Des pages et des îles

Ainsi résonne l’écho infini des montagnes de Khaled Hosseini

Biographie de l’auteur : Khaled Hosseini est né à Kaboul, en Afghanistan, en 1965. De mère professeur de perse et d’histoire et de père diplomate, il a obtenu avec sa famille le droit d’asile aux États-Unis en 1980. Il poursuit des études de biologie puis de médecine pour devenir médecin en 1993, tout en continuant à pratiquer sa passion de toujours, l’écriture. Il est l’auteur de deux romans : Les Cerfs-volants de Kaboul (Belfond, 2005) – prix RFI et prix des Lectrices de Elle 2006 -, adaptés au cinéma par Marc Foster en 2008, et Mille soleils splendides (Belfond, 2007). Il a créé la Fondation Khaled Hosseini, qui apporte une assistance humanitaire au peuple afghan et travaille en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Il vit aujourd’hui en Californie.

Résumé :

Abdullah, 10 ans, et sa petite sœur, Pari, tentent d’oublier les absences du père, qui cherche désespérément du travail, et la faim qui les tenaille. Mais un jour, ce dernier vend Pari à une riche famille. Séparation déchirante et destins contraires …

La décision du père influence les destins et modifiera profondément la vie de ces deux enfants et de leurs proches. Tandis que Pari poursuivra sa vie en France, Abdullah suivra d’autres voies et se fixera aux États-Unis. L’Afghanistan est au cœur aussi de toute cette foisonnante histoire. Un roman impossible à lâcher tellement les événements qui s’enchainent nous entraînent et nous captent sans nous laisser de répit. Roman choral sur fond d’histoire, les aventures de ces deux enfants afghans prennent aux tripes et comme dit le titre, longtemps résonne l’écho de cette histoire dans notre tête.

Quel merveilleux talent de conteur pour nous emmener ainsi des années 50 à nos jours et nous tenir en haleine tout en nous émouvant.

Vous l’aurez devinė, voici une lecture qui m’a emballée et beaucoup émue aussi. Les personnages sont attachants et bouleversants.

J’ai préféré ce roman au précèdent « Mille soleils splendides » très sombre.

Je vous recommande chaudement cette lecture et vous souhaite d’y prendre autant de plaisir que moi.

Merci à Mariam et l’Ivresse du Livre.

 

Notation :

Deux coups de coeur : Villa Amalia et Rêves oubliés

Coups de coeur pour ces deux romans : Villa Amalia et Rêves oubliés

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Villa Amalia de Pascal Quignard 

Biographie : Romancier, poète et essayiste, Pascal Quignard est né en 1948. Après des études de philosophie, il entre aux Éditions Gallimard où il occupe les fonctions successives de lecteur, membre du comité de lecture et secrétaire général pour le développement éditorial. Il enseigne ensuite à l’Université de Vincennes et à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales.

Il a fondé le festival d’opéra et de théâtre baroque de Versailles, qu’il dirige de 1990 à 1994. Par la suite, il démissionne de toutes ses fonctions pour se consacrer à son travail d’écrivain.

A obtenu le grand prix de l’Académie française en 2000 pour Terrasse à Rome

Quatrième de couverture

«Loin devant les villas sur la digue, elle se tenait accroupie, les genoux au menton, en plein vent, sur le sable humide de la marée. Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l’étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer.»

Mon avis : 

Prenant, fort, émouvant et quelle belle écriture, difficile d’oublier ce livre, une fois refermė.

Aussi beau que le film, voici un livre sur le thème de ‘tout quitter pour renaître’.

Difficile de raconter cette histoire, avant tout prétexte à décrire les sentiments d’une femme délaissée par son mari, qui décide de tout quitter pour vivre autrement.

L’histoire démarre par la vision d’une femme, seule dans la nuit, qui épie son mari retrouvé dans les bras d’une autre. Au même moment, un homme, autrefois son camarade d’école la retrouve et une amitié profonde renait entre ces deux êtes désemparés.

Pour elle, la musique est un garde-fou, composer la sauve; elle découvre aussi la beauté d’une nature superbe au large de Naples grâce à l’isolement d’une maison Villa Amalia nichée dans les hauteurs d’une île au large de Naples. Dans ce lieu isolé, notre héroïne fera des rencontres qui vont la changer progressivement avec toujours la musique pour la soutenir.

Un beau texte, une écriture ciselée, des sentiments palpables qui nous émeuvent.

A lire absolument. 

 

Rêves oubliés d’Eleonor de Recondo

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Biographie de l’auteur

Née en 1976, Léonor de Récondo est violoniste et écrivain. Elle se produit avec de nombreuses formations, comme Les Talents Lyriques ou L’Yriade et enregistre des CD et DVD. Rêves oubliés est son deuxième roman. Elle vit aujourd’hui à Paris

 

Résumé 

« Etre ensemble, c’est tout ce qui compte » : voilà la devise d’Aïta, de sa femme Ama et de leur famille de républicains basques. En 1936, le franquisme les contraint à l’exil : d’Irun aux Landes françaises en passant par Hendaye. Dans son journal, Ama raconte les rires, l’amour, mais aussi la souffrance et la peur causées par les activités clandestines des oncles de son mari, la présence des Allemands en cette année 1939, la fuite. Car il faut toujours partir. Loin de la guerre et des souvenirs, pour survivre, et vivre dans le présent.

Un coup de cœur aussi ce roman.

Ecrit par une musicienne, faut-il voir un lien avec le texte précédent ? 

Le contexte : l’Espagne au temps du franquisme, puis la guerre éclate et à partir de là, le destin de toute une famille est alors bouleversé.

J ai découvert cet écrivain récemment avec « Pietra viva » et je suis tombée sous le charme.

Les ingrédients de ce roman : une histoire touchante, une écriture fluide, des personnages attachants, le contexte historique peu présent habituellement.

Un beau portrait de femme aussi comme Villa Amalia. 

Dans ce texte, ce qui touche le plus c’est l’amour qui unit les deux époux et leur permet de tenir. Un amour décrit avec délicatesse et émotion qui nous rend toute cette famille très proche : le mari mais aussi les enfants obligés de s’habituer à leur nouvelle vie au pays Basque Français.

Les ingrédients : une histoire émouvante ancrée dans un contexte historique méconnu, une écriture fluide et sensible.

Un bijou à découvrir.

Notation :

Princesse Bari de Hwang Sok-Yong

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Émouvant, fort mais aussi poétique tels sont les principaux adjectifs qui me viennent après avoir refermé ce livre.

J’ai lu «Shim Chong fille vendue» du même auteur, livre qui trace aussi le destin difficile d’une jeune fille vendue par ses parents.

Hwang Sok-Yong est né en Mandchourie jusqu’à l’occupation japonaise et arrive ensuite en Corée du Nord puis au Sud. Il combat les régimes totalitaires et est emprisonné pour ses idées. Sa vie et ses combats pour la liberté nous éclairent sur ses textes.

L’héroïne de ce roman, la jeune Bari, a un destin implacable et semé de grands malheurs. Si elle supporte sa vie et continue d’avancer, c’est grâce à ses dons de voyance qui lui permettent de s’échapper de son terrible quotidien. A la fois roman d’aventure et témoignage de vie des coréens du nord, ce livre nous prend ‘aux tripes’ et ne peut laisser indifférent. Nous suivons l’épopée de Bari de la Corée du Nord à Londres en passant par la Chine.

Revenons au début de l’histoire : un septième bébé arrive, encore une fille. Le père excédé devant l’arrivée d’une septième fille quitte la maison. La mère prend peur et décide d’abandonner son bébé, ce bébé est alors protégé par sa grand-mère et le chien de la famille. Plusieurs jours se passent et la petite fille n’a toujours pas de nom, puis on décide de la nommer Bari comme la princesse d’une légende populaire coréenne. Dans la légende, la princesse est abandonnée aussi et part au bout du monde trouver l’eau de vie pour sauver ses semblables.  La vie de Bari est difficile dès son enfance mais devient de plus en plus dure lorsque les troubles éclatent dans sa province. Bari s’endurcit très tôt mais surtout découvre ses dons de voyance qui s’amplifient quand sa grand-mère disparaît. Sa famille est démantelé , elle reste en vie grâce à son passage en Chine. Hélas, la vie est encore plus dure et elle doit fuir la Chine pour Londres où elle devient une ombre obligée d’accepter tout ce qui se présente pour survivre. Ces dons de voyance vont lui permettre d’avoir une vie un peu plus douce. Grâce à ses pouvoirs, elle comprend les souffrances des autres et leur apporte son aide. Ses pouvoirs pourront-ils l’aider, elle aussi, à guérir de ses tourments ?

La force du roman réside autant dans l’histoire épique et extraordinaire de cette jeune fille que dans l’émotion, la magie et la poésie très présentes.

Ce livre, chronique d’une vie de migrante, est éprouvant par moment tout en étant prenant et distille surtout un espoir dans la vie et l’humanité. C’est ce dernier sentiment que je retiens.

J’ai fermé ce livre à regret et l’histoire de Bari me hante toujours : n’est-ce pas là la force d’une histoire profonde et émouvante ? Une histoire écrite aussi avec une belle plume délicate. La maison d’édition Philippe Picquier spécialiste de la littérature asiatique a un catalogue de littérature chinoise, vietnamienne, coréenne, japonaise, indienne et thaïlandaise donc un spécialiste de l’Asie. Les couvertures sont belles, notamment celle-ci : j’apprécie beaucoup l’objet livre.

Un livre que je recommande chaudement, pour ceux qui connaissent cet auteur et pour les autres qui auront la chance de le découvrir. Précipitez-vous !

 

Merci Chroniques de la rentrée littéraire pour cette très belle lecture.

 

Notation :

Une part de ciel de Claudie Gallay

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Quatrième de couverture
Aux premiers jours de décembre, Carole regagne sa vallée natale, dans le massif de la Vanoise, où son père, Curtil, lui a donné rendez-vous. Elle retrouve son frère et sa sœur, restés depuis toujours dans le village de leur enfance. Garde forestier, Philippe rêve de baliser un sentier de randonnée suivant le chemin emprunté par Hannibal à travers les Alpes. Gaby, la plus jeune, vit dans un bungalow où elle attend son homme, en taule pour quelques mois, et élève une fille qui n’est pas la sienne. Dans le Val-des-Seuls, il y a aussi le vieux Sam, pourvoyeur de souvenirs, le beau Jean, la Baronne et ses chiens, le bar à Francky avec sa jolie serveuse…
Dans le gîte qu’elle loue, à côté de la scierie, Carole se consacre à une traduction sur la vie de Christo, l’artiste qui voile les choses pour mieux les révéler. Les jours passent, qui pourraient lui permettre de renouer avec Philippe et Gaby un lien qui n’a rien d’évident : Gaby et Philippe se comprennent, se ressemblent ; Carole est celle qui est partie, celle qui se pose trop de questions. Entre eux, comme une ombre, cet incendie qui a naguère détruit leur maison d’enfance et définitivement abîmé les poumons de Gaby. Décembre s’écoule, le froid s’installe, la neige arrive… Curtil sera-t-il là pour Noël ?

 

Biographie

Née en 1961, Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle a publié aux éditions du Rouergue L’Office des vivants (2000), Mon amour, ma vie (2002), Les Années cerises (2004), Seule Venise (2004, prix Folies d’encre et prix du Salon d’Ambronay), Dans l’or du temps (2006) et Les Déferlantes (2008, Grand Prix des lectrices de Elle). Aux éditions Actes Sud : L’amour est une île (2010) et Une part de ciel (2013).

 

Mon avis :

Un roman profond sur les liens familiaux et les non-dits dans une famille éclatée. Une histoire de famille ou les retrouvailles de trois frères et sœurs. Carole la cadette, quitte Saint-Étienne pour rejoindre son frère ainé et sa petite sœur Gaby, tous trois attendent alors leur père qui a promis de les rejoindre. Curtil, ce père souvent absent même lorsqu’ils étaient petits, les a convoqués en leur adressant une boule de verre avec un paysage et la neige à l’intérieur. Ces boules annoncent son retour.

Arrivée dans son village natal, au cœur de la Vanoise, Carole la seule enfant partie à la ville, retrouve l’atmosphère d’antan et renoue progressivement avec son passé. Les jours défilent et l’attente se prolonge. Que faire ? Continuer d’attendre ou rentrer ? Cette attente est l’occasion de renouer avec les siens, de tenter de comprendre aussi ce qui s’est réellement passé lorsqu’un incendie a ravagé leur maison alors qu’ils étaient enfants. Tous trois étaient alors seuls avec leur mère et celle-ci parant au plus pressé a secouru d’abord les deux ainés laissant la petite Gaby dans les flammes, ce qui va la marquer à vie. Carole est torturée par la culpabilité, se posant beaucoup de questions sur cet accident et les choix de sa mère. Comment en parler à son frère et surtout à sa sœur ?

Le style et les descriptions de toute cette attente concourent à rendre une atmosphère cotonneuse amplifiée par les paysages enneigés. Les habitants ont aussi leurs secrets comme Sam le père de Jean ou la Veuve la tante de Carole; tous se côtoient et ne se parlent pas toujours parfois à cause du passé, ou parfois juste parce qu’ils vivent isolés.

Des personnages simples, humains souvent meurtris surtout très vrais, Claudie Gallay maîtrise l’art de les dépeindre et de nous les rendre attachants. Beaucoup de dialogue, de belles descriptions et le temps qui s’égrène doucement.  Ce que j’aime chez cette auteure, c’est la sensation de vivre complètement avec ses personnages, de les sentir proches et d’être en osmose avec eux.

Un bémol : des longueurs dans ces 450 pages, ou alors un choix de l’auteure qui ralentit la narration pour nous faire appréhender le calme de l’hiver dans une vallée isolée. Néanmoins cette absence de rythme génère un sentiment d’ennui par moment, comme pour notre héroïne, qui en attendant son père cherche des occupations.

 Au final, un sentiment un peu mitigé : une belle lecture parfois contrariée par les lenteurs du récit.  Je recommande cette lecture aux aficionados de Claudie Gallay, dont je fais partie, ainsi qu’aux autres lecteurs aimant les belles lectures éloignées des constructions de type thriller.

Avis aux amateurs !

Merci aux Matchs littéraires de Price Minister.

Le 8/11, le 1er Prix France Bleu/Terre de France a été attribué à Claudie Gallay pour son livre « Une part de ciel »

Notation :

Ce qu’il advint du sauvage blanc de François Garde

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Quatrième de couverture
Au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d’Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l’a recueilli. Il a perdu l’usage de la langue française et oublié son nom.
Que s’est-il passé pendant ces dix-sept années? C’est l’énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l’homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu’on surnomme désormais le «sauvage blanc».

 

Biographie :
Né en 1959 au Cannet et haut-fonctionnaire, François Garde est l’auteur de « Ce qu’il advint du sauvage blanc », inspiré d’une histoire vraie, Goncourt du premier roman 2012, et de « Pour trois couronnes ».

Mon avis : Merci Babelio et l’opération Masse critique pour une lecture qui m’a enthousiasmée.

 

Roman d’aventure ou récit anthropologique, en tout cas un roman fascinant.

 

L’histoire est basée sur un fait réel : un matelot de 18 ans, Narcisse Pelletier, est abandonné sur une côte australienne isolée. Son bateau a fait escale pour trouver de l’eau et après plusieurs heures de recherche, Narcisse s’aperçoit qu’il est tout seul, le bateau est parti sans lui.

Pourquoi ? Est-ce à cause du mauvais temps qui arrive ?

A partir de cet instant, la solitude va peser sur notre héros, il songe à se suicider puis se fait une promesse : je m’en sortirai vivant. Tout au long de son aventure, cette promesse l’aidera à tenir et à garder espoir.

L’originalité de ce livre tient au mélange entre le récit d’aventure et l’analyse du comportement du héros face aux ‘sauvages’ et aux blancs à son retour. L’occasion nous est donnée de s’interroger une vie bouleversée et tiraillée entre deux cultures : Narcisse a passé dix huit ans en France et dix sept ans dans une contrée isolée d’Australie, comment conjuguer ces deux cultures ? 

D’un côté le matelot, silencieux et mystérieux et de l’autre son tuteur Octave qui met tout en œuvre pour l’aider, en espérant aussi comprendre ce qui s’est passe pendant les 17 ans ou Narcisse est reste avec les sauvages.

 

Narcisse ne raconte pas sa vie de sauvage et se contente de répéter : « Parler, c’est comme mourir ». Octave est déçu par son attitude. Lorsque Narcisse et Octave sont reçus par l’impératrice curieuse de découvrir ce sauvage blanc, Narcisse se livre un peu encouragé par la gentillesse de son hôtesse. A part cette épisode, Narcisse reste murė dans son silence et Octave met tout en œuvre pour comprendre sa vie avant son retour à la civilisation.

 

Formidable roman qui montre la difficulté de vivre, privé de ses racines, ou comment oublier sa culture. Qu’est ce qui sera le plus difficile pour Narcisse : vivre parmi les sauvages ou retrouver la civilisation ?

 

L’écriture et le rythme du livre nous tiennent en haleine jusqu’au bout. Je vais me précipiter sur le second livre de cet auteur paru en mai 2013.

 

Je vous recommande vivement cette lecture.

 

Merci Babelio et Masse critique wpid-Photo-16-juin-2013-0924.jpg

 

Que vous aimiez Ernest Hemingway. ou Les yeux jaunes des crocodiles., Daphné du Maurier. ou Frederic Beigbeder., Babelio vous invite toute l’année à explorer des bibliothèques en ligne. et découvrir des livres. en allant sur Babelio.com.

 

Notation :