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Maryline Fortin : L’Anatomiste

L'Anatomiste
L’Anatomiste

Résumé : Né dans une famille miséreuse, Blaise est vendu par son père alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Dans l’atelier d’un peintre, il perfectionne son art du dessin et rêve de devenir un grand artiste. Mais en 1539, la Renaissance a beau étendre ses lumières sur la France, elle éclaire difficilement ceux qui, comme lui, sont issus de la fange des ruelles. Les hasards de la vie font qu’il est contraint à travailler pour Gaspar de Vallon. Ce chirurgien méprisant et ambitieux demande à Blaise d’illustrer son traité anatomique. Il lui impose toujours plus de séances de dissections de cadavres et le précipite dans une quête effrénée et illégale pour dénicher des corps dans les cimetières de Paris.

 

L’auteur : Au cours de ses études, Marilyne Fortin a découvert un traité anatomique anonyme du XVIe siècle illustré d’extraordinaires gravures. Ainsi est née l’idée d’une fiction sur l’artiste inconnu. Ce premier roman a rencontré un extraordinaire succès, notamment au Québec où il a été finaliste du prestigieux Prix du Gouverneur Général.

 

Mon avis :

Un excellent roman historique : passionnant et très bien documenté.

L’auteure nous transporte à la Renaissance dans un milieu pauvre dans lequel Blaise, petit garçon, doit exécuter des dessins sur les foires pour aider sa famille à le nourrir. Son père est monstrueux, il utilise ses enfants qui vont émouvoir les passants et ainsi récolter de l’argent. Blaise est doué en dessin à tel point qu’un peintre le remarque et propose à son père de le former. Celui-ci, flairant l’aubaine, marchande le petit et empoche l’argent sans remords de voir l’enfant partir. Ce sera la chance de Blaise qui sera éduqué et fait son apprentissage auprès d’un peintre issu de l’école italienne. On les retrouve plus tard à Paris où démarre une deuxième époque, Blaise est un jeune adulte et dessine parfaitement.

Tout bascule lorsqu’il doit travailler pour un chirurgien qui a décidé de publier un traité d’anatomie avec ses rapports et des dessins. Cet anatomiste ne sait pas dessiner. Il a besoin de Blaise.

Tous les moyens sont bons pour trouver des sujets d’étude : des morts qu’il pourra disséquer. Parfois cru et toujours réalistes des descriptions qui nous plongent dans cet univers des scientifiques de l’époque.

Blaise a de nouveau un maître qui le maltraite, comme son père le faisait.

Une douce amitié verra sa souffrance s’atténuer.

Le lecteur est emporté au quinzième siècle et partage le quotidien des pauvres, des prostituées, des peintres, des chirurgiens. Nous traversons le quartier des Halles, les rues mal famées et nous tremblons pour nos héros.

De l’émotion, de l’aventure et de l’amour aussi dans ce roman qui est une formidable fresque historique. L’écriture est fluide, le début des chapitres est agrémenté de dessins, ce qui complète l’ambiance.

Une très belle découverte : je conseille vivement.

Merci à LP et aux éditions Terra Nova.

Notation :

Mario Giordano : Mamie cherche les embrouilles

Mamie cherche les embrouilles
Mamie cherche les embrouilles

Résumé :

A tout juste 60 ans, mamie Poldi est fatiguée : tout ce qu’elle veut, c’est aller quelque part au soleil pour terminer sa vie. Donc, direction la Sicile, la terre natale de Peppe, son défunt mari. Là, le soleil brille, la nourriture et les vins sont délicieux et sa belle-famille respire la joie de vivre. Difficile de se résigner à mourir… Quand Valentino son jeune jardinier est assassiné, Mamie Poldi décide de démasquer le meurtrier. Elle se lance dans une folle enquête où elle croise des membres de la Mafia, l’excentrique descendante d’une famille d’aristocrates français et une foule de personnages plus ou moins recommandables.

L’auteur : Né en Allemagne, Mario Giordano a étudié la philosophie et la psychologie. Auteur de romans, il est aussi scénariste pour le cinéma et la télévision. Il a reçu plusieurs prix prestigieux.

 

Mon avis :

Un polar loufoque et déjanté dans un décor ensoleillé.

Voici un roman policier atypique : j’ai eu l’impression d’être dans le jeu du Cluedo avec des personnages souvent farfelus comme l’héroïne Poldi. La construction du livre déroute parfois, beaucoup de personnages secondaires et un commissaire désemparé devant l’exubérante bavaroise.

Poldi a quitté sa Bavière pour couler des jours heureux près de sa famille en Sicile.

Elle ne résiste pas à la tentation de mener son enquête après à la disparition de Valentino.

Parfois drôle, léger, une histoire policière un peu trop décousue. Un autre bémol : la couverture trop kitch et le style un brin familier.

A réserver aux amateurs de romans policiers qui ont envie de se détendre.

Merci à City Éditions et LP Conseil.

 

Notation :

Kenneth Cook : À toute berzingue

À toute berzingue
À toute berzingue

Résumé : Katie et Shaw se connaissent depuis vingt-quatre heures à peine. Pourtant, entre eux, c’est déjà « à la vie, à la mort », au sens propre du terme. Coincés dans une petite Honda lancée à toute berzingue sur la piste d’Obiri – six cents kilomètres de fournaise et de poussière au cœur de l’outback australien -, ils sont poursuivis par une monstrueuse créature prête à tout pour les éliminer. Doivent-ils rebrousser chemin et affronter leur assaillant ? Ou continuer leur course folle sur cette piste qui semble mener droit en enfer ?

 

L’auteur : Kenneth Cook (1927-1987) est un journaliste, réalisateur, scénariste et écrivain australien. Né à Lakemba, en Nouvelle-Galles du Sud, il étudia à Fort Street High School. Il a fondé un nouveau parti politique ainsi que la première ferme de papillon en Australie. Il est mort d’une crise cardiaque.

 

Mon avis :

Une traque infernale menée tambour battant.

On retient son souffle tout du long, impressionnant ! J’ai rarement ressenti une tension pareille dans un roman.

Je ne connaissais pas cet auteur et l’accroche du roman m’a interpellée : « Un suspense vertigineux », ce commentaire a été rédigé par Douglas Kennedy.

J’ai retrouvé dans ce roman l’ambiance du premier récit de Douglas Kennedy : « Cul de sac ».

Nos deux héros, sont prisonniers de l’outback australien essayant d’échapper à une créature prête à tout pour les éliminer.

Tout avait pourtant bien démarré : un jeune homme Shaw croise Katie sur une route, celle-ci, une charmante jeune femme reporter photographe, qui voyage seule dans ces zones désertiques pour préparer des nouveaux articles. Lui, jeune diplômé paysagiste, se rend à Adélaïde pour un entretien d’embauche. Chacun a décidé de prendre son temps pour découvrir ses contrées désolées. Katie a un gros véhicule équipé pour le désert alors que Shaw a une berline classique.

Tout bascule lors de leur deuxième rencontre lorsque Katie se précipite à pied vers Shaw et lui demande de l’aide. Il faut dire que Shaw avait décidé d’emprunter une route dangereuse mais devait s’arrêter à la première étape. Avant de partir, un policier l’a prévenu : ne pas s’aventurer plus loin et surtout ne jamais sortir de la voiture. Avec la température extérieure, on ne peut survivre longtemps sur ces routes isolées. Bien sûr, il a aussi emporté des réserves d’essence et d’eau.

Oui mais l’arrivée de la jeune fille épouvantée change tout ! Une créature horrible a essayé de la violer et lui a pris son véhicule.

Le problème c’est que la créature a décidé de pourchasser les deux jeunes gens.
À partir de là, aucun répit pour le lecteur.
On transpire avec eux : de peur et de chaleur aussi.
Cela monte crescendo…

Un conseil : évitez de le lire le soir avant de dormir.

Sinon, n’hésitez pas, c’est un suspense terriblement efficace.

La préface de Douglas Kennedy campe bien le décor et montre l’importance que cette lecture a eu sur son métier d’écrivain.

Merci aux éditions Autrement.

Notation :

Joël Dicker : Les Derniers Jours de nos pères.

Les Derniers Jours de nos pères.
Les Derniers Jours de nos pères.

Résumé :

Londres, 1940. Soucieux de pallier l’anéantissement de l’armée britannique à Dunkerque, Winston Churchill a une idée qui va changer le cours de la guerre: créer une branche noire des services secrets, le Special Operation Executive (SOE), chargée de mener des actions de sabotage et de renseignement à l’intérieur des lignes ennemies et dont les membres seraient issus des populations locales pour être insoupçonnables. Du jamais vu jusqu’alors.

Quelques mois plus tard, le jeune Paul-Émile quitte Paris pour Londres dans l’espoir de rejoindre la Résistance. Rapidement recruté par le SOE, il est intégré à un groupe de Français qui deviendront ses compagnons de cœur et d’armes. Entraînés et formés de façon intense aux quatre coins de l’Angleterre, ceux qui passeront la sélection se verront bientôt renvoyés en France occupée pour contribuer à la formation des réseaux de résistance. Mais sur le continent, le contre-espionnage allemand est en état d’alerte…

L’existence même du SOE a été longtemps tenue secrète. Soixante-cinq ans après les faits, Les Derniers Jours de nos pères est un des premiers romans à en évoquer la création et à revenir sur les véritables relations entre la Résistance et l’Angleterre de Churchill.

Né à Genève en 1985, Joël Dicker est juriste de formation. Le manuscrit de ce roman a été récompensé par le Prix des Écrivains genevois.

Mon Avis :
Dans ce livre nous allons suivre Paul Émile, dit Pal, comme dans le poème qui débute le livre, il veut rester ou plutôt devenir un Homme avec un grand H. Pal refuse la défaite de la France et veut résister. Recruté à Paris par un agent anglais à la recherche de jeunes français courageux, il quitte Paris et son cher Père et rejoint Londres où tout ce passe. A Londres, il transite par le centre d’interrogatoire de Wandsworth dans la proche banlieue. On lui propose d’intégrer un tout nouveau service secret la Section F du SOE :  « F » comme France bien sùr .
Le SOE à été créé par Churchill en juillet 40 avec pour mission de soutenir les mouvements de résistance en Europe occupée « et maintenant,mettez le feu a l’Europe » avait-il dit à la création du service.
Le rôle du SOE, section F, a été très minimisé à la libération par de Gaulle qui ne voulait pas que l’on sache que la résistance avait été aidée par un service étranger à son BCRA (Bureau Central de renseignements et d’action). Il y a eu même un pacte pour que les agents français du SOE ne soient pas jugés à la libération pour avoir travaillé avec une puissance étrangère et ainsi ne pas être jugés comme traitre à leur patrie !!

La première partie du livre nous décrit la transformation de Pal, de simple étudiant ne sachant pas se battre, en commando aguerri avec « licence to kill » (droit de tuer).
De camp d’entraînement en camp d’entrainement, il parvient à la fin de la sélection non sans souffrances, blessures mais aussi de belles amitiés avec quelque autres personnes comme lui : Gros , Key , Claude, Laura, Faron… Le début est un petit peu « longuet » mais nous permet de bien cerner la mentalité des diverses personnes présentes dans le centre d’entraînement et ainsi de vouloir connaitre la suite de leurs aventures . Celle du père de Pal, aussi, qui jalonne les chapitres de sa présence et occupe les pensée du Fils jusqu’à l’obsession !!

Commence pour eux la guerre, la VRAIE !
Les parachutages, les coups d’actions, les rencontres avec la résistance, les voyages à travers la France occupée, les mitraillages de convois, les assassinats d’officiers allemands.
Ce qui est intéressant dans ce livre, c’est la manière dont son auteur a mis en avant les émotions des personnages, les rapports humains, on ne rentre pas vraiment dans les action terroristes , on reste  juste près d’eux. Je lis principalement, depuis des années, des livres techniques sur cette période où tout est détaillé en chiffres et faits bruts. Dans ce roman, on zoome sur des personnages qui auraient pu exister, on devine leurs peurs jusqu’à vomir, leurs remords, cette envie tenace de revoir leur famille  ce qui leur est interdit bien sur !
Mais peut-on interdire l’amour filial même en temps de guerre  …
On traverse comme cela la guerre jusqu’à débarquement et la libération.
Je vous laisse découvrir ce roman qui vous séduira par l’émotion qui s’en dégage, un très bon roman sur la guerre secrète vu du coté Anglais.

On a une pensée pour les vrais du SOE : les Roland, Marcel, Eugène, Muriel, Yolande, Madeleine, et les centaines d’autres qui ont lutté corps et âme pour la libération du joug nazi.

Notation :

Philippe Claudel : L’arbre du pays Toraja

L'arbre du pays Toraja
L’arbre du pays Toraja

Résumé :

Un cinéaste au mitan de sa vie perd son meilleur ami et réfléchit sur la part que la mort occupe dans notre existence. Entre deux femmes magnifiques, entre le présent et le passé, dans la mémoire des visages aimés et la lumière des rencontres inattendues, L’Arbre du pays Toraja célèbre les promesses de la vie.

L’auteur :

Écrivain traduit dans le monde entier, Philippe Claudel est aussi cinéaste et dramaturge. Il a notamment publié aux éditions Stock Les Âmes grises, La Petite Fille de Monsieur Linh, Le Rapport de Brodeck. Membre de l’académie Goncourt, il réside en Lorraine où il est né en 1962.

 

Mon avis :

Un roman sensible à déguster en prenant son temps.

Le titre nous est expliqué dès le départ : une étonnante coutume d’une peuplade en Indonésie qui dépose les enfants morts aux pieds des arbres, ils sont comme absorbés ensuite par ces arbres.

Ce roman ou récit nous parle de l’amitié, l’amour et la mort.
Une belle réflexion sur notre vie et son sens quand le deuil nous touche de près.
Les questions que l’auteur pose :

Qu’est-ce qui fait qu’on est pleinement vivant ?
Comment lutter et continuer à vivre après la disparition de proches ?
Sensible et émouvant : un beau texte à savourer et méditer.

Merci à NetGalley et aux éditions Stock.

Notation :