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Kéthévane Davrichewy : L’autre Joseph

Résumé :

L'autre Joseph
L’autre Joseph

« Joseph Djougachvili, dit Staline, surnommé Sosso dans les premières années de sa vie, est né en Géorgie, à Gori, en 1878. Quelques années plus tard, à quelques rues de là, naissait un autre Joseph, Davrichachvili, ou Davrichewy. ». Dès les premières lignes de son nouveau livre, Kéthévane Davrichewy avertit son lecteur : la mémoire familiale en sera la matière. Mais, quand son arrière-grand-père a grandi avec Staline, l’histoire intime prend très vite une dimension vertigineuse.

L’auteur :

Kéthévane Davrichewy est née à Paris en 1965 au sein d’une famille géorgienne. L’expérience de l’exil qu’ont vécue ses grands-parents marque son enfance et alimente son imaginaire. En 2004, paraît aux éditions Arléa son premier roman Tout ira bien, qui fait quelques années plus tard l’objet d’un spectacle, mêlant lectures et chansons, conçu avec le musicien Alex Beaupain. Chez Sabine Wespieser éditeur, elle publie en 2010 un roman inspiré de l’exil de sa famille, La Mer Noire, qui est distingué par plusieurs prix. Puis en 2012, Les Séparées (Sabine Wespieser éditeur) rencontre une très bonne réception critique et commerciale enfin Quatre murs (2014) puis L’Autre Joseph paraît en janvier 2016, toujours chez Sabine Wespieser éditeur.

Mon avis :

Un témoignage romancé subtil et émouvant sur la vie de deux géorgiens, l’un célèbre et l’autre aïeul de l’auteure.

Le lecteur est plongé dans la Géorgie du début du vingtième siècle dans une histoire familiale qui fait écho à la grande histoire. Le vrai héros est Joseph D. l’arrière-grand-père de l’écrivain, un homme qui a mené plusieurs vies et a eu un destin romanesque.

Les deux Joseph, proches dans leur enfance, seront séparés une première fois pendant leurs études puis se retrouvent et fomentent une révolution. Joseph Staline est arrêté et conduit en Sibérie et l’autre Joseph est éloigné et envoyé à Paris, ils ne se reverront plus.

Joseph, l’aïeul, a eu une vie incroyable : révolutionnaire, espion et compagnon de Marthe Richard, croise Trotski et devient pilote d’avion.

Le roman entremêle l’histoire des deux Joseph et l’enquête menée par l’auteure pour comprendre son aïeul, ce procédé humanise davantage les personnages et l’on comprend aussi le choix du roman.

Une belle écriture très fluide pour un livre qui nous emporte dans le tourbillon de ces grands personnages.
A découvrir absolument.

Merci aux Éditions Sabine Wespieser.

Notation :

Meg Wolitzer : La doublure

La doublure
La doublure

Résumé :

Après quarante ans de vie commune avec Joe Castleman, un écrivain célèbre, Joan decide de le quitter. Ils volent vers Helsinki où Joe doit recevoir un prix prestigieux. Elle revoit alors leur rencontre à Greenwich village dans les années 1950, puis leur marche vers la reconnaissance et finit par buter sur le secret qui cimente leur couple depuis tant d’années. A-t-elle vraiment voulu de cette existence dans l’ombre d’un homme ? Pourquoi a-t-elle accepté tant de compromissions ? Peut-elle continuer à se taire ?

L’auteur :

Née en 1959, Meg Wolitzer a écrit dix romans – dont La Position (éditions Sonatine, 2014) et L’épouse (Grasset, 2005) – et de nombreux scénarios. Elle vit et travaille à New York.

Mon avis :

Un texte prenant et finement ciselé qui évoque le monde des écrivains et rôle des femmes dans notre société.

Une question nous hante dès le départ : comment vivre à l’ombre d’un auteur célèbre quand on est une femme intelligente et qui a le goût de l’écriture ? Une doublure, pourquoi ce titre ? Tout au long du livre, des indices sont distillés, et vers la fin tout s’éclaire.

Ce livre, écrit à la première personne, raconte la vie de Joan, femme de Joe un grand écrivain américain. Au départ, ils sont dans l’avion qui les amène à Helsinki où Joe va recevoir un prix prestigieux. Sa femme l’accompagne, comme toujours depuis quarante ans. Elle se souvient de leur rencontre et remonte le temps.

L’auteure nous livre une satire du milieu des écrivains mâles des années 60 et 70 aux États- Unis : la domination du mâle dans la société est aussi visible chez les artistes. Joan, lorsqu’elle travaille comme correctrice dans une maison d’édition, est chahutée par ses collègues masculins, elle démissionne pour s’occuper de son mari. Il a besoin d’elle, claironne qu’elle est sa muse et qu’il ne serait rien sans elle.

Un beau texte sur la création littéraire, une réflexion sur la place des femmes et le couple dans un monde d’artistes.

J’ai trouvé des similitudes avec le roman « Maine » de J. Courtney Sullivan : une écriture superbe, des portraits de femmes à la fois fortes, avides de liberté et pourtant sous la coupe de leur entourage.

Je vous conseille ce livre, prenant tout du long : n’hésitez pas, plongez dans cette lecture.

Merci aux éditions Rue Fromentin.

Notation :

Nicolas Barreau : La vie en Rosalie

La vie en Rosalie
La vie en Rosalie

Résumé :

Rosalie, jeune propriétaire d’une jolie papeterie au cœur de Saint-Germain, passe ses journées à peindre les vœux des autres sur des cartes postales en attendant que les siens se réalisent. Jusqu’au jour où Max Marchais, le célèbre auteur jeunesse, débarque dans sa boutique pour lui proposer d’illustrer son nouvel album. Rosalie est comblée ! Mais c’était sans compter sur l’irruption d’un professeur de littérature américain qui assure que ce conte lui appartient.

L’auteur :

Sous le pseudonyme de Nicolas Barreau se cache un auteur franco-allemand qui travaille dans le monde de l’édition. Après le succès phénoménal du « Sourire des femmes », il publie Die Frau meines Lebens (La Femme de ma vie), 2007,et « Du findest mich am Ende der Welt » (Tu me trouveras au bout du monde, 2008) qui un nouveau best-seller international.

Mon avis :

Un livre « doudou » qui fait du bien à la fois tendre, joyeux et optimiste.

L’auteur nous offre une lecture plaisir qu’il serait bien dommage de bouder.

Rosalie est une jeune femme passionnée, depuis son enfance, par le dessin et la couleur bleue. Son métier : décorer des cartes postales mettant en scène les vœux exprimés par ses clients.

L’histoire est pleine de rebondissements et chaque personnage évolue au contact de Rosalie : sa joie de vivre est contagieuse, elle met du baume au cœur de chacun.

La définition de la vie en Rosalie : assumer ses choix, vivre libre, flâner dans Paris et sourire souvent. Par exemple, quand son ami René, passionné de « vie saine » lui reproche son amour des croissants, elle le regarde et croque à pleine dents dans sa viennoiserie.

Peut on rêver plus belle vie ? Moi je vote pour.

En résumé : un livre que je qualifie de douceur, anti morosité à découvrir pour l’histoire et son ambiance. Comme Rosalie, profitons de la vie, sourions et lisons : voilà une belle prescription à partager !

Merci aux éditions Heloïse d’Ormesson.

Notation :

Michèle Forbes : Phalène fantôme

Phalène fantôme
Phalène fantôme

Résumé :

Belfast, 1969 : tension dans les rues, trouble dans les âmes. De loin, Katherine a tout d’une femme comblée. Trois petites filles, un bébé adorable, un mari valeureux, George, ingénieur et pompier volontaire. Seulement, Katherine a un passé… En 1949, chanteuse lyrique amateur, passionnée par son rôle de Carmen, elle fait la connaissance de Tom, jeune tailleur chargé de lui confectionner son costume de scène. Le coup de foudre est immédiat, mais elle est déjà fiancée à George et la double vie a un prix.

L’auteur :

Né à Belfast, Michèle Forbes est une actrice de théâtre, de cinéma et de télévision. Elle a étudié la littérature à Trinity collège puis travailler comme critique littéraire au Irish Times, ses nouvelles on été couronnée par plusieurs prix nationaux. Elle vit près de Dublin, « Phalène fantôme » est son premier roman.

Mon avis :

Un très beau roman poétique et envoûtant.

Katherine, une femme d’une quarantaine d’années, après une rencontre étonnante, retrouve des sensations endormies depuis son mariage.

Il y a vingt ans, elle a vécu une passion qui aurait pu changer sa vie. Petit à petit, elle se souvient : le récit alterne alors entre 1949, l’année où elle joue Carmen et rencontre un tailleur qui la fait chavirer, et 1969. Le chapitre suivant, nous retrouvons Katherine en 1969, mariée à George avec quatre enfants, femme au foyer et mère comblée. Au moment où Belfast s’enflamme, la mère au foyer, se souvient de sa jeunesse et réfléchit à sa vie.

Dans sa vie simple, des failles apparaissent, accepte-t-elle complètement sa vie ? Des images de ses 20 ans la hantent. Comment une jeune femme, qui travaillait et chantait merveilleusement bien, est-elle devenue une mère au foyer ? Elle adore ses enfants et semble aimer aussi son mari, est-elle heureuse ?

Une histoire d’amour contrariée et une jeune femme fragilisée qui ressemble aux phalènes : ces papillons nocturnes qui brûlent leurs ailes si délicates le soir en se cognant aux luminaires.

On s’accroche à cette histoire pour tenter de comprendre Katherine : c’est une leçon de vie toute en nuances, le récit est subtil, lumineux et bouleversant.
J’ai aussi été conquise par la plume magnifique et poétique qui enchante le lecteur.
Un roman qui marque et nous hante après l’avoir posé : une belle réussite !

Merci aux Editions Quai Voltaire.

Notation :

Jean-Marc Durand : Les anges barbares

Résumé :

Les anges barbares
Les anges barbares

Lyon, hiver 1951. Le corps d’une femme, la vingtaine, est retrouvée la gorge tranchée dans le hangar d’une usine. Identité inconnue, pas de mobile apparent. Le commissaire Jean Delmas est chargé de l’enquête. Rapidement, il découvre l’identité de la victime : c’est Martha Lidac, la seule de sa famille à être revenue des camps de la mort. La seule héritière d’une riche lignée d’industriels dont tous les biens ont été spoliés. Qui est l’étrange famille où Martha a trouvé refuge à son retour de captivité, et qui semble dissimuler bien des secrets ? Pourquoi cet homme entrevu un jour a-t-il suscité une telle terreur chez Martha ? Les événements replongent Delmas dans la terrible période de l’Occupation.

L’auteur :

Jean-Marc Durand a été journaliste pendant vingt ans, puis professeur de lettres. Il signe avec « Les anges barbares » son premier roman, un coup de maître qui plonge dans les heures les plus sombres de notre Histoire.

Mon avis :

Un bon roman policier avec une solide trame historique.

Nous sommes en 1951 en plein cœur de Lyon avec un commissaire irréductible et déterminé qui met tout en œuvre pour découvrir le meurtrier de Martha.

C’est une jeune fille juive qui a perdu toute sa famille dans les camps. Propriétaires d’usines, ils ont été spoliés de tous leurs biens. Lorsque la jeune fille retrouve sa ville, dans un premier temps, elle parvient à survivre grâce à la musique puis une rencontre malheureuse causera sa perte.

L’ambiance de l’après-guerre est parfaitement retraduite, les conséquences des spoliations des biens juifs, les parcours des policiers plus ou moins mouillés dans les rafles et autres basses besognes.

La ville de Lyon est particulièrement bien mise en scène aussi avec ses traboules, le Rhône, les guinguettes et la Croix rousse. Le commissaire Delmas aime particulièrement sa ville de Lyon, à l’instar de Brunetti, le commissaire des romans de Donna Léon, qui nous fait partager son amour pour Venise.

L’histoire est palpitante, la découverte du cadavre de la jeune fille n’est que le début d’une histoire assez complexe et bien orchestrée. Certains personnages nous font froid dans le dos alors que le héros et ses acolytes sont des personnages particulièrement attachants, humains et vrais. On vit avec eux, dans cette période difficile d’après-guerre et l’émotion est aussi au rendez-vous.

Ce que j’ai le plus apprécié : l’intrigue qui nous tient en haleine, l’écriture fluide et la qualité de la reconstitution historique.

Un bon livre que je recommande à tous.

Merci à LP Conseils et à City Éditions.

Notation :