Des pages et des îles

La désobéissance d’Alberto Moravia

La désobéissance
La désobéissance

Résumé :

Luca grandit dans l’Italie des années quarante. À l’âge de quinze ans, il ressent un malaise persistant. Il est irritable, le moindre détail le plonge dans une colère monstre. Cette nouvelle réalité, qu’il juge brutale, le pousse à remettre absolument tout en question : l’école, les parents, la religion. Une désobéissance totale qui le conduit à ce qu’il nomme le «désir de mort». À son grand étonnement, seule la présence de certaines dames semble le rattacher, presque malgré lui, à la vie. Lorsque Luca tombe malade, une infirmière est appelée à son chevet. C’est avec cette femme, à la fois maternelle et charnelle, qu’il scellera définitivement son initiation.

L’auteur :

Issu d’une famille appartenant à la bourgeoisie romaine, Alberto Moravia est né à Rome le 28 novembre 1907. À dix-neuf ans, il écrivit son premier roman, Les Indifférents, qui, dès parution, devint l’un des plus grands succès de critique et de vente de la littérature italienne contemporaine. Son œuvre, très abondante en romans, essais, nouvelles et récits de voyage en fait l’un des maîtres incontestés des lettres italiennes. Alberto Moravia a beaucoup voyagé et séjourné longtemps à Paris, mais son port d’attache n’a jamais cessé d’être Rome, où il a résidé jusqu’à sa mort en septembre 1990.

Mon avis :

Grâce à la collection « Empreinte » chez Denoël, voici un classique de 1949 réédité, l’occasion de découvrir ou redécouvrir Moravia.

Pour moi, c’est une redécouverte, j’avais lu un autre de ses romans : « l’ennui » il y a quelques années.

On suit la vie de Luca qui, adolescent, découvre qu’il veut affronter les autres et désobéir. Ne pas se conduire comme il se doit. Être différent et l’assumer. C’est ainsi qu’il pense dépasser le malaise omniprésent et qui devient si oppressant qu’il songe au suicide.

Face à ses parents, il se montre intransigeant et déterminé : un enfant de quinze ans qui leur tient tête pour mettre à exécution son plan : se débarrasser de tout ce qui devient encombrant : livres, timbres …

Tout est très bien raconté : nous sommes dans sa tête et en osmose avec ses décisions. Sa vie bascule lorsqu’il tombe malade et qu’une infirmière prend soin de lui.

Une écriture fluide, une émotion présente tout au long du récit : un beau roman initiatique.

Je vous encourage à vous plonger dans ce livre, agréable aussi dans sa forme avec son format moyen et sa belle jaquette.

Merci aux Editions Denoël.

 

Editions Denoël collection Empreinte

Première parution en 1949

Trad. de l’italien par Michel Arnaud

Nouvelle édition en 2015

 

Notation :

Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés de Arto Paasilinna

Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés
Moi, Surunen, libérateur des peuples opprimés

Résumé :

Le très distingué professeur Surunen, membre finlandais d’Amnesty International, las de se contenter de signer des pétitions, décide de prendre les choses en main. Il s’en va personnellement délivrer les prisonniers politiques qu’il parraine en Macabraguay, petit pays d’Amérique centrale dirigé par un dictateur fasciste sanguinaire. Après le succès de l’évasion de cinq d’entre eux, et non sans avoir goûté à la torture des geôles locales, Surunen accompagne l’un de ses protégés jusqu’au paradis communiste, un pays d’Europe de l’Est baptisé la Vachardoslavie. Là, il découvre le triste sort d’une poignée de dissidents enfermés dans un asile psychiatrique, et s’emploie à les libérer à leur tour.

L’auteur :

Arto Paasilinna est né en Laponie finlandaise. Successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste et poète, il est l’auteur d’une trentaine de livres, pour la plupart traduits en français et publiés chez Denoël où ils ont toujours rencontré un grand succès. Arto Paasilinna a aussi écrit pour le cinéma, la radio et la télévision ; il s’intéresse aux arts graphiques et écrit des poèmes.

Mon avis :

Truculent, caricatural mais aussi touchant et si vrai, voici une chronique fidèle à l’esprit du finlandais qui pointe les dérives des dictatures.

Fidèle lectrice de ce romancier, j’ai retrouvé dans ce livre son sens de l’absurde et une grande ironie.

En effet les situations décrites sont parfois difficiles et le ton adopté apporte une légèreté qui rend la lecture plus aisée.

Deux parties composent ce récit : la première se déroule dans un pays imaginaire d’Amérique du Sud, notre héros Surunen, philologue finlandais s’y rend pour délivrer des prisonniers politiques. Ce pays est une dictature fasciste qui martyrise tous ceux qui ont des idées contraires et notamment les professeurs. Surunen se transforme en héros : il prêche la liberté, se fait arrêter et torturer. A la limite du soutenable, nous assistons à ses malheurs. La vie de héros n’est pas de tout repos dans ces contrées !

Bien sûr, il ne finira pas ses jours dans une geôle d’Amérique du Sud et enchaînera les aventures. Puis ses pas le conduiront à l’autre bout du monde, dans un pays communiste dictatorial.

J’ai apprécié cet ouvrage même si, j’avoue, ce n’est pas mon titre préféré de cet auteur. Quelques longueurs dans la première partie m’ont parfois gênée dans ma lecture.

A vous de le découvrir maintenant.

Merci aux éditions Denoël.

 

Éditions Denoël & d’ailleurs

Traduction du finnois : Anne Colin du Terrail

Parution Avril 2015

 

Notation :

Une fille parfaite de Mary Kubica

Une fille parfaite de Mary Kubica
Une fille parfaite de Mary Kubica

Résumé :

Incapable de dire non au séduisant et énigmatique inconnu qu’elle vient de rencontrer dans un bar, Mia Dennett, jeune héritière d’une des familles les plus en vue de Chicago, accepte de le suivre jusqu’à chez lui. Sans savoir qu’elle a commis une grave erreur. Et qu’après ce soir-là rien, jamais, ne sera plus comme avant.

L’auteur :

Après des études d’arts et d’histoire de la littérature américaine, Mary Kubica a d’abord été enseignante. Aujourd’hui écrivain à temps plein, cette passionnée de Dickens et d’Hemingway vit près de Chicago, la ville dont est originaire Mia, l’héroïne d’Une fille parfaite.

Une fille parfaite est son premier roman. Il a été unanimement salué par la presse.

 

Mon avis :

Un récit haletant difficile à poser une fois démarré.

Mia, la fille parfaite, disparaît, une de ses collègues contacte sa mère qui donne l’alerte. Mia est une jeune fille indépendante qui a choisi de vivre seule loin de ses parents. Ceux-ci ont une situation très confortable : le père est juge et la sœur aînée de Mia est avocate. Mia a toujours été différente et préféré travailler avec des jeunes en difficulté.

Lorsque le récit débute, Ève la mère de Mia apprend la disparition de sa fille. Gabe est l’enquêteur chargé de la retrouver et le deuxième personnage intervenant dans le roman. Ensuite, Colin, la troisième voix du roman raconte sa rencontre avec Mia et son kidnapping.

L’originalité du récit tient aussi dans sa construction très habile qui amplifie le suspense : les trois personnages interviennent à tour de rôle et l’histoire est entrecoupée de flashback.

Notre curiosité s’aiguise au fil du récit : nous savons dès le départ que Mia a été libérée au bout de plusieurs semaines mais que s’est-il passé pendant sa capture ?

Autant vous le dire : il faut attendre la fin de cette histoire pour tout comprendre.

Je ne peux vous en dire beaucoup plus.

Simplement, un conseil : si vous démarrez ce livre, prévoyez du temps pour avancer dans cette lecture que vous aurez du mal à lâcher.

Merci aux Editions Mosaïc.

Notation :

Maupiti : Récit d’une discrète parente de Tahiti de Claude Éner

Maupiti : Récit d'une discrète parente de Tahiti
Maupiti : Récit d’une discrète parente de Tahiti

Tout a commencé dans les tavernes de Londres,de Lorient, de Bordeaux, lorsque les marins de Wallis, de Cook et de Bougainville racontèrent leur plus belle escale : les mers du Sud, Tahiti … Samuel Wallis lui même, l’anglais puritain, le premier à aborder l’île au matin du 19 juin 1767, écrivit sur son livre de bord: << toutes les femmes sont jolies et quelques-unes sont d’une très grande beauté>>

La navette était lancé. le premier fil de la légende noué.
Et de mains en mains, la navette sera reprise en une incessante variation autour du même chromo : Tahiti, femme fleur, alanguie dans le souffle parfumé de l’alizé-bonheur.
Légende et malentendu.

Voilà comment, dans sa préface, Dominique Charnay, nous fait rentrer dans les carnets de Claude Éner, qui lui commence par : … « Il était une fois, très loin de l’autre côté de la terre, au milieu d’une immensité d’eau, une toute petite île . »
Et nous voilà happé par l’histoire de Maupiti, raconté par un touriste popaa (étranger) arrivant dans l’île par la goélette Manuïa, quand elle était encore sauvage, habitée par à peine 500 personnes.
Un tout petit bout de terre où l’on croise Maïrée la vieille , Tihati Le pilote du Manuïa,le bateau de Fayou le commercant chinois, qui fait la liaison entre Papeete Bora Bora et Maupiti . Ashuma le projectionniste ambulant qui amène avec lui les acteurs français et les cowboys dans l’île, au grand plaisir des enfants, Amiria qui attend son fiancé de Papeete qui vient de sauter tout habillé du Manuïa pour la rejoindre plus vite et lui faire une surprise. Mékéta, le champion de football de Bora Bora qui pense qu’un « pifao »a été jeté sur son équipe par Rufau la sorcière et que c’est la raison de leur défaite 3/0 contre cette petite équipe de Maupiti qui joue sans chaussures !! Émile le « Mahu » qui porte un ensemble en satin vert et rose et passe son temps avec les filles.

Tout les petits rien qu’un touriste popaa ne verra jamais.
Les histoires d’un village tranquille qui rit et qui pleure.
Les difficulté de la vie dans un petit paradis, le naufrage du Manuïa en 1963 qui fit que le chef avait dû enregistrer 17 décès dans le même jour. L’histoire de Robert Ropiteau le premier popaa à aimer Maupiti et venir plusieurs fois, plusieurs mois. Qui apprend le tahitien et part un jour sans dire au revoir et est tué en juin 40 par des éclats d’obus et enterré à la va vite, quelque part sur le front, dans un paréo rouge et blanc trouvé dans sa besace. « Kia maté Toa » était inscrit sur sa gourmette : Mourir en homme, en tahitien.

Très bon moment à lire ce livre, trouvé chez Alain, notre logeur à Maupiti, installé dans le hamac face au lagon …
Foutrement bon même !!

Les éditions du Pacifique
Carnet d Océanie

Notation :

Sauvée de Tina Rothkamm

Sauvée de Tina Rothkamm
Sauvée de Tina Rothkamm

Résumé :

Quand Tina, une jeune Allemande, rencontre Farid, charismatique étudiant en médecine, lors de vacances en Tunisie, elle en tombe amoureuse et l’épouse. Bientôt, les voici parents d’une petite Emira. Mais l’idylle tourne au cauchemar. Farid humilie Tina en permanence et la bat. Pourtant, la jeune femme veut continuer à y croire. Jusqu’au jour où, poussée à bout, elle décide de divorcer. Or, la loi lui interdit d’obtenir la garde d’Emira… La jeune mère n’a alors d’autre choix que d’enlever sa fille de 9 ans et de la ramener en Allemagne. Mais comment faire alors que son ex-mari, aidé par la police des frontières, contrôle ses déplacements ?

L’auteur :

Tina Rothkamm est née en 1971 à Munich. Depuis sa fuite de Tunisie, elle vit avec Emira et sa famille à Düsseldorf.

Mon avis :

Un témoignage fort et émouvant.

Dès le prologue, c’est une plongée dans l’horreur de la vie d’un migrant tunisien quittant son pays pour atteindre l’Europe. C’est pourtant une allemande qui fuit la Tunisie, sur un bateau surpeuplé en direction de Lampedusa.

Ensuite, Tina reprend l’histoire de sa vie au début de sa rencontre avec Farid. Beau, séduisant et charmeur, c’est le coup de foudre dès la rencontre. Leur vie est partagée entre l’Allemagne et le Tunisie. Jusqu’au mariage … Puis, c’est la descente aux enfers, inexorable.

Ce qui est bien décrit, ce sont les sentiments contrariés de Tina sur sa condition : elle tente d’échapper à cette vie de femme soumise mais elle se rend compte qu’elle aime la Tunisie et s’éloigne de ses anciens compatriotes allemands. Difficile de se situer quand on vit dans un nouveau pays et qu’on partage sa culture. Son cœur balance entre les deux. Mais Farid devient de plus en plus difficile. Comment tenir ? Emira, sa fille, est au cœur de ses préoccupations.

L’intérêt du livre réside aussi dans la description de la vie tunisienne et la place occupée par une femme européenne dans une société dirigée par des hommes.

L’écriture est simple, le document apporte un éclairage instructif à cette histoire bouleversante.

Merci aux éditions l’Archipel.

 

Notation :