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Chronique de : Au tournant de la nuit de Vincent Raynaud

Au tournant de la nuit

Résumé :

Tristan a treize ans lorsqu’il assiste à son premier concert de rock, à Paris dans les années 1970. Une révélation. Plus tard, il fonde son propre groupe, La Monstrueuse Parade. Surdoué et magnétique, le chanteur connaît avec ses musiciens une ascension fulgurante. Mais les tournées usent, la drogue est partout, les dérapages se multiplient. 

L’auteur :

Vincent Raynaud dirige le domaine italien aux Éditions Gallimard. Il est par ailleurs traducteur littéraire, de l’anglais, de l’espagnol et de l’italien.

Ma chronique :

Une prose qui claque comme un morceau de batterie, un premier roman atypique, qui résonne comme un cri.

Chaque chapitre comporte une phrase et une seule, cela donne un rythme trépidant sans pause. Parfois, on a envie de reprendre son souffle mais comme le héros on continue la lecture, traversé son l’énergie.

Déjà petit, il tentait de canaliser son trop plein d’envie de bouger en multipliant les activités physiques comme l’escrime. C’est le rock qui finira par le séduire et donnera un sens à sa vie.

J’ai apprécié la transcription fidèle de l’atmosphère des années quatre-vingt et des ambiances de concert de rock mais je mettrai un bémol sur la reconstitution de la vie des personnages. Tristan et les autres traversent cette épopée sans que nous puissions vraiment nous y attacher : un peu trop de descriptif, pas d’analyse des ressentis de Tristan, cela m’a manqué.

Peut-être à cause du rythme trop rapide ? Comme la musique de Tristan ?

À découvrir aux éditions Folio.

Notation :

Chronique de : Le courage d’une sœur de Kitty Neale

Le courage d’une sœur

Résumé :

1948. Sarah vit avec sa mère alcoolique qui se prostitue dans un quartier pauvre de Londres. Quand celle-ci accouche d’un petit garçon, elle demande à sa fille de 13 ans de se débarrasser du nourrisson. Mais Sarah ne peut s’y résoudre et décide d’élever son petit frère, qu’elle a elle-même prénommé Tommy.

L’auteure :

Kitty Neale a grandi dans le quartier populaire de Battersea, au sud de Londres, cadre de ses romans. En 1998, son fils meurt à l’âge de 27 ans. Après avoir rejoint un groupe de soutien, Kitty décide de se lancer dans l’écriture de romans, qui vont rapidement devenir des best-sellers. Aujourd’hui, elle vit en Espagne avec son mari.

Ma chronique :

L’histoire est poignante et attachante, comment ne pas succomber au charme de ce livre ?

Une histoire qui se lit le cœur serré et déclenche une forte empathie pour Sarah qui se débat pour sauver son petit frère et faire face à sa mère tombée dans la déchéance sous l’emprise de l’alcool.

Une ambiance à la Dickens, même si l’intrigue est positionnée au vingtième siècle : des pauvres misérables, des conditions de vie extrêmes et des personnages courageux.

Oui, le trait de caractère principal de Sarah est le courage et la force de caractère. Son amour quasi maternel pour son petit frère lui donne l’énergie pour tourner le dos à sa condition misérable.

J’ai passé un bon moment avec cette histoire et je vous recommande ce titre.

Paru aux éditions de L’Archipel.

Notation :

Chronique de : Florida d’Olivier Bourdeaut

Florida

Résumé :

« Ma mère s’emmerdait, elle m’a transformée en poupée. Elle a joué avec sa poupée pendant quelques années et la poupée en a eu assez. Elle s’est vengée. »

L’auteur :

Olivier Bourdeaut est né au bord de l’Océan Atlantique en 1980. Il a toujours voulu écrire, En attendant Bojangles en est la première preuve disponible.

Ma chronique :

Un livre coup de poing, une claque : voici un portrait saisissant d’une enfant maltraitée qui se rebelle.

Nous découvrons l’envers du décor des mini miss avec Elizabeth, une enfant dont l’univers a basculé lors de son septième anniversaire. Fini les week-ends tranquilles et bonjour les déplacements longs en voiture pour rejoindre le lieu du concours. Pas moyen d’y échapper, sa mère a décidé pour elle.

On se met à détester sa mère et la lâcheté du père, des parents peu recommandables. Elizabeth se met a haïr les week-ends, lassée de se déguiser pour courir les concours. 

C’est un appel à l’aide, quelle tristesse cette jeunesse et adolescence volées.

Avec une écriture âpre, au scalpel, nous assistons, impuissants, à la descente aux enfers de la mini miss qui ne supporte plus sa vie et son corps.

C’est très tendu et au travers du phrasé lapidaire, on ressent toute la haine de cette enfant face à ce système déshumanisant des mini miss.

Un roman fort, prenant et difficile à poser : je l’ai lu presque d’une traite.

Bravo M. Bourdeaut pour ce tour de force.

Publié aux éditions Finitude.

Notation :

Chronique de :  Les petits papiers de Marie-Lou de Corinne Javelaud

Les petits papiers de Marie-Lou

Resumé :

Dans les années 70, Marie-Lou Beltran, serveuse à L’Auberge du bonheur, vit avec sa fille, Dora, et sa mère, Luce, dans la maison familiale du quartier des Chartrons à Bordeaux. La main verte de Luce et les talents culinaires de Marie-Lou font merveille pour créer un cocon harmonieux. Un trouble naît lorsque pour son anniversaire, Marie-Lou offre à Dora une magnifique poupée, dénichée chez un antiquaire. Les femmes Beltran constatent bientôt que la poupée suscite des phénomènes étranges.

L’auteure :

Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud s’est tournée vers l’écriture. Originaire du Limousin, elle est l’auteure d’une dizaine de romans qui ont connu un succès croissant. Elle est membre du jury du prix des romancières remis chaque année au Forum du livre de Saint-Louis en Alsace.

Ma chronique :

Je confirme : j’aime cette auteure que je suis depuis quelques années, ces cinq précédents ouvrages sont chroniqués sur ce blog.

Un des talents de Corinne est de parvenir à nous immerger complètement dans une époque, les années soixante-dix ici, et dans un terroir, Bordeaux pour ce roman.

Ses romans sont toujours documentés, beaucoup de détails ici sur la transformation de Bordeaux et la culture vinicole, je vous rassure, la lecture est très fluide pourtant car l’intrigue est insérée habilement dans ce contexte.

J’ai aimé les portraits de femme avec Marie-Lou, la jeune mère célibataire, ses relations avec sa mère et celles avec sa fille. On se sent bien avec elles et partager leur quotidien est un plaisir.

L’intrigue nous relie à la sombre période de la seconde guerre mondiale, des secrets qui rejaillissent sur cette période des années soixante-dix.

Corinne allie parfaitement histoire et littérature, ses intrigues sont captivantes, toujours pleines d’émotions et d’une grande humanité.

Un roman à découvrir aux éditions Calmann Lévy.

Notation :

Chronique de : Trois cartouches pour la Saint-Innocent de Michel Embareck

Trois cartouches pour la Saint-Innocent

Résumé :

Jeanne Moreau – rien à voir avec l’actrice – a tué son mari qui la maltraitait depuis des années. Trois balles dans le dos en guise d’épitaphe. Le soutien des réseaux sociaux et des associations de lutte contre les violences faites aux femmes lui a valu de n’effectuer qu’une partie de la peine à laquelle elle a été condamnée aux assises et de bénéficier d’une grâce accordée… le jour de la Saint-Innocent.

L’auteur :

Pendant vingt années en charge de la rubrique justice d’un quotidien régional, Michel Embareck est l’auteur de nombreux polars, dont aux éditions de l’Archipel : Cloaca Maxima, Avis d’obsèques, Personne ne court plus vite qu’une balle et, chez Archipoche : La mort fait mal et Le Rosaire de la douleur.

Ma chronique :

Un polar assez classique, histoire d’une contre-enquête sur le thème des violences conjugales.

Le roman met en scène un journaliste spécialiste des faits-divers qui fouille dans la vie de cette septuagénaire emprisonnée pour le meurtre de son mari.

Forcément, cette histoire rappelle une célèbre affaire…

L’auteur a un style argotique et peu littéraire à mon goût : son récit est parsemé de piques, d’un certain humour et d’une touche de cynisme.

Cette histoire dénonce l’omniprésence des réseaux sociaux et des médias dans les affaires judiciaires. Le héros, à contre-courant avec ses méthodes à l’ancienne,  cherche la vérité à tout prix.

Un roman noir intéressant pour la reconstitution de la contre-enquête avec un style peu littéraire qui m’a déstabilisée.

À vous de vous faire votre opinion.

Paru aux éditions de l’Archipel.

Notation :