile, deux soldats rentrent du front : Jamie, le jeune frère d’Henry, aussi séduisant et sensible que son aîné est taciturne et renfermé. Et soudain, Laura se sent renaître… Ronsel Jackson, le fils des métayers, un descendant d’esclaves qui, pendant quatre ans, s’est permis de croire qu’il était un homme. Mais le Sud va se charger de lui rappeler qu’il n’est qu’un nègre…

 

C est un premier roman qui se dévore.
Nous sommes plongés dans l’Amérique des années 40 avec des personnages puissants, rudes et émouvants
D’un côté les blancs propriétaires de la ferme et de l’autre les noirs métayers au service des blancs. Laura l’épouse du propriétaire est parachutée dans cet endroit isolé du Mississipi et alors sa vie bascule. À Memphis, Laura vivait en ville et dans une maison confortable alors que dans cette ferme, elle est isolée et surtout n’a aucune commodité à l’intérieur – pas d’eau courante et pas de toilettes – la vie est bien rude dans cet endroit isolé.
Les différents personnages s’expriment tour à tour et nous dépeignent leur vie : Florence la femme noire, sage-femme et bonne à tout faire de Laura, Henry le mari de Laura, Hap le métayer, Ronsel le fils aîné des métayers et enfin Jamie le jeune frère de Henry juste revenu de la guerre.
Ce roman choral raconte la dureté de la vie dans le Mississipi en 40, le racisme et aussi les ravages de la deuxième guerre mondiale.
Une fois entamé j’ai eu du mal à lâcher ce livre à la fois bouleversant et plein de suspense, je vous le recommande.

Hillary Jordan vient de publier son deuxième roman « Ecarlate », un pamphlet contre les dérives sectaires d’une société américaine puritaine et intolérante.

Notation :

Une odeur de gingembre d’Oswald Wynd

odeurdegingembreEn 1903, Mary Mackenzie embarque pour la Chine où elle doit épouser Richard Collinsgsworth, l’attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Fascinée par la vie de Pékin au lendemain de la Révolte des Boxers, Mary affiche une curiosité d’esprit rapidement désapprouvée par la communauté des Européens. Une liaison avec un officier japonais dont elle attend un enfant la mettra définitivement au ban de la société. Rejetée par son mari, Mary fuira au Japon dans des conditions dramatiques. À travers son journal intime, entrecoupé des lettres qu’elle adresse à sa mère restée au pays ou à sa meilleure amie, l’on découvre le passionnant récit de sa survie dans une culture totalement étrangère, à laquelle elle réussira à s’intégrer grâce à son courage et à son intelligence. Par la richesse psychologique de son héroïne, l’originalité profonde de son intrigue, sa facture moderne et très maîtrisée, Une odeur de gingembre est un roman hors norme.

Délicieusement rétro, ce roman nous transporte en Extrême Orient entre 1903 et 1942.

Oswald Wynd est un auteur écossais né en 1913 (mort en 1998) qui écrit ce roman en 1977. Son seul roman puisque ses autres écrits sont des romans policiers écrits sous un pseudonyme.

C’est un mélange de journal intime et de roman épistolaire qui nous raconte la vie de Mary Mackenzie, jeune écossaise de 20 ans qui en 1903 prend un bateau qui la conduit vers son fiancé Richard militaire écossais installé en Chine.

La première partie nous relate son épopée maritime puis son installation à Pékin dans une époque troublée puisque la révolte des Boxers vient de se terminer. Ce qui émeut surtout, c’est la vie de cette jeune femme mal préparée au mariage et qui découvre le monde et la vie dans un monde masculin et anglican.

La vie est ardue pour une femme en ce début du 20ème siècle. Mary est confinée dans le quartier des Légations et son mariage l’étouffe, Richard peu présent est un archétype du modèle masculin de l’époque, cantonnant sa jeune épouse à un rôle de représentation lors des dîners qui lui serviront à asseoir sa position. Quelle tristesse de voir Mary s’étioler.

Mais sa vie va basculer lorsqu’elle rencontre l’amour : un officier japonais la fait chavirer. L’épopée ne s’arrêtera pas là et Mary va devenir nippophile et traverser beaucoup d’aventures au Japon.

Dans ce roman, ce qui est passionnant ce sont aussi les descriptions des cultures chinoises et japonaises face à des européens si différents. Mary bien qu’étrangère, parvient à se mélanger en apprenant la langue et les coutumes.

Ecrit avec sensibilité et finesse, le destin de Mary est un beau voyage dans le temps et en Orient qu’on suit avec délectation, je vous invite à vous y plonger …

Notation :

Je vais mieux de David Foenkinos

Je vais mieux
Un jour, je me suis réveillé avec une inexplicable douleur dans le dos.
Je pensais que cela passerait, mais non.
J’ai tout essayé…
J’ai été tour à tour inquiet, désespéré, tenté par le paranormal.
Ma vie a commencé à partir dans tous les sens.
J’ai eu des problèmes au travail, dans mon couple, avec mes parents, avec mes enfants.
Je ne savais plus que faire pour aller mieux…

Et puis, j’ai fini par comprendre.

Je vais mieux ou comment mon destin change suite à un violent mal au dos.

Le mal au dos ou mal du siècle est le miroir de nos états d’âme selon l’éclairage du nouveau livre de David Foenkinos.

Son personnage principal est attachant et nous ressemble forcément un peu.

Son état ? Plein le dos de tout : son fils est loin et lui manque, un collègue psychopathe le harcèle, sa femme s’éloigne de lui et sa fille est partie vivre avec son amoureux.

Et ses parents ? Là aussi c’est compliqué surtout vis-à-vis de son père qui le rabaisse tout le temps et l’opprime.

Et ses amis ? Cela se complique aussi lorsqu’il va vivre chez eux.

Quelle est sa place dans sa vie ? Une enquête sur son passé va l’aider à s’analyser.

Finalement que lui reste-t-il ? Son mal au dos qui est une sorte de baromètre dans ce monde qu’il cherche à comprendre.

Heureusement, notre héros va prendre sa vie en mains et petit à petit la douleur disparaitra en même temps que sa vie s’éclaircira.

Une belle leçon de vie, de l’humour et toujours cette belle écriture pour un livre à la fois cocasse et sensible.

Pour moi, c’est le meilleur livre de David Foenkinos donc à découvrir absolument.

 

 

Notation :

Marcus de Pierre Chazal

Un texte profondément humain qui nous touche et nous hante aussi après l’avoir terminé.

Marcus est un premier roman qui traite de l’enfance et notamment de la place du père.

Marcus notre héros est un petit garçon qui n’est pas né sous une bonne étoile : sa mère est toxicomane et se suicide alors que son fils n’a pas dix ans.

Avant de partir, elle demande à Pierrot, son ami d’enfance, de s’occuper du petit après sa disparition.

Pierrot, épaulé par ses amis, accepte cette mission.

Ce maraicher trentenaire qui vivait seul organise dorénavant sa vie autour de celle de Marcus : son travail doit les faire vivre tous les deux. Petit à petit, Marcus se déride et se sent de mieux en mieux dans sa nouvelle vie grâce à l’amour de Pierrot.

Puis, coup de théâtre, un événement dramatique va venir bouleverser ce nouvel équilibre.

La vie de Pierrot bascule et à partir de là, il prend conscience de la place du père dans sa vie. Se confondent alors son nouveau rôle de père et sa position vis-à vis de son propre père.

Une écriture simple qui se lit avec plaisir et beaucoup d’émotions tels sont les principaux ingrédients de ce roman qui ne peut pas nous laisser indifférents.

A découvrir.

Merci Mariam pour ton conseil.

Notation :

La tête en friche de Marie-Sabine Roger

Un livre adapté au cinéma par Jean Becker, une fois ma lecture terminée, j’ai très envie de voir le film …
D’abord une belle histoire d’amitié et aussi un bel hommage à la littérature .

J’ai été très sensible à la transformation de cet illettré ou inculte comme il le dit lui même , transformation due à la rencontre avec une vieille dame.

Il faut dire que la vie de Germain est triste : une enfance difficile avec un père absent et une mère dure qui ne l’aime pas.
Comment grandir sans amour ? Très difficile …
D’ailleurs Germain en conserve des séquelles :  rejet de l’école, absentéisme et au final, il sait à peine lire.

Sa vie se résume à 46 ans à des petits boulots, des copains et une copine.
Quand il rencontre Marguerite sa vie change : elle va lui donner envie de construire une vie. Il commence par se poser des questions et réfléchit au sens de sa vie actuelle et découvre le plaisir de la lecture.
Ce roman, hymne à la lecture, développe par petites touches subtiles le thème du sens de la vie.
Beaucoup de tendresse dans cette histoire, de l’humour aussi : une vraie réussite
À déguster sans tarder !

Notation :