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Éric Genetet : Un bonheur sans pitié

Un bonheur sans pitié

Résumé 

« Je n’aurais jamais imaginé devenir cette fille-là. Personne ne peut comprendre pourquoi je ne le quitte pas, je l’ignore moi-même. »

Après quelques mois d’une passion enivrante et sans nuage, Marina sait qu’elle a enfin trouvé le bonheur avec Torsten. Mais un jour, le masque se fissure et il révèle son vrai visage. Emportée par ses sentiments, Marina pardonne inlassablement et s’habitue à l’inacceptable, jusqu’à se perdre et sombrer.

L’auteur 

Né en 1967, Éric Genetet vit entre Strasbourg et Paris. Il est l’auteur de Solo, Le Fiancé de la lune, Et n’attendre personne et Tomber (prix Folire et prix de la Ville de Belfort 2016).

Mon avis 

Une descente aux enfers inexorable : nos nerfs sont mis à rude épreuve !

Court et dense, une lecture qui ne peut vous laisser indifférent. 

J’ai vécu le calvaire de Marina en  restant accrochée à la lecture : en apnée jusqu’à la fin. J’ai lu vite ne pouvant me détacher de ce couple infernal.

Après la conquête de Marina,  Torsten fait tomber son masque de « gentil » et se révèle sous sa vraie personnalité de dominateur. Marina devient sa chose. Celle-ci, toujours amoureuse, tente de résister et s’accroche aux quelques moments de répit. Elle ne comprend pas son attitude et lui trouve des excuses.

L’auteur alterne les points de vue de Marina et de Torsten, elle désespérée et lui estimant qu’il l’aide beaucoup.

Un récit haletant qui dénonce l’emprise, la domination d’un homme et l’acceptation de la femme. 

Après lecture, j’ai pris un temps pour souffler et réfléchir à cette lecture.

Je vous recommande chaudement ce texte.

Paru aux Éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Dominique Fortier : Au péril de la mer

Au péril de la mer




Résumé 

Aux belles heures de sa bibliothèque, le Mont-Saint-Michel était connu comme la Cité des livres. C’est là, entre les murs gris de l’abbaye, que, au XVe siècle, un peintre rencontra un amour incandescent qui le hanta à jamais et c’est là qu’il découvrit, envoûté par les enluminures, la beauté du métier de copiste. C’est également là, entre ciel et mer, que cinq cents ans plus tard une romancière viendra chercher l’inspiration. Est-il encore possible d’écrire quand on vient de donner la vie ?

L’auteur 

Dominique Fortier est née à Québec et vit aujourd’hui à Montréal. Après un doctorat en littérature française à l’université McGill, elle exerce notamment le métier de traductrice. Son premier roman, Du bon usage des étoiles (2008), a remporté le prix Gens de mer du festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo. Elle a depuis publié Les Larmes de saint Laurent et, en compagnie de Nicolas Dickner, Révolutions. La Porte du ciel, son troisième roman, a été publié aux Escales en 2017.

Mon avis

Une lecture atypique et très poétique : un bel hommage au Mont Saint Michel et aux livres.

Dès les premières pages, la beauté du style enchante le lecteur : l’abbaye du Mont Saint Michel et les aventures du peintre amoureux d’une fille de riches marchands sont étroitement liées. La vie du peintre et des moines est bien retracée, les mots choisis, classiques, traduisent parfaitement l’ambiance du Moyen-Age : un voyage dans le temps bien agréable.

J’ai par contre été décontenancée par le découpage du livre, linéaire et fluide au départ, j’ai ensuite été un peu perdue par les alternances de chapitres entre les périodes moyenâgeuses et la partie contemporaine. Le récit devient plus complexe à suivre, c’est dommage.

Un roman qui ravira surtout les amateurs d’ouvrages historiques très bien documentés.

Lancez-vous dans la découverte de ce récit et n’hésitez pas à me donner vos ressentis.

Paru aux éditions Les Escales.

Notation :

Anna Hope : La salle de bal

La salle de bal

Résumé :

Lors de l’hiver 1911, Ella Fay est internée à l’asile de Sharston, dans le Yorkshire, pour avoir brisé une vitre de la filature où elle travaillait depuis l’enfance. Révoltée puis résignée, elle participe chaque vendredi au bal des pensionnaires, unique moment où hommes et femmes sont réunis. Elle y rencontre John, un Irlandais mélancolique. Tous deux dansent, toujours plus fébriles et plus épris. À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades, dont les conséquences pourraient être désastreuses pour Ella et John. 

L’auteur :

Anna Hope est née à Manchester. Elle a ensuite étudié à Oxford et à Londres. Elle est l’auteur d’un premier roman très remarqué « Le chagrin des vivants ». « La salle de bal » a été récompensé par le Grand Prix des lectrices de Elle en 2018.

Mon avis :

Particulièrement poignant, un livre coup de cœur qui m’a beaucoup émue.

Trois personnages principaux se relayent pour nous conter cette histoire : Ella, John et Charles.

Après avoir brisé une vitre dans son usine, Ella se retrouve enfermée dans un asile. Le docteur Fuller, Charles, valide son admission. John, un irlandais taciturne enfermé également, creuse des tombes sous le contrôle de surveillants haineux.

Ella ne comprend pas ce qu’elle fait dans un asile mais son admission est confirmée, enfermée et battue, elle finit par accepter. 

Dans cet univers oppressant, Charles, le docteur décide de proposer des bals hebdomadaires : musique et danse sont réservées aux pensionnaires les plus sages. Chaque vendredi, ils sont ainsi sélectionnés pour y participer.

Ella et John vont se rencontrer au cours de l’un de ses bals.

La grande idée de Charles est de stériliser ces faibles d’esprit pour diminuer les dépenses de santé et assainir la population britannique : pratiquer l’eugénisme.

Ce pan de l’histoire anglaise peu connu est véridique : Churchill lui-même y était favorable, les députés ne l’ont pas validé. En fin de roman, l’auteure nous explique  ce contexte tout en expliquant qu’un de ses aïeux a été enfermé dans ce type d’établissement. Elle a enquêté et décidé d’écrire une fiction pour raconter ce pan de l’histoire britannique.

J’ai eu le cœur serré par ce récit terriblement émouvant dans lequel des pauvres ou des rebelles qui se sont opposés à la société se retrouvent enfermés dans ces asiles. Cela fait froid dans le dos.

L’écriture est très fluide, les personnages attachants et l’histoire captivante : une lecture nécessaire à ne pas manquer.

Paru aux éditions Folio.

Notation :

Karen Viggers : Le bruissement des feuilles

Le bruissement des feuilles

Résumé 

Miki, dix-sept ans, vit coupée du monde depuis l’incendie qui a coûté la vie à ses parents. Sous le joug de son frère Kurt, un chrétien fondamentaliste, elle travaille comme serveuse dans leur restaurant et le soir, se rêve en héroïne de romans. Lors d’une escapade secrète en forêt, elle fait la rencontre de Leon, un garde forestier tout juste installé en Tasmanie. Les deux jeunes gens se donnent alors une mission extraordinaire : sauver les diables de Tasmanie de l’extinction.

Au cœur de paysages somptueux, le combat inoubliable d’une jeune fille pour protéger la nature et se sauver elle-même.

L’auteur 

Née à Melbourne, Karen Viggers est vétérinaire, spécialiste de la faune sauvage. Elle exerce dans divers milieux naturels, y compris l’Antarctique. Elle vit aujourd’hui à Canberra où elle partage son temps entre son cabinet et l’écriture.

Mon avis

J’ai adoré ce voyage au cœur de la Tasmanie, autant pour ses personnages attachants que pour son décor grandiose. 

Cela peut paraître étonnant mais je découvre seulement cette auteure australienne, très connue depuis son best-seller « La mémoire des embruns ».

À la fois roman d’aventure et initiatique, nous suivons deux héros : Miki, jeune fille isolée sous le joug de son frère tyrannique et Leon, un jeune homme qui décide de commencer une nouvelle vie loin de ses parents.

Miki va rencontrer une femme amoureuse de la littérature comme elle, les livres les rapprochent tandis que Leon se lie avec Max, un jeune voisin.

Amoureuse de la nature et plus particulièrement des eucalyptus, Miki est heureuse lorsqu’elle parcourt les forêts, les arbres sont comme des amis pour cette jeune fille solitaire. Quels sont ces bruissements de feuilles évoqués dans le titre ? De douces paroles réconfortantes qui la feront grandir.

Son amour pour la faune sauvage l’amènera à croiser le chemin de Leon le jeune garde forestier. 

Leon, doit se battre pour se faire une place dans cette ville où les bûcherons n’apprécient pas les gardes forestiers. 

Dans ce livre passionnant, il est question d’écologie, d’amitié, de la puissance des relations intergénérationnelles et de notre lien avec la nature : tous ces thèmes sont abordés avec délicatesse et finesse.

Une très belle lecture émouvante et captivante : à découvrir sans tarder.

Paru aux Éditions Les Escales.

Notation :

Ingrid Astier : La vague

La vague

Résumé :

Sur la presqu’île de Tahiti, la fin de la route est le début de tous les possibles. Chacun vient y chercher l’aventure. Pour les plus téméraires, elle porte le nom de Teahupo’o, la plus belle vague du monde.

La plus dangereuse aussi. Hiro est le surfeur légendaire de La Vague. Après sept ans d’absence, sa sœur Moea retrouve leur vallée luxuriante. Et Birdy, un ancien champion de surf brisé par le récif. Arrive Taj, un Hawaïen sous ice, qui pense que tout lui appartient…

L’auteur :

Écrivain au tempérament insulaire, Ingrid Astier est née à Clermont-Ferrand en 1976.

Elle vit actuellement à Paris. Normalienne, agrégée de lettres, elle débute en écriture avec le Prix du Jeune Écrivain (1999). Son désir de fiction et son goût pour les péripéties sont liés à son enfance au sein de la nature, en Bourgogne, où se mêlent contemplation et action. Elle a choisi le roman noir pour sa faculté à se pencher sans réserve sur l’être humain. Tout autant architecte que dentellière dans son écriture, elle aime bâtir des mondes. La Vague est son cinquième roman.

Mon avis :

Au cœur de Tahiti, un roman noir dominé par la fameuse vague de Teahupo’o, accrochez-vous cela déménage !

Tahiti : paradis ou enfer ? Une des questions qui se pose après cette lecture. 

Le décor : nous voici sur l’île de Tahiti dans la presqu’île de Tahiti, appelée Tahiti Iti (Petite Tahiti) et plus précisément là où la route se termine à Teahupo’o qui signifie « le mur des têtes », souvenir d’une bataille ancestrale et l’édification d’un mur fait à partir des crânes des vaincus. Cet endroit est mondialement connu pour sa vague, l’une des plus puissantes au monde, les meilleurs surfeurs de la planète s’y retrouvent. 

Hiro, surfeur tahitien, l’affronte depuis son enfance. Installé dans une paisible vallée luxuriante toute proche, il se prépare à recevoir sa sœur Moea, de retour après plusieurs années. Il lui a construit un fare (maison) tout en bois pour qu’elle se sente bien. Proche de la nature, il mène une vie paisible avec ses copains Birdy et Lascar.

Aux antipodes, côté enfer, Taj, surfeur hawaïen débarque pour affronter la vague. 

Plus féroce et dangereux que cette vague, Taj, cherche à dominer le monde. Il est démoniaque et n’a peur de rien.

Amateur de de sensations fortes, il consomme de « l’ice » drogue dure qui rend fou. Attiré par l’argent, il fréquente des malfrats qui s’enrichissent en vendant cette drogue aux tahitiens. 

Hiro et Taj se croisent et se haïssent au premier regard. 

J’ai retrouvé l’ambiance polynésienne, lorsque l’auteure décrit les vallées luxuriantes, les cascades, l’odeur des tiare, le lagon, les murènes ou encore les problèmes de circulation de Papeete. Parsemé de mots polynésiens, l’immersion est totale : j’ai beaucoup aimé.

L’intrigue nous tient en haleine, la tension est forte et le rythme efficace.

Pourquoi pas une version cinématographique tirée de ce livre à la fois sombre et lumineux ?

Je vous le recommande.

Paru aux éditions Les Arènes.

Voici le site de l’auteure pour en savoir plus http://www.ingridastier.com

Notation :