Des pages et des îles

Je m’en vais de Jean Echenoz

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Une découverte cet auteur : merci Katia

Un grand plaisir de lecture mais d’abord le résumé.

Quatrième de couverture

« Je m’en vais », ce sont les premiers mots prononcés par le héros du roman d’Echenoz, qui vient de décider de quitter sa femme. Ce sont également les derniers mots du livre, émis par ce même héros lorsque, après une année d’errance et d’aventure, le cœur brisé, il revient hanter ce qui fut le domicile conjugal. La boucle est bouclée, la révolution est terminée, la parenthèse se ferme, le héros a simplement un peu vieilli. Il a connu des aventures qu’on dirait palpitantes à cause des dérèglements de son muscle cardiaque, il est allé jusqu’au pôle Nord pour récupérer un trésor d’ancien art esquimau, il a été volé et voleur, escroc et escroqué, séducteur et séduit, il a vécu. Il ne lui en reste qu’un vague malaise et un essoufflement

« Je m’en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout, mais je pars », ce sont les premiers mots du roman.

Notre héros, Ferrer, quitte sa femme et son morne quotidien et file quelques mois plus tard pour l’Arctique. Par la suite, les évènements s’enchainent autour d’un trésor provenant du Nechilik bateau échoué en Arctique depuis quarante ans. Un chassé-croisé se met en place entre un mystérieux Baumgartner et lui qui vont tous les deux chercher à récupérer cette cargaison d’objets d’or.

Le récit est déroutant parfois mais finement construit car les personnages se croisent et le puzzle finira par se finaliser.

C’est une sorte de polar mêlé à un récit d’aventure, original donc.

Les personnages décrits par petites touches se dévoilent au fur et à mesure du récit.

C’est un roman intéressant par sa structure, son contenu mais aussi pour l’écriture magnifique.

A lire et à déguster : pour ma part, une lecture à compléter par d’autres textes de cet auteur, je vais certainement lire « 14 » son dernier et quatorzième roman.

 

Bibliographie de l’auteur

Jean Echenoz est né à Orange (Vaucluse) en 1947. Prix Médicis 1983 pour Cherokee. Prix Goncourt 1999 pour Je m’en vais. Il a aussi publié Courir, Des éclairs, Ravel.

Notation :

Ecoute la pluie de Michèle Lesbre

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Quatrième de couverture

Écoute la pluie. «Puis le ronflement sourd de la rame qui s’approchait à grande vitesse a provoqué un frémissement parmi les rares voyageurs. Le vieil homme s’est tourné vers moi avec toujours ce sourire limpide, j’ai cru qu’il allait me demander quelque chose, mais il a sauté sur les rails comme un enfant qui enjambe un buisson, avec la même légèreté.» Avant que le vieil homme ne se jette sur la voie en lui adressant son dernier sourire, la narratrice partait rejoindre l’homme qu’elle aime à l’hôtel des Embruns. Le choc a fait tout basculer. Plutôt que d’aller à la gare, elle s’enfonce dans les rues de Paris pour une longue errance nocturne sous l’orage. Revenue chez elle au petit matin, toujours incapable d’expliquer à son amant pourquoi elle n’était pas au rendez-vous, elle murmure à son intention le récit de sa nuit blanche. Lui, le photographe pour qui les mots ne sont jamais à la hauteur, sera-t-il capable de comprendre l’énigmatique message qu’elle finit par lui laisser : «Écoute la pluie» ? Avec ce roman dense et bouleversant, Michèle Lesbre poursuit une oeuvre lumineuse qu’éclaire le sentiment du désir et de l’urgence de vivre.

Ce court récit est un bijou : beau, émouvant, fort et prenant et aussi très subtil.

Comment le désespoir d’un vieil homme peut bouleverser la destinée d’une jeune femme qui croise son regard.

Michèle Lesbre, que je suis depuis « le canapé rouge », est une auteure qui utilise un ton mélancolique pour décrire la vie et ses mystères et ses textes sont toujours envoûtants.

Dans celui-ci, après avoir assisté au suicide d’un vieil homme dans le métro, l’héroïne Gisèle traumatisée se met à analyser sa vie notamment amoureuse et en même temps, enquête sur le passé du vieillard.

Gisèle nous emmène dans une réflexion sur les sentiments amoureux et sur l’essentiel dans la vie.

Un conseil : ne pas manquer ce livre et tous ses autres textes.

Bibliographie de l’auteur

Michèle Lesbre est une écrivaine française vivant à Paris.

Après deux enfants et une carrière d’institutrice puis de directrice d’école maternelle, elle se met à écrire. Elle commence par des livres noirs, genre dont elle sort en 2001 avec « Nina par hasard ». Ses romans sont des récits dans lesquels l’Histoire et les événements traversent la vie d’un personnage.

Son roman « La petite trotteuse » a reçu le Prix des libraires Initiales en 2005, le prix Printemps du roman en 2006 et le prix de la ville de Saint-Louis en 2006. Le Canapé rouge a reçu le Prix Mac Orlan, le Goncourt polonais, et le prix des librairies Mille pages.

Notation :

Les cendres froides de Valentin Musso

lescendres

Quatrième de couverture :

Dix jeunes femmes enceintes, grandes et blondes, sourient à la caméra. Elles attendent les enfants illégitimes de la guerre, conçus avec un officier allemand. Aurélien découvre ce film lors du décès de son grand-père médecin, qui y apparaît. Quand le jeune prof cherche à en savoir plus, il reçoit aussitôt des menaces. Et une octogénaire est tuée chez elle, tout près de la maison dudit grand-père…

Mon avis :

Ce roman est un mélange de genres : à la fois thriller et roman historique.

 

Nous sommes plongés dans la France des années 40 au milieu des lebensborn ou fontaines de vie, ces maternités nazies conçues pour mettre au monde des enfants de pure race aryenne.

 

Se croisent des personnages contemporains très âgés et des personnages disparus intervenant lors de retours sur la période de la guerre.  Aurelien, jeune professeur, à la mort de son grand père exhume des secrets de famille et se retrouve confronté à un meurtre et des agressions. Difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue. L’histoire est à la fois haletante, fouillée et très documentée. Le style agréable et fluide m’a aussi conquise. Roman complexe avec un savant dosage entre secrets de famille et le contexte historique de la deuxième guerre mondiale, c’est aussi un puzzle qui se construit petit à petit.

 

Ce livre est captivant et le suspense soutenu, dur à lâcher … Précipitez vous !

 

À découvrir : merci Mariam de l’Ivresse Du Livre ma librairie à Bry-sur-Marne

 

Bibliographie de l’auteur

Valentin Musso est né en 1977. Il est agrégé de lettres. Il enseigne la littérature et les langues anciennes dans les alpes-Maritimes. Il est le frère du romancier Guillaume Musso.   Le Murmure de l’Ogre son troisième roman est paru en octobre 2012.

Notation :

Beignets de tomates vertes de Fannie Flagg

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Résumé :

Evelyn Couch, femme presque cinquantenaire triste et désabusée, rencontre Ninny Threadgoode, vive octogénaire, dans une maison de retraite où elle se rend tous les dimanches pour voir sa belle-mère. Ninny lui raconte Whistle Stop, petite bourgade de l’Alabama où elle vécut… Grâce à la vieille dame, Evelyn va peu à peu sortir de sa torpeur et s’affirmer…

 

Mon avis :

Ce livre surtout connu par l’adaptation cinématographique, mérite d’être reconnu et célébré, d’abord pour son optimisme, sa sensibilité et son humanité.

Chronique douce et amère couvrant plusieurs décennies des années 20 aux années 50 en Alabama, nous sommes confrontés aux vies difficiles des noirs ainsi qu’à l’optimisme et la force d’une narratrice qui nous raconte sa vie semée d’événements difficiles mais aussi d’une vie remplie d’amour.

Les personnages, surtout des femmes, ont de forts caractères et l’histoire repose surtout sur elles. Alors que la condition féminine était loin d’être ce que nous connaissons aujourd’hui, par leur force et ténacité, les héroïnes balayent tous les obstacles.

Le style épistolaire avec ses allers retours entre aujourd’hui et le passé cadence le récit et lui donne un rythme vif.

Un livre à recommander qui rappelle aussi « la couleur des sentiments ».

Merci à mon club littéraire qui m’a permis de découvrir ce texte.

Bibliographie de l’auteur

Fannie Flagg est née en Alabama. Productrice, elle est également star du petit écran et a joué dans plus de cinq cents shows comiques. Sa carrière d’écrivain a débuté de façon brillante puisque, dès sa parution, Beignets de tomates vertes a battu tous les records de vente. Porté à l’écran en 1991, le livre a ému des millions de femmes de toutes les générations.

Notation :

Mon petit mari de Pascal Bruckner

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Quatrième de couverture
«  Mon père m’a donné un mari, mon Dieu, quel homme, quel petit homme, qu’il est petit…  » Et si le refrain devenait soudain réalité ? Léon, jeune médecin, a épousé une femme plus grande que lui, la plantureuse Solange dont il est fou amoureux. Il doit se hisser sur les pieds pour l’embrasser. Le couple s’aime, brave les moqueries et affiche fièrement sa différence. Hélas, dès le premier enfant qui leur naît, un phénomène étrange se produit : Léon a l’impression que sa femme grandit encore. Que se passe-t-il ? Est-ce la taille de Solange qui augmente ou la sienne qui diminue? Est-il condamné, une fois son devoir conjugal accompli, à devenir le passager clandestin de son propre foyer, avant de disparaître progressivement ?

Mon avis :

Une fable entre humour et drame familial avec un style fluide et une écriture agréable qui nous incite à une réflexion sur la place du père , de l’enfant et de l’importance de la taille.

Dans ce comté cruel, Léon épouse Solange, une belle femme plantureuse plus grande que lui de quelques centimètres; très amoureux tout se passe bien jusqu’à la naissance de leur premier enfant. A ce moment là, il se met à rétrécir et sa femme toujours très amoureuse le soutient et le fait consulter des grands médecins perplexes devant ce phénomène inexpliqué. Léon continue de rétrécir de plus en plus et à partir de là sa vie bascule. Ce Gulliver des temps modernes met tout en oeuvre pour garder sa place dans son foyer.

Comment garder son autorité de père lorsque les enfants de 5 ans sont plus grands que lui ? Quelle est sa place au sein de sa famille désorientée par cette situation ?

 

Ce livre m’a amusée par les descriptions des situations rocambolesques entre les enfants qui tyrannisent leur père , le chat qui l’observe et Solange qui lui hurle dessus. C’est aussi une analyse mordante de notre société et notamment de l’enfant roi et de la place du père.

On ne peut rester indifférent face à cette histoire surréaliste et percutante.

Un bémol cependant : la fin un peu abrupte et facile à mon sens mais malgré tout je vous le recommande. 

J’ai aussi prévu de lire le dernier roman de cet auteur « la maison des anges » paru récemment et qui raconte l’histoire d’un agent immobilier qui veut débarrasser Paris de ses sans abris. A suivre donc dans une prochaine chronique.

Bibliographie de l’auteur

Né à Paris, romancier et essayiste, Pascal Bruckner est l’auteur, entre autres, de Lune de fiel (adapté au cinéma par Roman Polanski), La Tentation de l’innocence (prix Médicis de l’essai, 1995), Les voleurs de beauté (prix Renaudot, 1997), et La Tyrannie de la pénitence (2006).

Notation :