Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Philippe Krhajac : Un dieu dans la poitrine

Résumé 

Phérial a quatre ans lorsqu’il est placé dans un orphelinat. Loin de se douter que le chemin sera périlleux, il traverse sa réalité d’enfant abandonné en se jouant comme il peut du cortège des familles d’accueil, des éducations aux mille règles, mille abus, mille mensonges. Ne perdant jamais de vue son désir profond : retrouver peut-être, un jour, sa maman, il avance sans relâche et au cours de ses péripéties rencontre trois femmes d’exception. 

L’auteur 

Né en 1966, enfant de l’Assistance publique passé par douze familles d’accueil, Philippe Krhajac est comédien. Un dieu dans la poitrine est son premier roman.

Mon avis

Un premier roman touchant qui remue énormément.

Le petit Phérial se retrouve, à seulement quatre ans, dans une très grande maison, à l’assistance pour un premier séjour. Après une période d’adaptation, il parvient à s’intégrer et se fait des copains.

Puis un jour, il doit quitter cet endroit et ses camarades pour rejoindre une famille d’accueil : une « maman » et un « papa » inconnus. Une nouvelle vie à se construire : s’adapter à cette famille, se conformer à leurs exigences. La vie réservée au garçonnet sera compliquée et parsemée de violence verbale et physique. Il résiste et parfois s’évanouit quand il cherche à s’éloigner de la réalité.

Malgré cette enfance à la dérive et sans repère, le garçon grandit et peut compter sur des des anges gardiens : trois femmes. Mireille, l’assistante sociale, est toujours là pour le garçon et l’épaule jusqu’à son adolescence. Une vraie complicité les relie.

L’énergie de l’enfant et son goût pour le théâtre l’aideront à survivre.

Je me suis attachée à cet enfant, j’ai été touchée par ses malheurs et j’ai aimé sa force de caractère. Ses anges gardiens lui ont apporté la force de continuer, le récit s’allège lorsque ces fées interviennent.

Un texte poignant avec une touche d’optimisme. À découvrir absolument.

Paru aux éditions Folio.

Notation :

Éric Genetet : Un bonheur sans pitié

Un bonheur sans pitié

Résumé 

« Je n’aurais jamais imaginé devenir cette fille-là. Personne ne peut comprendre pourquoi je ne le quitte pas, je l’ignore moi-même. »

Après quelques mois d’une passion enivrante et sans nuage, Marina sait qu’elle a enfin trouvé le bonheur avec Torsten. Mais un jour, le masque se fissure et il révèle son vrai visage. Emportée par ses sentiments, Marina pardonne inlassablement et s’habitue à l’inacceptable, jusqu’à se perdre et sombrer.

L’auteur 

Né en 1967, Éric Genetet vit entre Strasbourg et Paris. Il est l’auteur de Solo, Le Fiancé de la lune, Et n’attendre personne et Tomber (prix Folire et prix de la Ville de Belfort 2016).

Mon avis 

Une descente aux enfers inexorable : nos nerfs sont mis à rude épreuve !

Court et dense, une lecture qui ne peut vous laisser indifférent. 

J’ai vécu le calvaire de Marina en  restant accrochée à la lecture : en apnée jusqu’à la fin. J’ai lu vite ne pouvant me détacher de ce couple infernal.

Après la conquête de Marina,  Torsten fait tomber son masque de « gentil » et se révèle sous sa vraie personnalité de dominateur. Marina devient sa chose. Celle-ci, toujours amoureuse, tente de résister et s’accroche aux quelques moments de répit. Elle ne comprend pas son attitude et lui trouve des excuses.

L’auteur alterne les points de vue de Marina et de Torsten, elle désespérée et lui estimant qu’il l’aide beaucoup.

Un récit haletant qui dénonce l’emprise, la domination d’un homme et l’acceptation de la femme. 

Après lecture, j’ai pris un temps pour souffler et réfléchir à cette lecture.

Je vous recommande chaudement ce texte.

Paru aux Éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :

Ingrid Astier : La vague

La vague

Résumé :

Sur la presqu’île de Tahiti, la fin de la route est le début de tous les possibles. Chacun vient y chercher l’aventure. Pour les plus téméraires, elle porte le nom de Teahupo’o, la plus belle vague du monde.

La plus dangereuse aussi. Hiro est le surfeur légendaire de La Vague. Après sept ans d’absence, sa sœur Moea retrouve leur vallée luxuriante. Et Birdy, un ancien champion de surf brisé par le récif. Arrive Taj, un Hawaïen sous ice, qui pense que tout lui appartient…

L’auteur :

Écrivain au tempérament insulaire, Ingrid Astier est née à Clermont-Ferrand en 1976.

Elle vit actuellement à Paris. Normalienne, agrégée de lettres, elle débute en écriture avec le Prix du Jeune Écrivain (1999). Son désir de fiction et son goût pour les péripéties sont liés à son enfance au sein de la nature, en Bourgogne, où se mêlent contemplation et action. Elle a choisi le roman noir pour sa faculté à se pencher sans réserve sur l’être humain. Tout autant architecte que dentellière dans son écriture, elle aime bâtir des mondes. La Vague est son cinquième roman.

Mon avis :

Au cœur de Tahiti, un roman noir dominé par la fameuse vague de Teahupo’o, accrochez-vous cela déménage !

Tahiti : paradis ou enfer ? Une des questions qui se pose après cette lecture. 

Le décor : nous voici sur l’île de Tahiti dans la presqu’île de Tahiti, appelée Tahiti Iti (Petite Tahiti) et plus précisément là où la route se termine à Teahupo’o qui signifie « le mur des têtes », souvenir d’une bataille ancestrale et l’édification d’un mur fait à partir des crânes des vaincus. Cet endroit est mondialement connu pour sa vague, l’une des plus puissantes au monde, les meilleurs surfeurs de la planète s’y retrouvent. 

Hiro, surfeur tahitien, l’affronte depuis son enfance. Installé dans une paisible vallée luxuriante toute proche, il se prépare à recevoir sa sœur Moea, de retour après plusieurs années. Il lui a construit un fare (maison) tout en bois pour qu’elle se sente bien. Proche de la nature, il mène une vie paisible avec ses copains Birdy et Lascar.

Aux antipodes, côté enfer, Taj, surfeur hawaïen débarque pour affronter la vague. 

Plus féroce et dangereux que cette vague, Taj, cherche à dominer le monde. Il est démoniaque et n’a peur de rien.

Amateur de de sensations fortes, il consomme de « l’ice » drogue dure qui rend fou. Attiré par l’argent, il fréquente des malfrats qui s’enrichissent en vendant cette drogue aux tahitiens. 

Hiro et Taj se croisent et se haïssent au premier regard. 

J’ai retrouvé l’ambiance polynésienne, lorsque l’auteure décrit les vallées luxuriantes, les cascades, l’odeur des tiare, le lagon, les murènes ou encore les problèmes de circulation de Papeete. Parsemé de mots polynésiens, l’immersion est totale : j’ai beaucoup aimé.

L’intrigue nous tient en haleine, la tension est forte et le rythme efficace.

Pourquoi pas une version cinématographique tirée de ce livre à la fois sombre et lumineux ?

Je vous le recommande.

Paru aux éditions Les Arènes.

Voici le site de l’auteure pour en savoir plus http://www.ingridastier.com

Notation :

Éric Fouassier : Par deux fois tu mourras

Par deux fois tu mourras

Résumé

Palais de Rouen, 569. Galswinthe, la jeune épouse de Chilpéric, l’un des trois petits-fils de Clovis, meurt étouffée dans sa chambre. Juste après, son assassin est retrouvé poignardé… Quatre ans plus tard, la sœur de Galswinthe, la reine Brunehilde d’Austrasie, est persuadée que toute la lumière n’a pas été faite sur cette tragique affaire. Elle charge Arsenius Pontius, un jeune lettré gallo-roman, de se rendre à Rouen pour enquêter en toute discrétion.

Sur place, Wintrude, une ancienne princesse thuringienne devenue esclave des Francs, lui apporte des informations essentielles. 

L’auteur 

Né en 1963, Éric Fouassier, membre de l’Académie nationale de pharmacie, grand spécialiste de l’histoire de la pharmacie qu’il enseigne en faculté depuis plus de vingt ans, est un passionné de jeux de piste et d’énigmes. Bayard ou le Crime d’Amboiseest le premier tome d’une série. Le deuxième tome, Le Piège de Verre, sort en parallèle aux Éditions Jean-Claude Lattès en grand format.

Mon avis

Un bon roman historique qui nous entraîne chez les petit-fils de Clovis : j’ai pris du plaisir à partager le quotidien de ces trois rois qui se combattent pour conquérir le royaume des francs.

Ce roman se nourrit de faits historiques : l’auteur nous propose une liste des personnages réels dès les premières pages (rois, princesses, évêque) plus des personnages de fiction. Une carte de ce royaume éclaté est également insérée au début du livre.

L’écriture est très fluide, les aventures sont palpitantes : j’ai tourné très vite les pages de ce pavé qu’on a de la peine à lâcher.

À la croisée de l’univers des « Rois maudits » et de « Da Vinci code », les personnages inventés par l’auteur nous font découvrir une période moins connue de l’histoire de France et on en redemande.

La bonne nouvelle : c’est le premier tome d’une trilogie, nous retrouverons donc ces personnages si attachants.

La note de l’auteur, en fin du livre, raconte le travail documentaire effectué, les choix de l’auteur et toute une biographie du haut Moyen Âge. 

Merci à Babelio et aux éditions Lattès pour cette lecture.

Notation :

Sébastien Palle : L’étoffe du destin

L’étoffe du destin

Résumé
Artisan teinturier avant-gardiste, Christophe Oberkampf révolutionne l’industrie des tissus imprimés, et le quotidien des élégantes, grâce à sa manufacture des toiles de Jouy. Prodige des mathématiques, Alina Diop bouleverse la finance de marché pour servir la cause des femmes à travers le monde. Le premier, allemand et protestant, participe à la Révolution française. La seconde, jeune Sénégalaise écartelée entre les cultures mandingue et wolof, fuit des groupuscules islamistes qui ont enlevé les siens. Malgré les siècles qui les séparent, Christophe et Alina partagent de nombreux points communs. Et un destin.

L’auteur
Né en 1961, Sébastien Palle a fait carrière dans les domaines spatial et financier. Il est aujourd’hui investi dans une association pour promouvoir la recherche sur l’intelligence végétale. Féru de généalogie et d’histoire, il est un descendant d’Oberkampf. L’Étoffe du destin est son premier roman.

Mon avis
J’ai été emballée par cette lecture : un premier roman décoiffant.
Bravo pour l’histoire, la mise en scène, les personnages forts et sincères. Bon j’avoue, je suis dithyrambique mais c’est fondé et je vais vous le démontrer.
Nous suivons d’abord Christophe, en Allemagne, en compagnie de son père teinturier qui rêve d’imprimer des motifs bleus sur un fond blanc. La famille part s’installer en Suisse, l’enfant a onze ans, devient apprenti et débute par toutes les basses besognes. Cela se passe en 1750, quelques années plus tard, Christophe jeune adulte, arrive en France. Ambitieux, il progresse rapidement dans une manufacture et découvre le village de Jouy.
En parallèle, dans les années 2000, Alina, jeune sénégalaise vit un drame à l’âge de dix ans et perd une partie de sa famille. Pour survivre, elle prend l’identité de son jeune frère. Quelques années plus tard, devenue majeure, elle décide de tenter sa chance en France en travaillant dans la sécurité informatique.
Ces deux destins hors normes sont racontés avec une grande virtuosité, la passion de l’histoire transparaît dans le récit. L’écriture est précise et racée. Ces deux étrangers s’intègrent parfaitement et réussissent brillamment.
L’histoire et le ton m’ont fait penser aux romans de Jean-Christophe Ruffin, grand écrivain que j’aime beaucoup.
Un roman que je vous recommande chaudement pour les thèmes illustrés et le plaisir de lecture.
Il est certain que je ne regarderai plus la toile de Jouy sans penser à ce récit.

Paru aux éditions Héloïse d’Ormesson.

Notation :