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Anne Youngson : Il n’est jamais trop tard

Résumé :

Lorsque Tina Hopgood écrit une lettre depuis sa ferme anglaise à un homme qu’elle n’a jamais rencontré, elle ne s’attend pas à recevoir de réponse. Et quand Anders Larsen, conservateur solitaire d’un musée de Copenhague, lui renvoie une missive, il n’ose pas espérer poursuivre les échanges. Ils ne le savent pas encore, mais ils sont tous deux en quête de quelque chose. Anders a perdu sa femme, ses espoirs et ses rêves d’avenir. Tina se sent coincée dans son mariage. Leur correspondance s’épanouit au fur et à mesure qu’ils s’apprivoisent au travers de leurs histoires personnelles : des joies, des angoisses, toutes sortes de découvertes. 

L’auteur :

Anne Youngson vit dans l’Oxfordshire en Angleterre, ce livre est son premier roman.

Mon avis :

Un roman épistolaire agréable qui se lit sourire aux lèvres.

Le propos est plutôt classique, l’inattendu réside dans le profil de chacun des héros.

Ils sont si différents Tina et Anders : elle vit en Angleterre dans une ferme tandis que lui est danois et conservateur de musée. La correspondance débute autour du questionnement sur un homme mort il y a plus de deux mille ans, l’homme de Tollund dont les restes sont conservés au musée de Silkeborg au Danemark.

Petit à petit chacun se raconte en se dévoilant davantage.

Le lecteur reste accroché à l’histoire de chacun de ces personnages tout en se demandant où cela les mènera.

Empreint d’une grande sensibilité, avec une écriture simple mais fluide : un roman plaisant.

Paru aux éditions Denoël.

Traduit de l’anglais par Perrine Chambon

Notation :

Nadia Busato : Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Je ne ferai une bonne épouse pour personne

Résumé :

Le 1er mai 1947 au matin, Evelyn McHale monte à la terrasse panoramique du 86e étage de l’Empire State Building, saute dans le vide et s’écrase sur le toit d’une limousine. Quelques minutes plus tard, Robert Wiles, étudiant en photographie, immortalise son corps, miraculeusement intact, sa main gantée enserrant son collier de perles, la disposition harmonieuse de son cadavre épousant parfaitement le linceul de métal. Si le cliché du «plus beau suicide», l’une des images les plus célèbres publiées par le magazine Life, a inspiré Andy Warhol, la mode et l’avant-garde pop, la vie et la personnalité d’Evelyn sont restées dans l’ombre.

L’auteur :

Nadia Busato travaille dans la communication. Elle collabore avec Grazia et le Corriere Della Sera. Elle écrit pour le théâtre, la radio et la télévision.

Mon avis :

Une enquête passionnante sur la suicidée la plus connue des Etats-Unis.

Ici pas de voyeurisme, du factuel avec une formidable reconstitution de l’Amérique d’après guerre, pas de parti pris non plus, la vie de la suicidée défile sous nos yeux.

Pourquoi Evelyn, une jeune fille de vingt-trois ans, a-t-elle choisi de sauter depuis l’l’Empire State Building ? 

En donnant la parole à ses proches (sa mère, sa sœur ou son fiancé) l’auteure restitue la vie d’Evelyn. Le personnage fort, sa mère, s’est éloignée de son foyer : pour vivre autrement et ne pas avoir un septième enfant. Une première cassure dans la vie d’Evelyn. Elle était différente de sa sœur : plus solitaire, rebelle. Comment expliquer ses gestes fous lors d’un mariage ou pendant son service militaire ?

Quelle est sa vraie place au sein de sa famille ou dans la société ?

Quelles fêlures ont incitées cette jeune fille qui devait se marier quelques semaines plus tard à se donner la mort ? 

Beaucoup de questions et une première réponse de la jeune femme dans le mot qu’elle laisse derrière elle : «Dites à mon père que je ressemble trop à ma mère ».

Une plongée au cœur d’une époque difficile pour les femmes : l’après guerre les cantonne souvent à un rôle d’épouse modèle.

Cette enquête révèle autant la vie d’Evelyn qu’une période : instructif et passionnant.

Ajoutez à cela une écriture fluide et une construction de roman de type chorale, chaque proche d’Evelyn intervient alternativement dans ce récit.

Je vous conseille la lecture de ce roman qui redonne vie à la suicidée la plus connue des États-unis.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Catherine Bardon : Les déracinés

Les déracinés

Résumé :

Almah et Wilhelm se rencontrent dans la Vienne brillante des années 1930. Après l’Anschluss, le climat de plus en plus hostile aux juifs les pousse à quitter leur ville natale avant qu’il ne soit trop tard. Perdus sur les routes de l’exil, ils tirent leur force de l’amour qu’ils se portent : puissant, invincible, ou presque. Ils n’ont d’autre choix que de partir en République dominicaine, où le dictateur promet 100 000 visas aux juifs d’Europe. 

L’auteur :

Catherine Bardon est une amoureuse de la République dominicaine où elle a vécu de nombreuses années. Elle est l’auteure de guides de voyage et d’un livre de photographies sur ce pays. Son premier roman, Les Déracinés (Les Escales, 2018 ; Pocket, 2019), a rencontré un vif succès.

Mon avis :

Un coup de cœur : sept cent soixante huit pages avalées en quelques jours.

Ce roman captivant est inspiré de faits historiques réels comme le précise l’auteure à la fin du récit. Des événements peu connus de la seconde guerre mondiale : des juifs s’enfuient d’Autriche et se retrouvent à la République Dominicaine pour participer à la création d’une colonie.

Nos héros, Almah et Wilhelm, décident de fuir Vienne pour rejoindre la sœur de Wilhem à New-York. Le périple long et compliqué les emmènera en Suisse, au Portugal, à New-York avant d’arriver à destination.

Leurs aventures ne font que débuter et s’étalent sur trente ans.

Ce premier roman est une grande saga historique et romanesque, un grand roman d’aventure. Au programme beaucoup de passions : l’amour intense entre les deux protagonistes, l’amitié entre les deux femmes Almah et Svenja et la solidarité qui règne parmi les colons.

Je n’ai pas décroché un seul instant : palpitant, intense et bien écrit, bravo pour ce roman qui nous tient en haleine tout du long. Un seul regret, quitter cette histoire à la fin.

Pour se consoler: la suite de cette histoire est parue, il s’agit de « L’américaine ».

Paru aux éditions Les Escales et Pocket.

Notation :

Philippe Krhajac : Un dieu dans la poitrine

Résumé 

Phérial a quatre ans lorsqu’il est placé dans un orphelinat. Loin de se douter que le chemin sera périlleux, il traverse sa réalité d’enfant abandonné en se jouant comme il peut du cortège des familles d’accueil, des éducations aux mille règles, mille abus, mille mensonges. Ne perdant jamais de vue son désir profond : retrouver peut-être, un jour, sa maman, il avance sans relâche et au cours de ses péripéties rencontre trois femmes d’exception. 

L’auteur 

Né en 1966, enfant de l’Assistance publique passé par douze familles d’accueil, Philippe Krhajac est comédien. Un dieu dans la poitrine est son premier roman.

Mon avis

Un premier roman touchant qui remue énormément.

Le petit Phérial se retrouve, à seulement quatre ans, dans une très grande maison, à l’assistance pour un premier séjour. Après une période d’adaptation, il parvient à s’intégrer et se fait des copains.

Puis un jour, il doit quitter cet endroit et ses camarades pour rejoindre une famille d’accueil : une « maman » et un « papa » inconnus. Une nouvelle vie à se construire : s’adapter à cette famille, se conformer à leurs exigences. La vie réservée au garçonnet sera compliquée et parsemée de violence verbale et physique. Il résiste et parfois s’évanouit quand il cherche à s’éloigner de la réalité.

Malgré cette enfance à la dérive et sans repère, le garçon grandit et peut compter sur des des anges gardiens : trois femmes. Mireille, l’assistante sociale, est toujours là pour le garçon et l’épaule jusqu’à son adolescence. Une vraie complicité les relie.

L’énergie de l’enfant et son goût pour le théâtre l’aideront à survivre.

Je me suis attachée à cet enfant, j’ai été touchée par ses malheurs et j’ai aimé sa force de caractère. Ses anges gardiens lui ont apporté la force de continuer, le récit s’allège lorsque ces fées interviennent.

Un texte poignant avec une touche d’optimisme. À découvrir absolument.

Paru aux éditions Folio.

Notation :

Christine Mangan : Tangerine

Résumé :

Tanger, 1956. Alice Shipley n’y arrive pas. 

Cette violence palpable, ces rues surpeuplées, cette chaleur constante : à croire que la ville la rejette, lui veut du mal. 

L’arrivée de son ancienne colocataire, Lucy, transforme son quotidien mortifère. Ses journées ne se résument plus à attendre le retour de son mari, John. Son amie lui donne la force d’affronter la ville, de sortir de son isolement. 

Puis advient ce glissement, lent, insidieux. La joie des retrouvailles fait place à une sensation d’étouffement, à la certitude d’être observée. La bienveillance de Lucy, sa propre lucidité, tout semble soudain si fragile… surtout quand John disparaît. 

L’auteur :

Christine Mangan est diplômée de l’University College de Dublin, où elle a rédigé une thèse sur la littérature gothique du XVIIIe siècle, et de l’Université du Sud du Maine, où elle a suivi un Master d’écriture. Tangerine est son premier roman. 

Mon avis

Un thriller psychologique machiavélique.

Ce polar d’atmosphère nous entraîne à Tanger dans les années cinquante : deux jeunes femmes, l’une riche mariée et la seconde célibataire et issue d’un milieu modeste. Elles sont très différentes et pourtant ont une histoire commune. Elles ont été proches lorsqu’elles étaient étudiantes.

Alice paraît isolée et triste quand Lucy vient la retrouver à Tanger. Pourquoi Alice semble si mal ? Son mari est-il responsable de son mal-être ?

Lucy pourra-t-elle l’aider ?

Passions, mensonges, jalousie, emprise : ce thriller nous balade, les pistes se brouillent à peine esquissées.

J’ai aimé l’ambiance de cette ville étouffante au diapason avec l’intrigue sous tension. Les personnages secondaires, comme la tante Maud et Youssef le guide, apportent de la densité, j’en oublie John le mari …

En synthèse un bon thriller même si je ne le qualifie pas d’angoissant comme le bandeau.

Paru aux éditions Harper Collins

Notation :