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Paulette Jiles : Des nouvelles du monde

Des nouvelles du monde
Des nouvelles du monde

Résumé :

Hiver 1870, le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas et lit à voix haute des articles de journaux devant un public avide des nouvelles du monde : les Irlandais migrent à New York ; une ligne de chemin de fer traverse désormais le Nebraska ; le Popocatepetl, près de Mexico, est entré en éruption. Un soir, après une de ses lectures à Wichita Falls, on propose au Capitaine de ramener dans sa famille, près de San Antonio, la jeune Johanna Leonberger. Quatre ans plus tôt, la fillette a assisté au massacre de ses parents et de sa sœur par les Kiowas qui l’ont épargnée, elle, et élevée comme une des leurs. Le vieil homme, veuf, qui vivait jadis de son métier d’imprimeur, profite de sa liberté pour sillonner les routes, mais l’argent se fait rare. Il accepte cette mission, en échange d’une pièce d’or, sachant qu’il devra se méfier des voleurs, des Comanches et des Kiowas autant que de l’armée fédérale.

L’auteur :

Paulette Jiles est née dans le Missouri en 1943. Poète, auteur de mémoires et romancière, elle a notamment publié aux États-Unis The Colour of Lightning et Lighthouse Island. Elle vit dans un ranch près de San Antonio, au Texas.

Mon avis :

Un formidable roman avec lequel j’ai passé un très beau moment, un gros coup de cœur, à lire absolument. A la fois original et surprenant, ce titre m’a passionnée et j’espère vous convaincre de le découvrir aussi.

J’ai aimé : les décors de ce Texas au dix-neuvième siècle et l’histoire autour de ces deux personnages principaux, si éloignés l’un de l’autre au départ, qui s’apprivoisent.

Le vieil homme, qu’on appelle le capitaine, gagne sa vie en lisant, en public, les nouvelles du monde. Il croise la route d’une gamine, enlevée par des indiens, qu’il doit ramener à sa famille. De Wichita à San Antonio via Dallas, la route est longue en chariot. La petite a oublié le monde des blancs et réagit comme une Kiowa, la tribu qui l’a élevée pendant quatre ans. Les chemins parfois mal fréquentés et les réactions de la fillette compliquent énormément la vie au capitaine. Pourtant, ils poursuivent leur chemin et des liens se tissent entre eux.

Ce western littéraire est aussi une fabuleuse aventure humaine.

Bouleversant et touchant, la rencontre de ces deux êtres bouleversera leur vie. Notre plaisir de lecture est renforcé par la belle plume et la poésie qui émaille tout le texte.

Pour achever de vous convaincre, voici un test :

⁃ aimez-vous les grands espaces ?

⁃ Avez-vous envie d’un bon western ?

⁃ Êtes-vous plutôt du côté des indiens que des cowboys ?

Si vous répondez « oui » aux trois questions, précipitez-vous, ce roman est pour vous.

Paru aux Éditions de la Table Ronde dans la collection Quai Voltaire.

Ci-dessous la photo du périple de nos deux héros.

Notation :

Christine Détrez : My Bloody Valentine

My Bloody Valentine
My Bloody Valentine

Résumé :

Paul n’a pas dérogé à la tradition : passer le mois d’août en Corse, retrouver la villa louée chaque année avec un couple d’amis de longue date, leurs deux fils et Valentine, la petite amie de l’aîné. Mais, cette année, il est venu avec Delphine, sa nouvelle compagne, et ses deux fils adolescents. Joyeuse tribu en apparence qui s’adonne au farniente dans la touffeur de l’été. En apparence seulement, car le terrain est miné pour Delphine. Différence de revenus, de centres d’intérêt, animosité de la toute petite fille de Paul, les souvenirs des étés d’avant avec l’ex planent, et Delphine ne sait pas où poser le pied sans faire de gaffes. Pourtant c’est d’ailleurs que viendra le vrai danger.

L’auteur :

Ancienne élève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, Christine Détrez est professeur de sociologie à Lyon. Elle est l’auteure de nombreux essais de sociologie. My Bloody Valentine est son quatrième roman.

Mon avis :

Un roman qu’on ne lâche pas, c’est très tendu et tellement réaliste, vous allez souffrir avec Delphine.

C’est une « mère courage », qui se débat pour tout réussir : sa vie de maman, de belle-mère et accessoirement sa vie de couple.

Lorsque son nouveau compagnon, Paul, lui propose de partir en vacances en Corse avec ses amis et sa fille, Delphine est heureuse. Une occasion de réunir tout la famille se dit-elle. Pour le positif : le paysage superbe, c’est la Corse et la maison surplombe la mer. Le reste est très compliqué : les enfants adolescents sont difficiles, la fille de Paul ne pense qu’à sa mère et les amis de Paul snobent Delphine.

Les jours passent et la situation se dégrade, Valentine, la sulfureuse copine de l’un des adolescents fera basculer la situation.

L’auteure a l’art de dépeindre parfaitement les rapports compliqués entre les différents membres de la famille. Nous ressentons la détresse et la solitude de Delphine, comme un grand cri de douleur.

Un récit court et tranchant sur la famille et la position de mère qui ne vous laissera pas indifférent.

Parution le 3 mai 2018 aux Éditions Denoël dans la Collection Romans français.

Notation :

Évelyne Neron Morgat : A la vie, à la mer

A la vie, à la mer
A la vie, à la mer

Résumé :

Désormais bien installée dans son entreprise ostréicole artisanale, Mélina ne parvient pas à tourner la page de son histoire d’amour avec Nathanaël. Celui-ci ne vit plus que pour Evaëlle, sa petite fille de deux ans, déchiré entre un passé qui le rattrape et le devenir incertain de son métier. Subissant le dictat du machiavélique et vénal Rodolphe régnant en maître sur le port, le jeune marin doit aussi se battre pour défendre son avenir.

L’auteur :

Native de l’île d’Oléron, petite-fille d’ostréiculteur et femme de marin-pêcheur, Évelyne Néron Morgat souhaite partager ces traditions maritimes en faisant vivre à travers ces pages les aventures d’une femme passionnée au destin hors du commun.

Mon avis :

Un roman régional dont l’intrigue se situe à l’île d’Oleron.

Tentée par ce contexte insulaire et par le milieu de pêcheurs très peu raconté dans les livres, je n’ai pas été déçue.

Mélina, l’héroïne est une jeune femme courageuse qui travaille dur pour produire des huîtres. Ses amis et proches sont des pêcheurs qui se débattent pour survivre notamment face aux quotas imposés. Un contexte difficile, l’entraide est présente heureusement et nécessaire à la survie de ces pêcheurs.

L’auteure réussit à nous immerger complètement dans ce monde maritime et nous suivons avec intérêt le destin de Mélina, de Nathanaël le pêcheur et de leurs amis.

Ce livre n’est pas à mon sens un roman noir mais plutôt une chronique régionale qui nous donne envie d’aller se promener sur l’île d’Oleron.

L’écriture est fluide et l’histoire bien construite.

Un roman agréable que je vous conseille.

Publié aux Éditions Incartades.

Notation :

Claude Serillon : Un déjeuner à Madrid

Un déjeuner à Madrid
Un déjeuner à Madrid

Résumé :

8 juin 1970, Madrid, Palais du Pardo. Francisco Franco, 77 ans, reçoit Charles de Gaulle, 79 ans. L’un est au pouvoir de façon implacable depuis trente-et-un ans, l’autre ne l’est plus depuis un an. Franco, l’allié des nazis ; De Gaulle, symbole de la Résistance. Tout semble les opposer, pourtant ils se rencontrent. Pourquoi déjeunent-ils ensemble, presque en familiers ? « Où s’est perdue la pensée du Général ? » Ce déjeuner, dont la teneur est restée secrète pendant longtemps, interroge, intrigue et fascine.

L’auteur :

Journaliste français, notamment à la télévision, Claude Sérillon a aussi publié des essais, des encyclopédies, des romans et des recueils de nouvelles. Il a été finaliste du prix Goncourt de la nouvelle 2017.

Mon avis :

Un fait historique oublié revisité, voici un roman très intéressant basé sur des faits réels.

Incroyable, un épisode que je ne connaissais pas : pourquoi ces deux généraux, si éloignés politiquement, se sont-ils rencontrés ?

La presse espagnole en a fait écho contrairement aux journaux français bien silencieux.

Cela se passe en 1970, juste après le référendum de 1969 qui a éloigné De Gaulle du pouvoir. Ce que l’on sait : le général souhaitait visiter l’Espagne, y aller en touriste et forcément rencontrer Franco pendant son voyage.

Parlons du trajet : en voiture, deux DS noires sont affrétées avec deux chauffeurs. Ils dormiront dans le Lot après six cent kilomètres parcourus. Un détour est ensuite organisé pour voir la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Arrivé à Madrid, le général est l’invité de Franco, malgré son insistance pour payer sa note, impossible, tout a déjà été réglé.

Pour l’entrevue au Prado, l’auteur nous le dit : les dialogues ont été recréés à partir de discours réels et notes. Grâce à des recherches historiques importantes, le roman nous livre une vision très vraisemblable.

Les dialogues sonnent juste et nous éclairent sur cette période et ces deux hommes de pouvoir.

En lisant ce livre, j’ai pensé à la pièce de théâtre «  Le Souper » qui réunit Fouché et Talleyrand, deux hommes puissants que tout oppose également.

Je vous conseille cette lecture passionnante.

Merci à l’agence Anne et Arnaud pour cette découverte.

Notation :

Lesley Blanch : Croquis d’une vie de bohème

Croquis d’une vie de bohème
Croquis d’une vie de bohème

Présentation : En 1944, Lesley Blanch, issue d’une famille bourgeoise londonienne, épousa Romain Gary, qui ferait d’elle l’héroïne de Lady L. Cette aventurière spirituelle était alors illustratrice, décoratrice de théâtre et chroniqueuse pour l’édition britannique de Vogue. La carrière diplomatique de son mari la mena à Paris, Sofia, New York, en Bolivie et, enfin, à Hollywood, où elle côtoya quantité de stars. Quand Gary la quitta pour Jean Seberg, elle partit, en solitaire cette fois, visiter les pays dont elle rêvait : la Sibérie, la Mongolie, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan… Rien d’étonnant à ce que Georgia de Chamberet, sa filleule, l’ait incitée à rédiger ses Mémoires : aux souvenirs d’enfance de cette femme devenue une légende de son vivant s’ajoutent ici ses meilleurs articles de mode et de voyage, des dessins ainsi qu’un récit très personnel sur sa vie avec Romain Gary.

Mon avis :

Paru aux éditions de la Table Ronde et préfacé par Georgia de Chamberet, c’est un très bel ouvrage, rempli de dessins de l’auteure, que je vous recommande chaudement.

J’ai découvert un écrivain que je ne connaissais pas et, ses talents ne se limitant pas à l’écriture, une illustratrice et décoratrice de théâtre révélée avec les dessins parsemant cet ouvrage.

Lesley, née en 1904, a eu une vie bien remplie, traversant les deux premières guerres mondiales, ayant une carrière dans la presse, a épousé un grand écrivain et beaucoup voyagé.

Cette grande dame force l’admiration et on ne peut résumer la vie de Lesley à son mariage avec Romain Gary. Ce mariage a duré dix-huit ans, elle nous le raconte dans le texte reproduit dans cet ouvrage. Deux écrivains épris de vie, d’aventures et de liberté qui ont côtoyé d’autres artistes et écrivains comme Truman Capote, Georges Simenon ou Marlène Dietrich.

J’ai aimé l’autre facette de Lesley, sans paillette : la voyageuse qui parcourt de nombreux pays comme le Mexique, la Russie, la Perse, l’Afghanistan. Dans ses récits de voyage, elle nous explique qu’elle aime voyager en train car ils ont « un pouvoir magique », et n’aime pas l’avion. Elle préfère voyager seule pour le plaisir du vagabondage et de la rêverie sans planifier tout à l’avance. Elle nous décrit les peuples avec leurs croyances, les paysages et la cuisine locale. Immersion totale garantie.

Une grande dame anti-conformiste et érudite que je suis ravie d’avoir découvert.

Plongez-vous aussi dans ce beau livre et partez à l’aventure.

Ce bel ouvrage ferait aussi une belle idée de cadeau pour la fête des mères.

À retrouver aux Editions de la Table Ronde.

Notation :