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Critique de : L’été où je suis devenue vieille d’Isabelle de Courtivron

L’été où je suis devenue vieille

Résumé :

Elle a soixante-treize ans. Cet été-là, Isabelle de Courtivron se rend compte qu’elle a perdu en souplesse et qu’elle s’essouffle plus vite. Son ophtalmo lui a prescrit une opération de la cataracte. Son corps est usé. Elle a pris sa retraite, a du mal à adopter Instagram ou Twitter. Elle se surprend à voir partout, tout le temps, des plus jeunes qu’elle. Ce qui lui arrive ? L’âge. Elle est devenue vieille.

L’auteure :

Isabelle de Courtivron a toujours mené la barque de son existence. Elle s’est construite en se détournant de son pays et de sa famille pour avoir une vie qui lui ressemble. Elle a connu les mouvements féministes des années 1960 et 1970 qui l’ont structurée, elle a été professeure de littérature, culture et cinéma aux États-Unis à Brown et au MIT. Elle a travaillé sur des romancières comme Violette Leduc ou Clara Malraux. 

Ma chronique :

Un constat doux et amer sur le temps qui passe.

Ce témoignage sensible et réaliste, parfois cru, mais toujours vrai nous émeut car l’auteure se met à nu.

Elle pointe du doigt le regard porté sur les femmes moins jeunes : ignorées voire malmenées parfois.

Ici, aucune nostalgie mais plutôt une grande lucidité sur l’âge et ses conséquences.

« La littérature m’a sauvé la vie » dit-elle. Il est aussi question de féminisme et de littérature avec de grandes dames comme Annie Ernaux, Doris Lessing, Toni Morrison ou Simone De Beauvoir. 

Un style impeccable et des thèmes comme le féminisme et la place des seniors dans notre société qui parleront à beaucoup.

À découvrir aux éditions l’Iconoclaste.

Notation :

Critique de : Tant qu’il y aura des cèdres de Pierre Jarawan

Tant qu’il y aura des cèdres

Résumé :

Après avoir fui le Liban, les parents de Samir se réfugient en Allemagne où ils fondent une famille soudée autour de la personnalité solaire de Brahim, le père. Des années plus tard, ce dernier disparaît sans explication, pulvérisant leur bonheur. Samir a huit ans et cet abandon ouvre un gouffre qu’il ne parvient plus à refermer. 

L’auteur :

Tant qu’il y aura des cèdres est le premier roman de Pierre Jarawan, poète et slameur de renom.

Ma chronique :

Ce beau premier roman est une magnifique déclaration d’amour au Liban.

Un texte envoûtant, avec une construction originale, mêle conte et réalité. Ce qui m’a paru puissant : la réalité et l’imaginaire se répondent dans une histoire habilement construite qui cache une vérité tragique.

La quête de Samir, ce jeune homme qui cherche désespérément son père est palpitante et très émouvante. La solitude le ronge et tout le ramène au disparu, cela l’étouffe.

Son père veillait sur lui et lui racontait des histoires fabuleuses : comment faire sans lui ?

Son pays d’origine, le Liban, dont son père lui parlait tant l’attire énormément. Il devient un grand connaisseur de sa patrie et rêve de retrouver son père pour enfin comprendre sa disparition.

Ce roman est une totale immersion dans ce pays, le Liban, encensé par le protagoniste. Ce pays a longtemps été déchiré par la guerre, il est aussi une terre qui regorge de beautés naturelles comme les fameux cèdres, centenaires voire millénaires. Il est aussi question d’immigration, d’intégration et de cohabitation inter-religion.

Un beau roman captivant avec une intrigue prenante ancrée dans un contexte historique fort. Une belle découverte que je recommande à tous.

Paru aux éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Critique de : La Crevette et l’Anémone de Leslie Poles Hartley

La crevette et l’anémone

Résumé :

Au début du siècle dans une petite ville anglaise bourgeoise et puritaine du bord de mer, Eustache et Hilda s’abandonnent aux plaisirs des jeux de plage. Eustache, délicat et sensible, est totalement dominé par sa sœur aînée Hilda, maternelle et passionnée. L’autorité dont elle fait preuve à son égard et à laquelle il se soumet sans rechigner est aussi la marque de l’amour qu’elle éprouve pour lui. Car les deux enfants s’aiment au point qu’Eustache puisse envisager que la vie se réduise à leur seule présence. 

L’auteur : 

Leslie Pôles Hartley, né le 30 décembre 1895 et mort le 13 décembre 1972 est un écrivain britannique du XXe siècle réputé pour ses romans et nouvelles.

Ma chronique :

Un superbe roman d’apprentissage rempli de tendresse et d’émotions. Ce livre aux accents « so British » est une lecture vraiment délicieuse.

J’ai craqué pour Eustache, le jeune garçon : je m’y suis beaucoup attachée. Comment résister devant cet enfant tiraillé entre le devoir, être un gentleman, et la vie insouciante d’un gamin ?

Hilda, sa grande sœur, l’aide de son mieux et lui sert de seconde mère. Un amour indéfectible les unit, Eustache est subjugué par sa grande sœur. La vie va-t-elle leur permettre de rester toujours ensemble ? Nous les accompagnons dans cette époque du début du vingtième siècle lorsque les engins à moteur, trop bruyants aux yeux des protagonistes, étaient en minorité sur les routes.

Ce récit intimiste est à la fois très émouvant, avec ses personnages si attachants, et d’une grande douceur. J’ai été conquise.

L’écriture fluide, poétique et châtiée concourt au plaisir de cette lecture.

Je vous le recommande vivement et j’attends le deuxième tome avec impatience !

Paru dans la belle collection « Petit Quai Voltaire » aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Critique de : Un jour, tu paieras de Pétronille Rostagnat

Un jour tu paieras

Résumé

«  Les dés sont jetés, je n’ai plus rien à perdre. En poussant un cri pour me donner du courage, je lève les bras au-dessus de ma tête. Avant que tu ne réagisses quinze centimètres de lame s’enfoncent dans ta chair.  » Une adolescente, retrouvée inconsciente en pleine forêt, émerge lentement du coma. Que lui est-il arrivé  ? Pendant que la police mène l’enquête, Pauline Carel, jeune avocate pénaliste, est commise d’office pour défendre Mathieu, un brillant étudiant en médecine accusé d’un double homicide.

L’auteur 

Après avoir travaillé 10 ans dans le marketing à Shanghai puis à Dubaï, Pétronille Rostagnat s’installe à Lyon. Depuis 2015, elle se consacre à l’écriture de romans policiers. 

Ma chronique :

Un thriller particulièrement palpitant : lu en deux fois seulement !

Une fois démarré, je ne pouvais plus le lâcher : une construction habile et une intrigue haletante, tout est là pour piéger le lecteur. C’est très réussi.

J’avais découvert cette auteure avec « On a tous une bonne raison de tuer », ce roman est encore meilleur.

Mathieu est un présumé coupable attachant malgré les faits reprochés : étudiant en médecine sans histoire toujours brillant dans ses études.

Océane, victime d’agressions, est une adolescente dont l’histoire bouleverse et interroge : que s’est-il passé dans les dernières heures de cette soirée au cours de laquelle elle a disparu ?

Beaucoup de questions auxquelles la brillante avocate, Pauline, cherche les réponses. Celle-ci a une personnalité forte et un passé trouble.

Difficile d’en dire davantage sauf à vous inciter à vous plonger dans cette lecture bluffante.

Paru aux éditions Marabout Black Lab.

Notation :

Critique de : L’ombre de Rose-May de Corinne Javelaud

L’ombre de Rose-May

Résumé :

Au milieu du XIXe siècle, dans une ferme du Limousin, la famille Ribéroux mène une vie sans histoire jusqu’au jour où la petite Rose-May, confiée à la responsabilité de son frère, Léonard, par ses parents, occupés aux travaux des champs, est mystérieusement enlevée. On a beau interroger tout le village, fouiller les environs, l’enfant reste introuvable et la disparition inexpliquée…

L’auteure :

Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud s’est tournée vers l’écriture. Originaire du Limousin, elle est l’auteure d’une dizaine de romans qui ont connu un succès croissant. Elle est membre du jury du prix des romancières remis chaque année au Forum du livre de Saint-Louis en Alsace.

Ma chronique :

J’ai lu plusieurs romans de Corinne, auteure que j’apprécie beaucoup.

Dans ce nouveau roman, ce qui m’a le plus impressionnée c’est la qualité de reconstitution d’une époque : le Limousin au dix-neuvième siècle. On y croise des paysans, des notables et des ouvriers de la porcelaine.

Tout est décrit minutieusement, toujours avec une plume fluide et alerte au service d’une intrigue qui captive le lecteur jusqu’aux dernières lignes.

Vous l’aurez deviné, j’ai donc été emballée par ce roman qui nous plonge dans une autre époque et qui mêle habilement la vie de ces paysans isolés, l’histoire avec les guerres décidées par Napoléon III ou la naissance des syndicats dans le monde industriel de la porcelaine.

À la fois très documenté et passionnant, je me suis vite attachée aux personnages et j’ai lu rapidement ce roman ne pouvant le lâcher. Aux côtés de Léonard, je cherchais aussi l’ombre de la jeune disparus Rose-May retenant mon souffle.

Je vous recommande vivement ce roman qui saura vous divertir tout en vous instruisant sur une période historique et un contexte régional très bien retranscrit.

Paru aux éditions Calmann-Lévy Territoires 

Notation :