Des pages et des îles

Tony Parsons : Les anges sans visage

Les anges sans visage
Les anges sans visage

Résumé : Max Wolfe, enquêteur au cœur tendre, flanqué de sa petite fille et de son chien, doit faire face de nouveau à la violence du Londres des quartiers chics. Une famille bourgeoise est retrouvée massacrée dans sa demeure du nord de la ville, le lendemain des fêtes du Premier de l’an. On retrouve les corps du père, de la mère, et de deux adolescents. Mais le plus jeune enfant manque à l’appel. A-t-il été enlevé ? Les victimes ont été assassinées avec un pistolet d’abattage, qui sert habituellement à tuer les gros animaux de boucherie avant qu’on ne les égorge.

 

L’auteur : Né dans le Comté d’Essex, en Angleterre, Tony Parsons abandonne ses études à l’âge de 16 ans ; les jobs mal payés qu’il enchaîne lui laissent le temps de se consacrer à son seul vrai but : la littérature. C’est à la distillerie Gordon’s qu’il commence à écrire son premier roman. Il en conservera une allergie pour le gin toute sa vie… Devenu journaliste, spécialisé dans le punk rock, il traîne avec les Sex Pistols, enchaîne femmes, drogues et nuits sans sommeil. Dix ans plus tard, changement de vie : il connaît un immense succès mondial avec Man and Boy ( Un homme et son fils, Presses de la cité, 2001), publié dans 39 langues, vendu à plus de deux millions d’exemplaires, lauréat du British Book Award.

 

Mon avis :

Un polar efficace qui démarre fort et tient la route tout du long.
Du rythme, des meurtres, un rapt et un enquêteur, papa d’une petite fille, devant jongler entre son métier et son intérieur.

Un livre coup de poing qui joue à fond les contrastes aussi entre les victimes, de riches habitants d’une grande villa et le suspect issu d’une classe sociale défavorisée.

Les riches contre les pauvres et la police, en la personne de Max, qui fait son maximum pour dénouer cette intrigue. Bien sûr le suspect que tout accuse n’est peut-être pas le coupable. Quel est son intérêt dans cette histoire ? Pourquoi le petit garçon de quatre ans a-t-il été enlevé ?

La confrontation entre cette élite et les gens du voyage, quartiers riches de Londres contre terrains vagues, augmente la tension présente pendant tout le récit.
Beaucoup d’action et de suspense, des rebondissements multiples : bref du rythme. On ne s’ennuie pas et la chute n’est pas convenue.

J’ai passé un bon moment avec cet enquêteur et ses mystères, je vous conseille ce polar anglais.

 

Merci aux éditions de la Martinière et à l’agence Anne et Arnaud.

 

Notation :

Patti Smith : M Train

M Train
M Train

Résumé : M Train débute au ‘Ino’, le petit bar de Greenwich Village où elle va chaque matin boire son café noir, méditer sur le monde tel qu’il est ou tel qu’il fut, et écrire dans son carnet. En passant par la Casa Azul de Frida Kahlo dans la banlieue de Mexico, par les tombes de Genet, Rimbaud, Mishima, ou encore par un bungalow délabré en bord de mer, à New York, qu’elle a acheté juste avant le passage dévastateur de l’ouragan Sandy, Patti Smith nous propose un itinéraire flottant au cœur de ses références (on croise Murakami, Blake, Bolaño, Sebald, Burroughs… ) et des événements de sa vie.

 

L’auteur : Auteure, musicienne, chanteuse, peintre et photographe, Patti Smith a acquis la reconnaissance dans les années 1970 pour sa fusion révolutionnaire entre poésie et rock. Son ouvrage « Just Kids » a été récompensé en 2010 par le National Book Award.

 

Mon avis :

Je ne résiste pas à débuter cet avis par la première phrase du livre « ce n’est pas si facile d’écrire sur rien », pour donner le ton de cette balade poétique très bien écrite.

Coup de chapeau pour l’objet livre : rempli de photos en noir et blanc et illustrant le récit, l’auteure est photographe aussi.

Ce livre, très personnel, est un hommage à l’art, tous ceux que Patti affectionnent : la photographie, la musique lorsqu’elle nous parle de Fred et sa guitare et surtout la littérature. J’ai particulièrement apprécié les passages sur la découverte de Haruki Murakami et son attachement à son livre fétiche « Chroniques de l’oiseau à ressort » dont la perte à Houston l’attriste beaucoup.

De Madrid à Berlin ou entre Mexico et New York son port d’attache, nous la suivons évoquant sa jeunesse, son amour des livres et de la photo, Fred son mari. Les moments défilent sans chronologie portés par des réflexions sur la vie, l’absence, le quotidien et ses rituels et sa solitude.

Poétique et touchant, un récit difficile à résumer plutôt à déguster avec un bon café, la boisson favorite de l’auteure.

À découvrir pour entamer avec Patti une réflexion en forme de méditation sur notre condition humaine. A réserver aux amateurs de ce type de récit. Je conseille aussi de lire cet ouvrage par petit bout, faire des pauses pour laisser notre esprit digérer sa prose puis y revenir, ou bien, ce que j’ai fait, d’alterner avec une autre lecture.

 

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices Elle 2017.

 

Notation :

Helen MacDonald : M pour Mabel

M pour Mabel
M pour Mabel

Résumé : Enfant, Helen rêvait d’être fauconnier. Elle nourrit des années durant son rêve par la lecture. Devenue adulte, elle va avoir l’occasion de le réaliser. De manière brutale et inattendue, son père, journaliste qui a marqué profondément sa vision du monde, s’effondre un matin dans la rue. Terrassée par le chagrin, passant par toutes les phases du deuil, le déni, la colère, la tristesse, Helen va entreprendre un long voyage physique et métaphysique. Elle va se procurer un rapace de huit semaines, le plus sauvage de son espèce, Mabel. Réputé impossible à apprivoiser.

 

L’auteur : Helen Macdonald est écrivain, illustratrice, historien, naturaliste. Elle est chargée de recherches au Département d’Histoire et de Philosophie des Sciences de l’Université de Cambridge.

 

Mon avis :

Mon premier « nature writing », c’est-à-dire un récit avec une nature omniprésente agrémenté de considérations philosophiques.

Une découverte dont je ressors avec un avis en demi-teinte.

L’auteure décide de se procurer un autour et de le dresser : une échappatoire pour oublier la douleur de la perte de son père. Choisir un autour, sorte d’épervier, réputé le plus difficile à éduquer, c’est prendre des risques et se remettre en question. Son but : se réfugier dans le dressage de l’autour en se concentrant sur le moment présent, la nature, le soleil et son rapace. Ainsi, Helen va tout faire pour se retrouver après ce deuil et se reconstruire.

Le récit est entrecoupé de passages en hommage à l’auteur anglais T. H. White qui entreprit aussi de dresser un rapace.

Je n’ai pas été emballée par cette lecture : je me suis ennuyée en lisant les nombreuses descriptions souvent techniques sur le dressage des rapaces. L’ensemble est plat, le lecteur suit le parcours d’Helen sans le sentiment d’empathie auquel on devrait s’attendre.

Pour les côtés positifs : essentiellement une belle écriture qui garde le lecteur en contact.
A réserver aux amateurs de « nature writing » inconditionnels de rapaces.

Merci à Babelio et aux éditions Fleuve Éditions.

Notation :

Anna Hope : Le chagrin des vivants

Le chagrin des vivants
Le chagrin des vivants

Résumé : Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d’hommes ont disparu, cette cérémonie d’hommage est bien plus qu’un simple symbole, elle recueille la peine d’une nation entière. À Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d’anciens soldats sur la piste du Hammer-smith Palais pour six pence la danse.

 

L’auteur : Anna Hope est née à Manchester. Elle a ensuite étudié à Oxford et à Londres. Le chagrin des vivants est son premier roman.

 

Mon avis : Délicat et touchant, voici un très beau roman à découvrir.

Lumineux, tout en nuances subtiles, nous suivons trois femmes secouées par la première guerre mondiale. A Londres, la plus jeune gagne sa vie en monnayant ses danses. La deuxième, Evelyn, travaille dans un organisme qui accueille les soldats dans leurs réclamations autour de leurs pensions. Quant à Ada, plus âgée, femme au foyer, elle attend que son fils rentre. Celui-ci a été déclaré disparu mais aucune précision n’a été apportée aux parents ni sur les circonstances du décès ni sur l’endroit où il a été enterré. Ada refuse sa mort et le voit dehors ou dans sa maison, elle est très perturbée.

Nous sommes en 1920, chacune souffre de la perte ou des blessures d’un proche tout en assurant le quotidien. Les femmes ont dû remplacer les hommes dans leur travail pendant la guerre et au-delà lorsqu’ils ne sont pas rentrés. La détresse de ses femmes est palpable, le lecteur partage leur peine et doutes. Leur vie est devenue tellement compliquée dans ces années d’après guerre : les rares hommes qui restent sont éclopés et ressemblent à des fantômes.

Pour ces femmes, leur quotidien se résume à cette question : comment se reconstruire avec le poids de ce passé ?

Après avoir passé les premières pages qui m’ont paru embrouillées avec les nombreux aller-retour entre les personnages, le rythme s’installe ensuite et nous commençons à cerner les héroïnes. Le style devient plus fluide.

Une belle plume et beaucoup de dialogue dépeignent des personnages attachants et émouvants. Une atmosphère et ambiance parfaitement restituées, telle la photo de la belle couverture, l’auteure a réussi à nous immerger dans ces années 20.

Un beau premier roman que je recommande.

 

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices Elle 2017.

Notation :

Jonathan Galassi : Muse

Muse
Muse

Résumé : Paul Dukach est l’héritier présomptif de Purcell & Stern, l’une des dernières maisons d’édition américaines indépendantes, dont les bureaux miteux, au cœur de New York, dissimulent un catalogue fabuleux. Il apprend les ficelles du métier aux côtés du flamboyant président de la maison, Homer Stern : comment s’attirer les bonnes grâces d’un agent littéraire au cours d’un déjeuner en ville, survivre au milieu des requins de l’édition à la foire de Francfort et, surtout, ménager les égos fragiles des auteurs aussi éblouissants que versatiles qu’il chérit. Mais un écrivain fait l’objet de l’adoration sans bornes de Paul : la poète Ida Perkins, dont les vers et la vie ont façonné le paysage littéraire contemporain de l’Amérique, et dont l’éditeur – qui se trouve être son cousin et ancien amant – est le plus grand rival d’Homer.

 

L’auteur : Président des prestigieuses éditions Farrar, Straus & Giroux, Jonathan Galassi est un acteur essentiel du monde de l’édition aux États-Unis. Auteur de trois recueils de poésie, traducteur des poètes Eugenio Montale et Giacomo Leopardi, éditeur de poésie pour The Paris Review, il écrit aussi pour The New York Review of Books, entre autres publications.

 

Mon avis :

Un ovni littéraire pour tous ceux qui rêvent de connaître le monde de l’édition. Les amoureux de littérature pourront s’intéresser à ce texte, pour les autres cela reste à confirmer.
C’est un roman écrit pour des aficionados, la langue plutôt riche et au style parfois ampoulé ne me paraît pas à la portée de tous. Aimer la poésie peut également aider à la lecture.

Après ces précisions, sachez que nous suivons Paul, un éditeur passionné de poésie. Il vénère Ida, la poétesse; l’auteur a eu l’idée de glisser des poèmes dans le texte pour nous immerger dans l’ambiance.
Paul soutenu par Homer, le président de la maison d’édition, fera tout pour publier son idole. Nous sommes plongés dans les arcanes du monde éditorial new-yorkais : nous y découvrons ce monde de l’édition et les rapports entre écrivains et agents littéraires.

Un premier roman qui rend hommage à la littérature et nous offre une peinture d’un milieu que nous lecteurs côtoyons sans le connaître.
À découvrir en cette rentrée littéraire.

Merci à l’agence Anne et Arnaud et aux éditions Fayard.

 

Notation :