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Dominique Faget : Les sanglots de Pierre

Les sanglots de Pierre
Les sanglots de Pierre

Résumé :

Hortense règne d’une main de maître sur le domaine de La Louvière. Cette femme indomptable et forte a connu des années difficiles. La Grande Guerre lui a volé son mari, le grand amour de sa vie, et son fils aîné est mort lors de la Seconde guerre mondiale. En cet été 1955, elle aurait mérité que sa vie soit enfin douce et tranquille… Mais tout est compliqué par les manigances de son petit-fils qui projette de transformer le domaine familial en maison d’hôtes. Sans compter également ces meurtres qui se produisent dans le voisinage.

L’auteur :

Dominique Faget vit en Gironde où elle situe le cadre de ce roman. Elle est l’auteur de trois autres ouvrages, notamment Celui qui ne meurt pas, un best-seller qui a remporté le Prix VSD du Polar.

Mon avis :

Un polar historique avec une touche de terroir, un mélange de genre intéressant et original.

De plus, la promesse tient la route : j’ai passé un bon moment avec ce roman.

La lecture est fluide, l’auteure alterne les époques d’un chapitre à l’autre : l’époque des rafles pendant la seconde guerre mondiale et dix ans plus tard.

Le lien entre les années sombres et les événements dramatiques actuels se tisse progressivement et nous tient en haleine tout au long de l’histoire.

Juliette, la jeune héroïne, doit faire face à des cauchemars horribles qu’elle ne raconte pas; déjà choquée, son désarroi s’amplifie après le premier meurtre commis près de chez elle. Comment expliquer ces visages horribles qui semblent la poursuivre à la nuit tombée ? D’autres meurtres sont commis et les cauchemars continuent. Malgré la dureté de l’époque, la famille juive recueillie par Hortense et les siens trouve du réconfort auprès d’eux et l’espoir renaît. Celui qui est resté à Paris semble avoir moins de chance.

Nous tournons les pages rapidement pour connaître leurs destins et nous nous attachons à tous ces personnages.

Une lecture avec du suspense et du fond historique.

Avis aux amateurs.

Notation :

Sonja Delzongle : Boréal

Boréal
Boréal

Résumé :

Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s’envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. Le lendemain a lieu la première disparition.

L’auteur :

Née en 1967 d’un père français et d’une mère serbe, Sonja Delzongle a grandi entre Dijon et la Serbie. Elle a mené une vie de bohème, entre emplois divers (les plus marquants ayant été le commerce artisanal africain-asiatique et la tenue d’un bar de nuit) et écriture. C’est en 2011 qu’elle commence l’écriture de Dust,son premier livre. Sa passion pour l’Afrique, qui remonte à sa petite enfance, l’a amenée à y faire de multiples séjours. Sonja Delzongle, dont la jeunesse a été marquée par la guerre en Serbie, a été confrontée en Afrique à une autre vision de la violence et de la misère, et a voulu l’explorer dans son premier livre.

Mon avis :

Très forte Sonja Delzongle, je dirai même redoutable : une lecture coup de poing.

J’ai lu ses deux précédents livres qui m’ont déjà impressionnée, celui-ci est encore plus fort.

Je suis restée scotchée , accrochée à l’histoire tout du long , l’abandonner me laissant un manque à chaque fois : un vrai page-turner. A lire de toute urgence.

Contrairement aux précédents livres, Sonja ne nous embarque pas aux côtés d’Hanah Baxter la profileuse. Nous partons au Groenland vivre une grande aventure. Oui mais une aventure sous forme de thriller.

Huit scientifiques de nationalités différentes se retrouvent dans une station au Groenland pour une mission regroupant sismologue, climatologue et géologue. Rapidement confrontés à un événement exceptionnel et anormal, ils font appel à une consœur biologiste qui les rejoindra bientôt.

Après, difficile d’en dire plus sur l’histoire sauf à mentionner des disparitions inquiétantes, une nature très hostile, la nuit polaire qui s’installe (une nuit sans fin). Tellement d’événements incroyables encore…

Le mieux est de vous laisser entre les mains de Boréal, un livre passionnant, émouvant, glaçant aussi. Ah j’allais oublier, enrichissant et très bien documenté aussi : sur la situation au Groenland et les conséquences écologiques de notre société. Des vérités dérangeantes.

Un récit époustouflant qui nous « prend aux tripes » et nous laisse pantelant après la lecture.

Précipitez-vous sur ce livre.

Parution aux Editions Denoël collection Sueurs froides mars 2018.

Notation :

Ragnar Jónasson : Nátt

Nátt
Nátt

Résumé

C’est l’été à Siglufjördur. Le climat de ce village du nord de l’Islande est si rude que le jeune policier Ari Thór voit arriver avec soulagement cette saison où le soleil brille à toute heure du jour et de la nuit. Mais le répit est de courte durée. Un homme battu à mort est découvert sur les bords d’un fjord tranquille. Une jeune journaliste vient fouiner d’un peu trop près. Que cherche-t-elle à découvrir ? Ou à étouffer ?

Surtout, l’éruption spectaculaire de l’Eyjafjallajökull recouvre peu à peu toute l’Islande d’un épais nuage de cendres.

L’auteur

Né à Reykjavik, Jónasson a traduit plusieurs des romans d’Agatha Christie en islandais, avant d’écrire ses propres enquêtes. Sa famille est originaire de Siglufjördur. Mörk a été élu « Meilleur polar de l’année 2016 » selon le SundayExpress et le Daily Express, et a reçu le Dead Good Reader Award en Angleterre.

Mon avis :

Un polar qu’on ne lâche pas : troisième opus réussi pour ce jeune auteur islandais.

Emballée par les deux premières enquêtes, je n’ai pas été déçue par celle-ci. J’y ai retrouvé les mêmes ingrédients que précédemment : suspense, enquête passionnante, personnages attachants et nature grandiose.

Ari Thór, l’enquêteur, est engagé et pugnace : il ne lâchera rien.

Pourtant, tout est compliqué dans cette enquête : un meurtre sauvage, le nuage de cendres qui recouvre la capitale rendant l’atmosphère irrespirable, des policiers perturbés et une journaliste au passé trouble.

La lecture est très fluide et addictive, cet auteur est doué pour nous embarquer dans une enquête complexe avec de multiples résonances dans un passé trouble.

Le décor islandais ajoute bien sûr une touche angoissante, toute cette cendre qui oppresse les habitants de la capitale y contribue aussi.

Noirceur humaine et miasmes gris dûs à l’éruption du volcan, un mélange détonnant.

Nátt signifie nuit en islandais, un titre parfait.

Un bon conseil : bloquez votre agenda et lancez-vous dans cette lecture, vous ne serez pas déçu.

Notation :

Angela Huth : Valse hésitation

Valse hésitation
Valse hésitation

Résumé :

Clare est de moins en moins sûre du rôle que les hommes devraient tenir dans sa vie. Son premier mari, Richard, était plus âgé qu’elle, et son mépris pour la jeunesse de Clare s’était peu à peu transformé en une glaciale indifférence. Jonathan, son deuxième mari dont elle est séparée provisoirement, est trop coulant : excessivement attentionné et inquiet, non sans une touche de pédanterie.

Joshua, rencontré à une fête, est d’un tout autre genre. Il commence par l’impressionner en écrasant sa cigarette sur son pouce, et sa désinvolture n’est pas loin de la séduire complètement.

L’auteur :

Née en 1938, Angela Huth est l’auteur de quelques recueils de nouvelles et de nombreux romans. L’un d’eux, Les filles de Hallows Farm, a été adapté à l’écran en 1998 sous le titre Trois anglaises en campagne. Il met en scène trois « Land girls », ces femmes aidant aux travaux agricoles durant la seconde Guerre Mondiale. Angela Huth est également l’auteur de L’invitation à la vie conjugale, Tendres silences, Souviens-toi de Hallows farm et Quand rentrent les marins. Ses romans abordent les thèmes de l’amitié, les relations de couple et les non-dits avec une rare subtilité.

Mon avis :

Chaque livre d’Angela Huth se déguste à l’anglaise avec une tasse de thé et calé dans un bon fauteuil. Pas d’hésitation, plongez-vous dans cette chronique tendre et mélancolique.

Clare, séparée de son deuxième mari, vit seule dans une maison « petite, proprette, jolie ». Tout commence par la dégustation d’un thé accompagné de biscuits au gingembre qui réunit Clare et sa nouvelle amie Mrs Fox. Dans le salon, au-dessus de la cheminée le portrait du premier mari de Clare qui vient de décéder, et la photo de son deuxième mari un peu plus loin : le décor est posé qui résume la vie de la jeune femme.

Mrs Fox bien plus âgée que Clare est énergique et pleine de fantaisie. Sa présence égaye l’existence morose de la jeune femme. La rencontre de Joshua sera le deuxième électrochoc dans sa vie : après un premier mari âgé et volage puis un deuxième ultra protecteur et intrusif, Clare aspire à une nouvelle vie.

Quitter sa prison dorée et s’affirmer, en aura-t-elle la force ?

J’ai aimé cette belle réflexion sur le couple et la position de la femme, le ton ironique parfois et l’écriture impeccable.

Je salue aussi la traduction remarquable d’Anouk Neuhoff.

Vous reprendrez bien une tasse de thé en compagnie d’un bon livre ? Celui-ci sera un bon compagnon.

Merci aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Caryl Férey : Condor

Condor
Condor

Résumé :

Dans le quartier brûlant de La Victoria, à Santiago, quatre cadavres d’adolescents sont retrouvés au cours de la même semaine. Face à l’indifférence des pouvoirs publics, Gabriela, jeune vidéaste mapuche habitée par sa destinée chamanique et les souffrances de son peuple, s’empare de l’affaire. Avec l’aide de son ami Stefano, militant rentré au Chili après plusieurs décennies d’exil, et de l’avocat Esteban Roz-Tagle, dandy abonné aux causes perdues qui convertit sa fortune familiale en litres de pisco sour, elle tente de percer le mystère.

L’auteur :

Caryl Férey, né en 1967, écrivain, voyageur et scénariste, s’est imposé comme l’un des meilleurs auteurs du thriller français en 2008 avec Zulu, Grand Prix de littérature policière 2008 et Grand Prix des lectrices de Elle Policier 2009, et Mapuche prix Landerneau polar 2012 et Meilleur Polar français 2012 du magazine Lire.

Mon avis :

Je ne connaissais pas encore cet auteur et je n’ai pas été déçue, au contraire, je suis emballée par cette lecture.

Une intrigue bien ficelée et un rythme infernal : tout pour être accroché tout au long du récit.

J’ai été captivée dès les premières pages et cela démarre fort. Gabriela, la jeune videaste mapuche, est entraînée dans une enquête pour découvrir les raisons du décès d’un adolescent. Celui-ci est le fils d’un ami et en filmant, elle obtient des informations qui devraient aider la police. Elle demande l’aide d’un avocat spécialisé dans les causes perdues.

Ils vont former un tandem étonnant : elle est pauvre, d’une ethnie opprimée et lui est un riche blanc. Tout les oppose sauf leur envie de défendre les plus défavorisés.

L’enquête démarre sur les chapeaux de roues et le rythme reste trépidant tout du long.

Les personnages secondaires sont attachants, Stefano le protecteur de Gabriela et le prêtre qui défend la population de ce village défavorisé.

Au travers de ce récit, toute l’histoire contemporaine du Chili défile sous nos yeux. C’est dur, comme l’histoire de ce pays et passionnant.

Un très bon thriller à ne pas manquer.

Merci aux éditions Folio.

Notation :