Des pages et des îles

La femme aimée d’Andrei Makine

la_femme_aimeeQuatrième de couverture
Défendre cette femme… Effacer les clichés qui la défigurent. Briser le masque que le mépris a scellé sur son visage.
Aimer cette femme dont tant d’hommes n’ont su que convoiter le corps et envier le pouvoir. C’est cette passion qui anime le cinéaste russe Oleg Erdmann, désireux de sonder le mystère de la Grande Catherine. Qui était-elle ? Une cruelle Messaline russo-allemande aux penchants nymphomanes ? Une tsarine clamant son «âme républicaine» ? La séductrice des philosophes, familière de Voltaire et Diderot, Cagliostro et Casanova ? Derrière ce portrait, Erdmann découvre le drame intime de Catherine – depuis son premier amour brisé par les intérêts dynastiques jusqu’au voyage secret qui devait la mener au-delà de la comédie atroce de l’Histoire. L’art de ce grand roman transcende la biographie. L’effervescence du XVIIIe siècle européen se trouve confrontée à la violente vitalité de la Russie moderne. La quête d’Erdmann révèle ainsi la véritable liberté d’être et d’aimer.

 

Mon avis :

Ce livre est une plongée dans la Russie ou plutôt dans deux Russie : celle de Catherine II et celle de la Russie contemporaine.

La femme aimée est Catherine II de Russie, despote éclairée et amie des philosophes. Son règne est encadré par deux meurtres : celui de son mari et celui de son fils. Quelle image garde-t-on de cette souveraine ? Une « Messaline » ? Peut-être aussi une des premières féministes ? 

Celui qui se pose toutes ces questions, Oleg le cinéaste, tente de réaliser un film sur la souveraine avec ce dilemme : comment réunir tous ces paradoxes en 1h40 de film ?

La femme aimée, Catherine, malgré ses nombreux amants ne trouve l’homme de sa vie qu’à cinquante ans.

Ce roman est la superposition de deux histoires : celle de Catherine et celle d’Oleg le cinéaste russe d’origine allemande comme son héroïne Catherine.

L’originalité du récit tient dans la construction qui alterne entre l’histoire de Catherine et celle d’Oleg, confronté à la Russie communiste puis à la Russie contemporaine corrompue par l’argent.

À mi chemin entre la biographie et le récit, ce texte est agréable à lire malgré quelques longueurs et répétitions. Un auteur que je ne connaissais pas, je vais lire « le testament français » couronné par plusieurs prix.

 

Bibliographie de l’auteur

Andreï Makine, né en Sibérie, a publié plusieurs romans, parmi lesquels « Le Testament français » (prix Goncourt et prix Médicis en 1995), « La Musique d’une vie « (prix RTL-Lire), «  L’Amour humain » et « La Vie d’un homme inconnu ». Il est aussi l’auteur d’une pièce de théâtre : « Le Monde selon Gabriel ».

 

Profanes de Jeanne Benameur

profanes

Quatrième de couverture
Ancien chirurgien du cœur, il y a longtemps qu’Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu’il n’ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une “équipe”. Comme autour d’une table d’opération – mais cette fois-ci, c’est sa propre peau qu’il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre “accompagnateurs” choisis avec soin. Chacun est porteur d’un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho.
Dans le geste ambitieux d’ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d’invisibles liens autour d’indicibles pertes acquiert, dans l’être ensemble, l’élan qu’il faut pour continuer. Et dans le frottement de sa vie à d’autres vies, l’ex-docteur Lassalle va trouver un chemin.

Mon avis :

Ce roman est un bijou.
C’est bouleversant tant la forme que le fond : ce roman ne peut nous laisser indifférent, tant d’émotions le traverse.

C’est l’histoire de rencontres entre un chirurgien et quatre personnages qui ne se connaissent pas et vont tous partager la vie du chirurgien.

Octave Lassalle est très âgé et souffre toujours de la disparition prématurée de sa fille unique morte à 20 ans. Comment se reconstruire après une telle perte ? Sa femme l’a quitté et les regrets l’assaillent. Pour conjurer cet état, il passe une petite annonce et demande à quatre personnes de veiller sur lui nuit et jour. Que cherche-il ? Du réconfort uniquement ? Sa démarche est plus compliquée et chaque personnage remplira une fonction particulière mais je n’en dirai pas plus.

Quel bonheur ce livre : à la fois une leçon de vie et un plaisir de lecture intense grâce à l’écriture magnifique et très poétique de l’auteur qui vient d’être couronnée du prix RTL 2013.
À découvrir sans tarder.

Extrait

Ils sont là, derrière la porte. Il ne faut pas que je rate mon entrée.
Maintenant que je les ai trouvés, tous les quatre, que je les ai rassemblés, il va falloir que je les réunisse. Réunir, ce n’est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C’est plus subtil. Il faut qu’entre eux se tisse quelque chose de fort.
Autour de moi, mais en dehors de moi. Moi qui n’ai jamais eu le don de réunir qui que ce soit, ni famille ni amis. A peine mon équipe à la clinique, parce qu’ils y mettaient du leur. Je leur en savais gré. Ce n’est pas la même affaire dans une clinique, les choses se font parce que sinon c’est la vie qui part. Ce n’est pas autour de moi qu’ils étaient réunis, c’était contre la mort. Et ça, c’est fort. Là, j’ai su tenir ma place.

Notation :

L’herbe des nuits de Patrick Modiano

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Mêlé de près à une affaire criminelle dans l’atmosphère trouble du Paris de la guerre d’Algérie, Jean rouvre une enquête classée sans suite et tente de mettre au clair les circonstances qui l’ont conduit à fréquenter la bande de l’Unic Hôtel et une certaine Dannie dont il était amoureux. En recoupant ses souvenirs avec les pièces d’un dossier de la brigade des moeurs, Jean, vraisemblablement le dernier témoin de cette affaire, explore au fil de ses déambulations nocturnes cet espace entrouvert où la mémoire rejoint l’oubli.

Extrait :« Mais je gardais mon sang-froid. Je m’étais souvent trouvé dans ce genre de situation, fuyant les gens que je connaissais, car j’éprouvais une fatigue soudaine à leur parler. Je changeais de trottoir à leur approche ou bien je me réfugiais dans l’entrée d’un immeuble en attendant leur passage. Il m’était même arrivé d’enjamber une fenêtre de rez-de-chaussée pour échapper à quelqu’un qui me rendait visite à l’improviste. Je connaissais beaucoup d’immeubles à double issue, dont une liste figure dans mon carnet noir ».

Un roman envoutant, avec des passages lugubres voire glauques et cette ambiance des sixties chère à l’auteur.

Le héros est écrivain et déambule dans les rues de Paris et se souvient de sa vie d’étudiant en compagnie de Dannie jeune femme mystérieuse. A la fois récit et en partie polar, nous suivons l’héroïne confrontée à des évènements suspects : qui est cette femme ? Qui sont les hommes qu’elle retrouve le soir dans l’hôtel où elle loge ? Un commissaire convoque d’ailleurs notre héros pour lui poser des questions sur tous ces personnages. La quête de Jean nous entraine dans un Paris des années 60 si différent d’aujourd’hui avec des descriptions de façade, de cafés.

C’est comme dans un film, je suis happée par l’écriture de Modiano qui me transporte et m’emporte à la fois dans ces années lointaines mais aussi me permet de partager la vie de ces héros. Une écriture élégante et envoutante qui nous livre une réflexion sur les conséquences des recherches sur son passé : attention aux fantômes qui surgissent.

Venez partager aussi la vie de Jean, Danny et les autres : vous ne serez pas déçu !

Plein de nostalgie et quelle écriture : à lire.

Notation :

L’homme joie de Christian Bobin

bobin

J’ai rêvé d’un livre qu’on ouvrirait comme on pousse la grille d’un jardin abandonné.

Extraits: « Si mes phrases sourient, c’est parce qu’elles sortent du noir ».

«Je regarde le bleu du ciel. Il n’y a pas de porte. Ou bien elle est ouverte depuis toujours. Dans ce bleu, j’entends parfois un rire».

Christian Bobin, né le 24 avril 1951 au Creusot en Saône-et-Loire où il demeure, est un écrivain et poète français.

Ce livre est déroutant : à la fois lumineux, beau et fort mais aussi ennuyeux passé la moitié.

C’est un long poème dédié à la beauté de la vie, à sa femme disparue, à son père mais aussi notamment au peintre Soulages.

Composé de quinze récits, Christian Bobin nous raconte la simplicité de la vie et les beautés qui nous entourent comme les fleurs, les animaux, les peintures.

Mon sentiment : sur les premiers textes, j’étais emballée et transportée par la poésie du texte puis je me suis ennuyée et surtout j’ai moins apprécié les références au Christ.

Donc avis mitigé mais je lirai d’autres textes de cet auteur pour profiter de ses mots touchants de simplicité.

 

Notation :

La fille sur le coffre à bagages de John O’Hara

lafillesurlecoffreÀ New York, pendant la Prohibition, James Malloy, attaché de presse pour une société de production cinématographique, accompagne Charlotte Sears, actrice sur le déclin et maîtresse d’un riche homme d’affaires lié à la pègre. Au retour d’une réception, la star et son amant ont un accident de voiture… Ami d’Hemingway et de Fitzgerald, John O’Hara, qui fut surnommé par la critique « le Balzac américain », excelle dans le portrait désenchanté d’une société où l’on promène ses chagrins en limousine et en vison, en buvant du champagne…

 

Écrivain américain, John O’Hara (1905-1970) a quitté très tôt l’école et a exercé des métiers aussi divers que secrétaire, mécanicien, gardien de parc ou reporter… Auteur de romans, de scénarios et de nombreuses nouvelles, il a notamment écrit des feuilletons pour The New Yorker. Une de ses œuvres majeures est Rendez-vous à Samarra (1934). Sa vie mouvementée l’empêcha d’accéder à la reconnaissance critique qu’il méritait.

 

Futile, et décevant, je n’ai pas terminé ce livre.

L’histoire trop simple manque d’épaisseur, pas d’accroche non plus. C’est une succession de dialogue entre une comédienne et un journaliste.

Pas d’intrigue et je me suis ennuyée donc je ne vous le conseille pas.

J’ai préféré le roman «Rien n’est trop beau » de Rona Jaffe qui dépeint si bien la société américaine des années 50 (voir le commentaire publié sur ce site).

Vivement le prochain livre pour retrouver mon enthousiasme habituel.

Notation :