Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Chronique de : Le complot du Livret Rouge de Laurent Nagy

Résumé :

En 1814, alors que la Restauration de Louis XVIII mécontente de plus en plus le peuple, Joseph Chunotte, un ancien révolutionnaire, est retrouvé mort, défenestré. Cet homme puissant qui régnait sur la pègre parisienne avait bâti sa fortune grâce au vol des joyaux de Marie-Antoinette. Le commissaire Samuel Le Mullois est mandaté par la police secrète du roi pour enquêter sur cette mort mystérieuse.

L’auteur :

Laurent Nagy, titulaire d’un doctorat en Histoire, est chercheur. Passionné par la période post-révolutionnaire, il a créé un univers et des personnages qui font revivre les intrigues du Paris de cette époque. 

Ma chronique :

Un roman historique qui entremêle vérité et fiction, l’auteur précise en introduction ce qui relève de la réalité et du romanesque.

Il ne s’agit pas ici d’un roman d’aventures historiques mais plutôt d’une enquête policière au cœur du Paris de 1814.

Le commissaire, notre héros, n’est pas un personnage charismatique bien au contraire : strict, sévère et luthérien, il œuvre, avec ténacité, à dénouer une affaire criminelle. L’inspecteur qui lui est rattaché pour cette mission est déçu lorsqu’il le rencontre, ne comprenant pas sa froideur. Samuel est presque muet et aime travailler seul.

Je retiendrai de ce roman son côté très docte et sa grande érudition, par exemple les descriptions tres précises du Paris de l’époque post-révolutionnaire. Mais j’avoue avoir été un peu déçue par le manque de rythme de l’intrigue. Il y a peu de rebondissements, c’est assez plat. Ce n’est pas du tout un roman d’aventures mais peut-être que je m’attendais à davantage de péripéties et cette attente n’a pas été comblée.

À conseiller aux amateurs de romans historiques passionnés par cette période post-révolutionnaire.

Publié aux éditions City Éditions.

Chronique de : Avant les diamants de Dominique Maisons

Avant les diamants

Résumé :

Hollywood, 1953. L’industrie cinématographique est un gâteau fourré à l’arsenic que se disputent la mafia, l’armée et les ligues de vertu catholiques. Dans ce marécage moral et politique, ne survivent que les âmes prêtes à tout. Le producteur raté Larkin Moffat est de ceux-là. Abonné aux tournages de séries B, il fait vivoter les crève-la-faim du cinéma et enrage contre ce système qui l’exclue. Jusqu’au jour où il se voit proposer la chance de sa vie.  Dans cette combine dangereuse vont graviter autour de lui le major Buckman, parieur et coureur invétéré, le très ambivalent père Santino Starace, l’impresario et proxénète Johnny Stompanato…

L’auteur :

Dominique Maisons est l’auteur de romans noirs et thrillers salués par plusieurs prix. Avec son « roman-vrai » Avant les diamants, il effectue un tournant littéraire majeur, qui le place dans les pas des plus grands – James Ellroy, Robert Littell ou Don Winslow.

Ma chronique :

Une vision anti glamour d’Hollywood, tout semble vrai même le plus innommable.

Cette plongée dans ce monde hollywoodien des années cinquante ressemble à une descente aux enfers. Pègre et cinéma réunis, il fallait oser.

Comment démêler le vrai du faux dans ce polar ? 

Si on aime les romans noirs de Jales Ellroy alors banco : ne pas hésiter, ce livre de cinq cent pages va vous ravir. Les intrigues s’enchaînent à un rythme qui nous laisse pantelant, c’est touffu et dense.

Le cinéma hollywoodien est décrit de manière très détaillée et tout est bien documenté. Cela frise parfois un trop plein de débordements mais c’est mené avec style et brio.

Impossible à raconter, à lire pour une plongée en eaux très troubles et on en redemande.

Paru aux éditions de la Martinière.

Notation :

Critique de : La femme qui reste d’Anne De Rochas

La femme qui reste

Résumé :

Dans l’Allemagne exsangue et tumultueuse des années vingt, le Bauhaus est plus qu’une école d’art. C’est une promesse. Au sein du grand bâtiment de verre et d’acier, Clara, Holger et Théo vont partager l’aventure intense et créative de la modernité. Les femmes y cherchent leur place. Des liens se tissent. Amitié, amour… Entre rêves d’Amérique et certitudes de Russie, les futurs se dessinent.

L’auteure 

Créatrice textile, Anne de Rochas a collaboré de nombreuses années avec Yves Saint Laurent. En tant que graphiste, elle a travaillé avec des maisons d’éditionmusicale et discographique. Elle partage désormais son temps entre l’écriture et ses projets artistiques. « La Femme qui reste » est son premier roman.

Ma chronique :

Une grande histoire humaine et artistique. 

Le mouvement du Bauhaus qui allie art et technique est toujours présent aujourd’hui. Anne De Rochas nous entraîne au cœur de cette école, entre Dessau et Berlin, en compagnie de trois personnages Cara, Théo et Holger. En ce début de vingtième siècle, les femmes n’ont pas la même place que les hommes et Clara s’en plaint : « Aux hommes l’architecture, aux femmes le tissage… ». 

On y croise aussi de grands artistes comme les peintres Klee et Kandinsky.

Couvrant plusieurs décennies, ce roman dense et riche nous immerge dans 

la vie du Bauhaus. C’est un ouvrage très documenté.

Mon bémol, qui m’a gênée rapidement dans ma lecture, j’ai un peu de mal à le décrire : je dirai que c’est une distanciation avec les personnages, un côté froid, pas ou peu d’émotion ressentie. Je suivais leur parcours comme si c’était un documentaire et non un roman. J’ai donc refermé le livre en me disant : je me suis cultivée mais je n’ai pas passé un grand moment de lecture car je n’ai pas vibré avec les héros de ce livre.

Une lecture davantage recommandée pour s’instruire et découvrir ce courant artistique du Bauhaus. 

Publié aux éditions Les Escales.

Notation :

Critique de : Autoportrait en chevreuil de Victor Pouchet

Autoportrait en chevreuil

Résumé

Avril s’inquiète pour Elias. Elle l’aime, mais il est si secret, si étrange parfois. Craintif, aussi. Elle voudrait comprendre ce qui le tourmente, ce qui l’empêche de vivre pleinement. Mais comment Elias pourrait-il lui confier ce qu’a été son enfance ? Pas facile, dans un petit village, d’être le fils du « fou ». 

L’auteur :

Victor Pouchet est né à Paris en 1985. Enfance en région parisienne, vacances sur la côte bretonne et dans les montagnes corses. Études à l’École Normale Supérieure de Lyon. Commence une thèse sur les descendants de Stendhal dans la critique au XXe siècle, l’abandonne sur le bord du chemin trois ans plus tard. Il enseigne aujourd’hui la littérature en classes préparatoires.

Ma chronique :

J’ai aimé ce roman d’apprentissage qui combine imaginaire et une grande sensibilité.

Pour ce deuxième livre de Victor Pouchet, j’ai retrouvé un écrit qui entraîne le lecteur sur des chemins parallèles, avec un héros qui n’a pas une vie classique et se construit comme il peut. Son père magnétiseur lui impose parfois des rites qui le font souffrir et ses camarades se moquent de lui. Il retrouve progressivement une autre vie lorsque son père rencontrera une nouvelle femme.

Construit en trois parties correspondant aux trois voix : celle d’Elias, sa fiancée et son père. Cette narration originale fait la lumière progressivement sur la vie hors norme d’Elias, son père clôture ce portrait.

Le lecteur s’interroge et s’attache à cet antihéros et à sa destinée. L’écriture est fluide avec des passages qui prêtent à sourire parfois comme le paragraphe sur la paradoxologie, en voici un extrait « on pourrait dire que c’est la science de l’absence permanente de clarté ». 

À découvrir aux éditions Finitude.

Notation :

Chronique de : Victor Kessler n’a pas tout dit de Cathy Bonidan

Victor Kessler n’a pas tout dit

Résumé :

La brume des Vosges cache bien des secrets. Bertille le sait : elle les a fuis. Retranchée à Paris dans une vie solitaire, la jeune femme a enterré ses souvenirs. Jusqu’au jour où sa vie bascule. Quelques pages trouvées dans le cabas d’un vieil homme la réveillent d’un coup : il s’agit d’une confession, écrite par un certain Victor Kessler. Car le 17 novembre 1973, quarante-cinq ans plus tôt, le corps d’un enfant de dix ans a été repêché dans un lac près de Saintes-Fosses. L’instituteur du village est le coupable idéal : Victor Kessler, lui-même.

L’auteure :

Cathy Bonidan écrit depuis l’âge de quatorze ans. Elle est institutrice à Vannes. Son premier roman, Le Parfum de l’hellébore (2017), a reçu onze prix littéraires. Les droits de son second roman, Chambre 128 (2019), ont été vendus dans sept pays, dont les États-Unis.

Ma chronique :

J’ai découvert cette auteure avec son premier livre : « Le parfum de l’hellébore » et je n’ai pas été déçue par ce nouveau roman. 

Je suis rentrée très vite dans l’histoire que je n’ai pratiquement pas lâchée : l’intrigue est orchestrée de main de maître, le suspense intense et l’émotion est au rendez-vous.

Ce n’est pas un polar ni un thriller, Cathy Bonidan a écrit un « roman enquête » qui allie psychologie, recherche de la vérité, secrets de famille et un fait divers tragique.

Bertille, l’héroïne, veut comprendre les dessous de la tragédie après avoir rencontré Victor Kessler. Celui-ci a été arrêté, quarante quatre auparavant, pour le meurtre d’un enfant. Après avoir lu le début de son journal et échangé avec lui, elle se rend sur place et enquête. Ses découvertes déroutantes alternent avec la suite du journal que Victor a décidé de finaliser. Un rythme soutenu, des personnages cabossés « à fleur de peau » et la résurgence des fantômes du passé : tout concourt à nous accrocher à cette histoire.

J’ai frémi avec Bertille, femme fragile mais déterminée à tout comprendre. Je me suis attachée aussi à Victor, héros malgré lui, dont la confession nous arracherait presque des larmes surtout en fin de récit.

Un livre à ne pas manquer.

Publié aux éditions de la Martinière 

Notation :