Catégorie : <span>ROMANS</span>

Chronique de : Borgo Vecchio de Giosuè Calaciura

Borgo Vecchio

Résumé :

Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort. Ils grandissent dans un quartier misérable de Palerme, parmi les parfums de la mer, le marché aux balances truquées et les venelles tortueuses où la police n’ose pas s’aventurer. Le soir, tandis que Cristofaro pleure sous les coups paternels, Mimmo cherche à apercevoir Celeste, qui patiente sur le balcon quand sa mère reçoit des hommes. Tous les trois partagent le même rêve : avoir pour père Totò, voleur insaisissable et héros du Borgo Vecchio…

L’auteur :

Né à Palerme en 1960 il vit actuellement à Rome. Journaliste, il collabore régulièrement à de nombreux quotidien et revues. Borgo Vecchio a été finaliste du prix Femina Étranger et a remporté le prix littéraire Marco Polo Venise ainsi que le prix Méditerranée.

Ma critique :

Un roman qui prend aux tripes, d’une grande force.

Le début m’a fait penser à « L’amie prodigieuse » : pour le contexte (quartier pauvre de Palerme), la pauvreté et une intrigue centrée sur deux jeunes garçons, amis d’enfance. La comparaison s’arrête là.

Ensuite, c’est la violence qui l’emporte : au cœur du foyer pour l’un des enfants ou au coin de la rue avec Totò le voleur qui tente d’aider Cristofaro.

L’histoire est bouleversante et d’une violence presque insupportable.

L’écriture imagée et percutante transcende la sauvagerie et la détresse de tous ces « laissés pour compte ».

C’est dur, lumineux aussi : une claque ce livre.

Merci aux éditions Folio pour cette lecture.

Notation :

Chronique d’Angelus de François-Henri Soulié

Angélus

Résumé :

1165. Les corps suppliciés des victimes, qui appartiennent à l’atelier du tailleur de pierre Jordi de Cabestan, ont été déguisés en anges dérisoires. La panique se répand. Certains voient dans ces crimes la main du diable. D’autres soupçonnent les adeptes de cette nouvelle secte que l’on nommera bientôt les « Cathares ». Au grand scandale de l’Église de Rome, ceux-ci prétendent être les Vrais Chrétiens…

L’auteur :

François-Henri Soulié est un homme de théâtre aux multiples casquettes : écrivain, comédien, marionnettiste, scénographe, metteur en scène et scénariste. François-Henri Soulié est l’auteur chez 10/18 d’une trilogie écrite à quatre mains avec Thierry Bourcy, qui nous fait voyager à travers l’Europe du début du XVIIe siècle : Le Songe de l’astronome, La Conspiration du Globe et Ils ont tué Ravaillac.

Ma chronique :

Une enquête trépidante au cœur du Moyen-Age en Occitanie.

J’ai aimé l’enquête complexe menée par les trois personnages principaux. Chaque chapitre est dédié à un protagoniste puis en avançant dans la lecture, un deuxième et troisième s’ajoutent. C’est le personnage féminin Aloïs qui m’a touchée le plus par sa simplicité et sa force de caractère.

La grande force de ce livre est aussi l’extrême précision avec laquelle l’auteur détaille la vie au douzième siècle : la vie dans une abbaye, l’adoubement d’un chevalier ou le travail ingrat des tisserands. Le langage classique, voire ancien, contribue au réalisme de cette histoire.

C’est à la fois un thriller haletant et un bon roman historique : un doublé qui n’est pas si courant.

À découvrir aux éditions 1018.

Un grand merci à celle qui me l’a offert. Merci Sophielivres.

Notation :

Chronique de : Les petits soldats de Yannick Haenel

Les petits soldats

Résumé :

Jean Dorseuil a quinze ans quand il est envoyé dans un pensionnat militaire, le Prytanée de La Flèche. Il y découvre la camaraderie avec Frémiot, Rival, Tanguy, mais aussi la promiscuité grossière, la comédie des rapports de force, la violence absurde du règlement. Il s’en détourne, s’enferme la nuit dans la bibliothèque, et la devise de Descartes – ancien pensionnaire du Prytanée – devient la sienne : «Je m’avance masqué».

L’auteur

Né en 1967 à Rennes, Yannick Haenel est co-fondateur de la revue Ligne de risque. Il est l’auteur de six romans, dont Tiens ferme ta couronne (Gallimard), récompensé du prix Médicis en 2017. Les Petits Soldats est son premier roman.

Ma critique :

Je découvre Yannick Haenel avec cette réédition de son premier roman.

Comme le héros, l’auteur est passé par ce pensionnat militaire. Dans la préface de cette nouvelle édition, il précise qu’il est Jean Dorseuil.

Ce roman d’apprentissage se lit vite, le style est fluide et le contenu rythmé. 

On ne peut que s’apitoyer et prendre cause pour ces jeunes envoyés dans un pensionnat pour « grandir » et recevoir une bonne éducation.

Face à la tristesse qui règne entre ses murs, les enfants étant traités comme de petits soldats, Jean lit beaucoup. Telle est son activité principale pendant ces trois années : s’enivrer de lectures pour lutter contre la solitude.

Dans son for intérieur, il oppose « Les pensées » de Pascal aux ordres lancés par les surveillants à ces jeunes.

D’autres y ont survécu comme d’illustres prédécesseurs, à l’instar de Descartes qui est resté huit ans.

La littérature est salvatrice, elle le rend plus fort. Une belle ode qui consacre la puissance des livres.

Un roman publié aux éditions de La Table Ronde collection La Petite Vermillon

Notation :

Chronique de : Le nuage d’obsidienne d’Eric McCormack

Le nuage d’obsidienne

Résumé :

« Ce qui m’était arrivé là-bas avait modifié tout le cours de mon existence. C’était un événement que je n’avais jamais été en mesure d’oublier. Ou de comprendre. » C’est à Duncairn que Harry a été trahi par l’amour de sa vie. Depuis, cette petite ville des Uplands écossais le liante. Devenu ingénieur des mines, il découvre lors d’un voyage au Mexique un mystérieux ouvrage dans une librairie miteuse : Le Nuage d’obsidienne.

L’auteur :

Né en Ecosse en 1938, Eric McCormack a émigré au nord du Canada en 1966. Il enseigne à l’Université Saint-Jerome à Waterloo. Il est notamment l’auteur de L’Epouse hollandaise, disponible en Points.

Ma critique :

Un grand roman d’aventures qui m’a énormément emballée.

Grâce aux bons conseils de ma libraire, j’avais découvert et apprécié un autre de ses romans, il y a déjà six ans, « l’épouse hollandaise »(la chronique).

Dans celui-ci, au programme : un grand amour contrarié, un événement tragique, un départ en bateau dans de lointaines contrées et des rencontres avec des personnages forts. Il y a du aussi du « gothique » dans cette histoire.

Ajoutez-y une touche de légendes, de nombreux mystères, une quête pour retrouver les origines d’un livre rare et j’en oublie sûrement.

Ce livre est à la fois riche de contenu et de rebondissements sans être lourd, bien au contraire : l’écriture nous happe du début à la fin et ne nous lâche pas.

Je suis certaine que, comme moi, vous ne quitterez pas Harry, le protagoniste, avant d’avoir refermé la dernière page.

À lire de toute urgence pour se dépayser et rêver.

Paru aux éditions Points collection « Signatures », bravo à la magnifique couverture.

Mille mercis à celle qui me l’a offert.

Notation :

Chronique de : Par la fenêtre de Nicole Giroud

Par la fenêtre

Résumé

Pour échapper au morne quotidien de la maison de retraite, chaque soir, Amandine Berthet offre à ses compagnons d’infortune une évasion : tous s’envolent en pensées vers le Brésil et le delta de l’Amazonie. C’est là qu’Amanda, le double imaginaire d’Amandine, a passé son enfance mouvementée. Amandine déploie cette histoire fantastique, raconte la passion destructrice qui animait ses parents, décrit sa nourrice, la vieille indienne Maraja et ses potions qui soignent, et puis les cafezihno, ces petits cafés très sucrés qu’elle aimait tant…

L’auteure :

Franco-suisse, Nicole Giroud a enseigné le français jusqu’en 2008 à Genève. Elle a également animé un atelier d’écriture pour adolescents et adultes. Désormais elle se consacre uniquement à l’écriture et vit dans un hameau de Haute-Savoie.  Attentive au contexte historique et social autant qu’à l’écriture, elle s’ inspire souvent d’histoires réelles.

Ma critique :

Une histoire émouvante que je n’oublierai pas.

Installée avec facilité dans l’histoire grâce à l’écriture fluide et poétique, comme les pensionnaires de cet établissement pour personnes âgées : j’attendais avec impatience la suite des aventures d’Amanda. Au Brésil, bien loin du décor montagnard des vieillards, la vie est riche et dense pour Amanda et ses parents.

J’ai particulièrement aimé le personnage de l’indienne Maraja qui aide Amanda à grandir. La vie n’est pas facile pour cette fillette non désirée dont la mère n’a jamais voulu. En parallèle Amandine, la conteuse, raconte son parcours de paysanne instruite qui n’a pas décidé de sa vie.

Des destins croisés touchants avec la littérature comme bouée de sauvetage, j’ai totalement adhéré à l’histoire.

Bravo pour cette histoire qui nous parle du sens de la vie, de l’importance de réaliser ses rêves et de la puissance des livres. 

Je vous recommande chaudement ce beau livre.

Publié aux éditions Les Escales.

Notation :