Des pages et des îles

Chronique de : Les ombres de Big Ben de Michelle Salter 

Résumé :

Londres, 1920. Pour la première fois, deux femmes s’affrontent pour devenir députée. À cette occasion, la journaliste stagiaire Iris Woodmore revient dans le quartier de la Chambre de la Communes – un lieu douloureux pour elle. Six ans plus tôt, sa mère y est morte en se noyant dans la Tamise en marge d’une manifestation de suffragettes. Non loin de Big Ben, un homme révèle à Iris que sa mère …

L’auteure :

Journaliste indépendante et membre de la Crime Writer’s Association, Michelle Salter collabore à plusieurs magazines britanniques. Les Ombres de Big Ben est le premier volet des enquêtes d’Iris Woodmore.

Ma chronique :

Un bon polar historique qui nous plonge dans les années vingt parmi des femmes pionnières en politique.

J’ai aimé les thèmes abordés : le droit des femmes, le combat des suffragettes, le fossé entre nantis et ouvriers, le travail des enfants et la difficulté pour les femmes de faire de la politique.

Les héroïnes sont courageuses et on a envie de les soutenir, comme Iris, la jeune journaliste qui a perdu sa mère dans des circonstances non élucidées.

Elle décide de mener l’enquête, qui se révèle plus complexe que prévue, les rebondissements sont nombreux et j’ai tourné rapidement les pages pour comprendre  sa disparition. 

Porté par un style fluide, avec un suspense qui ne faiblit pas, j’ai aimé cette incursion dans les coulisses d’élections avec une composante féminine qui ne réjouit pas tous les habitants. À la fois prenant et bien documenté, un polar historique, non gore, que je conseille à tous.

Paru aux éditions de L’Archipel.

Notation :

Chronique de : Sugar Street de Jonathan Dee 

Résumé :

Sans nom ni visage, un homme fuit son passé avec 168 548 dollars cachés dans sa voiture. Son but : une vie plus simple, loin de tous les privilèges qui ont construit son identité. Arrivé dans une ville inconnue, il loue un studio auprès d’Autumn, une femme étrange. Chacune de leurs rencontres est marquée par une méfiance mutuelle.

L’auteur :

Sugar Street est le huitième roman de Jonathan Dee après Ceux d’ici paru en France en 2018. Son roman Les Privilèges a été finaliste du Prix Pulitzer en 2011. Il enseigne aujourd’hui un programme d’écriture créative à l’université de Syracuse.

Ma chronique :

Je découvre cet auteur avec ce titre : je plebiscite ce roman atypique qui secoue par son ton et par les sujets traités.

Le héros est un fugitif dont on ne sait rien et qui se cache afin de ne laisser aucune trace de sa vie passée. Qui est-il ? Que fuit-il ? Je suis un fugitif pas un lâche dit-il.

C’est un long monologue à la première personne du singulier qui raconte son errance tout en s’insurgeant contre les dérives de notre société.

Quand je dis un long monologue, je précise que ce n’est pas une lecture ennuyeuse au contraire, un vrai suspense nous accroche à son histoire et jusqu’au bout le lecteur se demande ce qu’il fuit et s’il réussira à disparaître.

Qu’on adhère ou pas à sa vision sombre de nos conditions de vie, cette diatribe contre notre société, au ton incisif et désabusé, incite à réfléchir et m’a interpellée.

Impossible de rester insensible aux questionnements du héros et à sa fuite.

Une lecture qui m’a hantée après avoir refermé le livre.

Paru aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : Colère chronique de Louise Oligny 

Résumé :

10 juin 2019. Dufaye, directeur de la rédaction du magazine  La Chronique Hebdo, est victime d’un attentat. Quand Diane Choinière apprend la nouvelle, elle est submergée par l’angoisse. À moins que ce ne soit de la joie ? Cette photoreporter, licenciée abusivement quelques mois plus tôt par Dufaye en personne, ne saurait exactement le dire. Tout comme elle ne saurait affirmer avec certitude qu’elle n’est pour rien dans cet homicide…

L’auteure :

LOUISE OLIGNY, née en 1963 au Québec, vit en France depuis 1989, où elle travaille en tant que photoreporter. Elle mène également de nombreux projets artistiques, associant photographie, vidéo et musique. Elle est actuellement en résidence à la Maison des femmes de Saint-Denis, où elle anime des ateliers avec l’autrice et dessinatrice Clémentine du Pontavice, et collabore avec Banlieues Bleues dans le cadre de leurs actions musicales.

Ma chronique :

Décalé, déjanté et très efficace : un polar à découvrir.

Lu en deux jours, il est à la fois palpitant et difficile à lâcher et malgré le côté un peu gore de certaines scènes, je suis restée scotchée à l’histoire.

Le ton est cynique, les situations dramatiques même hors meurtres : tout est là pour créer une situation noire, très noire.

L’héroïne est-elle victime ou meurtrière ? À qui se fier ? Pourquoi toute cette violence ? Je me suis posée toutes ces questions au fil des pages.

De rebondissements en enchaînements de meurtres, la situation empire et notre héroïne ne contrôle plus rien.

Roman noir et societal, c’est aussi un portrait au vitriol des travers de notre société.

Je vous recommande ce polar paru aux éditions Marabout collection Black Lab.

Notation :

Chronique de : Le chaman du Pacifique de David Perroud 

Résumé :

Aphrodite, la première intelligence artificielle globale, a pris son envol au cœur des processeurs de la Silicon Valley. Si cela peut sembler anodin pour le non-initié, Julie, sa jeune conceptrice, découvre que le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui est sur le point de basculer… Au même moment, de l’autre côté du Pacifique, les esprits de sa tribu millénaire poussent Daya, un navigateur-chaman, à venir révéler son savoir ancestral au monde occidental

L’auteur :

David Perroud est cofondateur de m1nd-set, un institut d’études de marchés spécialisé dans l’étude du comportement des passagers aériens à l’échelle mondiale. Il se passionne depuis 20 ans pour des matières aussi diverses que la cosmologie, la physique quantique, les neurosciences, les EMI et la spiritualité.

Ma chronique :

Un coup de cœur ce roman, très emballée par les thèmes, la narration et tout le contenu. Une vraie pépite.

J’ai eu envie de lire ce livre car j’étais intriguée par le lien qui pouvait être fait entre une IA (Intelligence Artificielle) et un chaman. Ce lien s’appelle Julie, la créatrice de l’IA Aphrodite, une des héroïnes du roman. 

J’ai aimé ce roman pour les sujets abordés : écologiques, intelligence artificielle, les exposés sur la conscience, les états d’EMI (Expérience de Mort Imminente) ou de SHC (Sortie Hors du Corps). Beaucoup de questionnement après cette lecture, les explications et expérimentations sont étayées par des études avec la bibliographie associée. Le discours avec cette forme narrative de roman est accessible à tous, notamment les explications sur notre conscience.

Voilà donc un roman passionnant et palpitant : un roman d’aventures instructif.

J’ai quitté à regret Julie et Daya, leur histoire m’a touchée.

Je vous conseille ce coup de cœur paru aux éditions Jouvence.

Notation :

Chronique de : L’instant d’Amy Liptrot  

Résumé :

Trentenaire en quête d’amour, Amy quitte les sauvages îles Orcades en Écosse pour la cosmopolite Berlin. Digital nomade, précaire, célibataire, elle fait de cette ville qui ne dort jamais le terrain de sa quête du bonheur. 

L’auteure :

Amy Liptrot a 36 ans. Journaliste et écrivaine écossaise, L’Instant est son deuxième livre après L’Écart, qui fut un succès dans plusieurs pays 

Ma chronique :

Après L’Ecart, lu il y a quatre ans, j’ai eu envie de retrouver la plume d’Amy. J’avais le souvenir d’une lecture forte avec une écriture envoûtante. J’ai été moins captivée ce deuxième roman, peut-être trop d’attentes.

À la première personne du singulier et sans aucun dialogue, Amy raconte sa vie à Berlin pendant quelques mois. Quitter Les Orcades pour Berlin, c’est le moyen qu’elle a trouvé pour tromper sa solitude devenue beaucoup trop pesante.

Ici, Amy évoque son quotidien berlinois avec ses digressions habituelles, sur les ratons laveurs, la Lune et ses cycles ou encore certains peuples des Philippines.

Amy est une nomade numérique qui tente de survivre, toujours seule pendant des semaines, désenchantée et triste.

Elle se plaint aussi de l’omniprésence des réseaux sociaux et de nos traces indélébiles sur Internet.

J’ai aimé sa belle plume, toujours poétique et sa sincérité qui transparaît dans cet ouvrage. J’ai moins apprécié le côté décousu du récit et les digressions sur les oiseaux et rongeurs. Globalement, j’ai eu moins d’empathie pour son parcours que lors de son précédent roman qui racontait sa quête pour contrecarrer son addiction à l’alcool.

N’hésitez pas à me donner votre avis sur ce livre.

Paru aux éditions Phébus.