Catégorie : <span>ROMANS</span>

Chronique de : Les indécis d’Alex Daunel

Les indécis

Résumé :

« Je ne vous ai pas demandé qui vous étiez. Mais quoi. Quel genre littéraire ? ».  Voilà comment Max, 33 ans, est accueilli dans un bâtiment froid et austère avant de comprendre qu’il vient de mourir dans un accident de voiture. Il n’est ni au Paradis, ni au Purgatoire, mais à l’Inspiratoire où les morts doivent choisir un genre littéraire afin d’inspirer un auteur sur terre. Ils sont ainsi réincarnés en personnages de roman.

L’auteure :

Née à la fin des années 1970 dans la Vienne, Alex Daunel grandit avec les romans de la bibliothèque de sa tante où elle passe ses vacances. En terminale, sa professeure de lettres l’initie tant au roman courtois qu’à l’art moderne, et l’encourage à écrire. Après avoir séjourné en Australie, aux États-Unis et au Japon, elle s’installe à Paris. Son goût des rencontres et de la lecture se retrouve dans son premier roman, « Les Indécis ».

Ma chronique :

Un roman très original et marquant, tout public, sur le sens de la vie et les choix que l’on fait.

J’ai beaucoup aimé cette déclaration d’amour à la littérature qui met les livres à l’honneur dans l’au-delà. Chacun, en arrivant « de l’autre côté », doit choisir le genre littéraire dans lequel il sera réincarné.

Max, notre héros, laisse défiler sa vie devant ses yeux et prend conscience progressivement de ses erreurs et trop nombreux compromis. Il fait partie de la catégorie des « indécis » dans l’au-delà, n’était-ce pas déjà le cas toute sa vie ?

Pour réfléchir, s’émerveiller, sourire et applaudir l’imagination de l’auteure : oui pour toutes ces bonnes raisons, précipitez-vous chez votre libraire.

Paru aux éditions l’Archipel collection « Instants suspendus ».

Notation :

Chronique de : Les Bourgeois de Calais de Michel Bernard

Les bourgeois de Calais

Résumé : 

Quand Omer Dewavrin entre dans l’atelier d’Auguste Rodin, dédale de formes humaines de pierre et de glaise, il a la certitude d’avoir fait le bon choix. Notaire et maire de Calais, il a confié au sculpteur à la réputation naissante la réalisation d’un monument en hommage à six figures légendaires de la guerre de Cent Ans : les Bourgeois de Calais. Nous sommes en 1884, et Dewavrin ne sait pas encore qu’il s’écoulera dix ans avant que l’artiste, en quête de perfection, se décide à déclarer son travail achevé. 

L’auteur :

Michel Bernard est né à Bar-le-Duc en 1958. Il est haut fonctionnaire, en disponibilité depuis l’automne 2016. En janvier 2018 a paru Le Bon Cœur, roman sur Jeanne d’Arc, qui a reçu le prix Roman France Télévisions, le prix Michel Dard ainsi que le prix littéraire de la Ville d’Arcachon.

Ma chronique :

Un grand roman autour d’une œuvre magistrale de Rodin écrit par un passionné d’histoire.

J’ai aimé découvrir les coulisses de l’élaboration de ces grandes statues qui ont marqué la carrière du sculpteur. Camille Claudel est présente aussi et participe à cette réalisation.

L’auteur s’est inspiré de la correspondance entre Omer, le demandeur, et Rodin, des extraits de lettres en témoignent en fin de livre. 

L’écriture érudite et fluide de Michel Bernard contribue à rendre ce récit passionnant. J’ai découvert un pan de la vie de Rodin tout en savourant un beau moment de littérature. 

Je conseille cette belle évocation, portrait de Rodin et d’une époque, qui se lit avec plaisir comme tous les romans de Michel Bernard.

Paru aux éditions de la Table Ronde.

Chronique de : Une femme remarquable de Sophie Avon

Une femme remarquable

Résumé :

1925. Dans l’écho joyeux des Années folles, Mime et Marius sont jeunes et amoureux. Ils ont tout pour être heureux. Très vite, Henri vient au monde, puis Simone. Lorsque la petite fille meurt brutalement, le couple est terrassé. La douleur hantera Mime toute son existence…

L’auteure :

Sophie Avon est critique de cinéma au journal Sud-Ouest ainsi qu’à l’émission « Le Masque et la plume ».

Ma chronique :

Je me suis attachée à cette famille oranaise que nous suivons des années 1920 aux années cinquante. Un récit familial prenant avec l’Algérie pour décor.

Ce livre aurait pu s’appeler « La gloire de ma mère » : comme dans le livre de Pagnol, Mime fait chaque semaine des kilomètres en carriole pour rejoindre l’école où elle enseigne. Passionnée par son envie de transmettre son savoir, elle est une femme remarquable qui aime s’occuper des enfants : les siens et ceux des autres. 

Une louve pour ses enfants, comme elle le dit elle-même.

La grand-mère de l’auteure force le respect et nous émeut par son opiniâtreté.

J’ai aimé la description du contexte de l’Algérie dans ces années qui précèdent l’indépendance. L’ambiance tranquille et sereine des années vingt et trente va laisser la place à une autre période : la fracture entre « pieds noirs » et le peuple algérien. Les émeutes éclatent dès 1945 juste après la guerre. La fraternité est fissurée et ne s’en remettra pas.

L’évocation de cette famille est à la fois émouvante et instructive dans ce contexte algérien.

Un beau roman à la plume fluide avec un brin de nostalgie et beaucoup d’amour pour Mime et Henri, le fils aîné et père de l’auteure.

Publié aux éditions Mercure de France.

Notation :

Chronique de : Les aquatiques d’Osvalde Lewat

Les aquatiques

Résumé :

Vingt ans après la mort de sa mère, Katmé Abbia, enseignante, apprend que la tombe doit être déplacée. Son mari, Tashun, préfet de la capitale, voit dans ce nouvel enterrement l’occasion providentielle de réparer les erreurs du passé et surtout de donner un coup d’accélérateur à sa carrière politique. Quand Samy, artiste tourmenté, ami et frère de toujours de Katmé, est arrêté et jeté en prison, les ambitions politiques de son mari entrent en collision avec sa vie et la placent devant un choix terrible.

L’auteure

Osvalde Lewat est née à Garoua au Cameroun. Photographe d’art et réalisatrice de films documentaires plusieurs fois primés, elle vit à Paris. Les Aquatiques est son premier roman.

Mon avis :

Un livre fort, portrait sans concession d’une Afrique contemporaine.

L’histoire de cette jeune femme dans un pays imaginaire africain est à la fois flamboyante et glaçante.

On se dit : «toute ressemblance avec des faits réels.. », ce qui est décrit ici peut-il exister aujourd’hui ?

Des thèmes forts comme l’homosexualité non dépénalisée et la place des femmes sont évoqués dans cette histoire africaine.

Avec une écriture crue et âpre, l’auteure nous emporte dans un récit puissant dont j’ai aussi aimé l’ambiance africaine avec les évocations des plantes, des animaux : l’immersion est totale.

C’est un récit qui évoque notamment le thème de la liberté des femmes : quelle est la vraie place de Katmé ? Est-elle libre de choisir sa vie ?

Dans ce pays africain, la vie des femmes est soumise à leurs maris et au poids des traditions. Les artistes comme Samy ont une vie compliquée aussi, pourchassé par certains. La violence et la brutalité sont très présentes. Une évocation poignante.

Je vous recommande ce beau premier roman lumineux et fort.

À découvrir aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : La huitième vie de Nino HARATISCHWILI

La huitième vie

Résumé :

Géorgie, 1917. Fille d’un chocolatier de génie, Stasia rêve de devenir danseuse étoile à Paris. Son père aurait voulu qu’elle épouse un brillant officier, Simon Iachi. Alors que Stasia est sur le point de renoncer à ses aspirations, la révolution bolchevique se propage… Allemagne, 2006. Brilka, l’arrière-petite-fille de Stasia, a fugué. Partant à sa recherche, sa tante entreprend d’écrire l’incroyable histoire de leur famille. 

L’auteure :

L’auteure est née à Tbilissi en Georgie et s’est installée en Allemagne en 2003. Son troisième roman « la huitième vie » a été unanimement salué par la critique et récompensé de plusieurs prix littéraires. Elle vit actuellement à Hambourg.

Ma chronique 

Un pavé de mille pages qui se lit vite, une histoire intergenerationnelle passionnante.

Ce livre est un gros coup de cœur, je l’avais raté lors de sa parution en grand format, merci à Folio, dénicheur de pépites pour cette nouvelle édition.

Cette fresque nous entraîne en Géorgie pour une grande histoire familiale qui s’étend sur un siècle.

La huitième vie pour les huit femmes qui ont marqué cette famille : depuis le début du vingtième siècle jusqu’à aujourd’hui, ce sont toutes des personnalités fortes, d’un grand charisme.

Découpé en huit parties, dédié à chacune de ses femmes, nous parcourons les années au rythme des épisodes politiques nombreux. On y découvre la Géorgie et la Russie dont les destins seront liés. 

Sur le thème des mémoires enfouies et transgenerationnelles, ce roman épique m’a captivée. Comment guérir des mémoires familiales et s’accomplir ? 

L’histoire de ces femmes intimement lié aux bouleversements du vingtième siècle est passionnante. Ce livre est un véritable page turner, j’ai dévoré les mille deux cents pages en une semaine.

Si la Géorgie est au cœur de cette histoire, nous voyageons aussi en Russie, en Allemagne et en Angleterre.

Je vous invite à découvrir vous aussi les destins de ces huit femmes et de vibrer avec elles. De la littérature comme on aimerait en lire chaque jour.

Paru aux éditions Folio.

Notation :