Catégorie : <span>LITTERATURE FRANCAISE</span>

Chronique de : Les aquatiques d’Osvalde Lewat

Les aquatiques

Résumé :

Vingt ans après la mort de sa mère, Katmé Abbia, enseignante, apprend que la tombe doit être déplacée. Son mari, Tashun, préfet de la capitale, voit dans ce nouvel enterrement l’occasion providentielle de réparer les erreurs du passé et surtout de donner un coup d’accélérateur à sa carrière politique. Quand Samy, artiste tourmenté, ami et frère de toujours de Katmé, est arrêté et jeté en prison, les ambitions politiques de son mari entrent en collision avec sa vie et la placent devant un choix terrible.

L’auteure

Osvalde Lewat est née à Garoua au Cameroun. Photographe d’art et réalisatrice de films documentaires plusieurs fois primés, elle vit à Paris. Les Aquatiques est son premier roman.

Mon avis :

Un livre fort, portrait sans concession d’une Afrique contemporaine.

L’histoire de cette jeune femme dans un pays imaginaire africain est à la fois flamboyante et glaçante.

On se dit : «toute ressemblance avec des faits réels.. », ce qui est décrit ici peut-il exister aujourd’hui ?

Des thèmes forts comme l’homosexualité non dépénalisée et la place des femmes sont évoqués dans cette histoire africaine.

Avec une écriture crue et âpre, l’auteure nous emporte dans un récit puissant dont j’ai aussi aimé l’ambiance africaine avec les évocations des plantes, des animaux : l’immersion est totale.

C’est un récit qui évoque notamment le thème de la liberté des femmes : quelle est la vraie place de Katmé ? Est-elle libre de choisir sa vie ?

Dans ce pays africain, la vie des femmes est soumise à leurs maris et au poids des traditions. Les artistes comme Samy ont une vie compliquée aussi, pourchassé par certains. La violence et la brutalité sont très présentes. Une évocation poignante.

Je vous recommande ce beau premier roman lumineux et fort.

À découvrir aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : Mon cœur serré comme une sardine

Résumé :

1967. Jacob a huit ans et vit à Safi, une petite ville côtière du Maroc qui sent bon les épices et la sardine. Son meilleur ami, c’est Brahim. Ensemble, ils partagent tout et jouent aux osselets. Ils sont juif et musulman mais se vivent d’abord comme des Marocains. Pourtant, a la veille de la guerre des Six-Jours, les relations entre Israël et les pays arabes se tendent. Même si le conflit a lieu à des milliers de kilomètres, le climat entre les deux communautés se dégrade aussi a Safi. L’amitié de Brahim et Jacob résistera-t-elle ?

L’auteure :

Karen Merran a publié chez Michel Lafon son premier roman, Il était une fois dans le métro, 2015. Mon coeur serré comme une sardine, publié en auto’édition, a été lauréat du prix du Jury des Plumes Francophones 2019.

Ma chronique :

J’ai beaucoup aimé ce livre écrit du point de vue d’un enfant de huit ans, Jacob dont la vie sera bousculée par le contexte politique au Maroc.

L’histoire d’amitié entre ce petit garçon juif et son copain musulman est bouleversante, comment peut-elle résister à cette période de conflit entre Israël et les pays arabes ?

Un récit qui interpelle sur ces sujets de liens entre des peuples qui se déchirent et la vie en exil.

La plume de Karen fait des miracles, la voix de l’enfant résonne en nous et nous émeut.

Un roman magique qui fait chaud au cœur.

À ne pas rater.

Chronique de : La marquise des ombres de Catherine Hermary-Vieille

La marquise des ombres

Résumé :

Après une enfance endeuillée par la mort de sa mère, Marie- Madeleine d’Aubray arrive en 1643 à Paris, où son père est nommé lieutenant civil. La jeune femme s’imagine grande dame, fêtée et surtout aimée. Son mariage avec le futur marquis de Brinvilliers ne lui apportera que le confort financier, sans combler ses désirs. Ses vraies passions, l’amour et l’argent, trouveront à s’incarner en deux hommes : M. de Penautier, trésorier des États de Languedoc et homme d’affaires, et Jean-Baptiste de Sainte-Croix, aventurier et alchimiste.

L’auteure :

Née à Paris en 1943, Catherine Hermary-Vieille a obtenu de nombreuses récompenses littéraires, dont le prix Femina pour Le Grand Vizir de la nuit (1981 ; Archipel, 2018) et le Grand Prix RTL 1987 pour L’Infidèle (Archipoche 2019).

Ma chronique :

Un roman passionnant, l’histoire de la décadence d’une marquise blessée dans son enfance dont la vie passera par des hauts et des bas terrifiants.

En refermant ce livre, on se dit quelle triste descente aux enfers, un destin implacable.

Le talent de l’écrivaine est de nous entraîner dans ce monde impitoyable du dix-septième siècle grâce à une fidèle reconstitution qui s’avère passionnante.

J’avais du mal à poser ce pavé qui se lit vite. L’écriture est très fluide.

Pour illustrer cette histoire vraie, l’auteure a inséré des documents réels dans le roman (des confessions notamment).

On se prend de pitié pour une héroïne pourtant reconnue comme criminelle.

Une histoire forte portée par un grand souffle narratif : à conseiller à tous les passionnés d’histoire.

Paru aux éditions Archipoche éditeur l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Quand les hasards sont des rendez-vous de Magali Discours

Quand les hasards sont des rendez-vous

Résumé :

Dans le bar de Jocelyne, les habitués sont comme une famille. Il y a l’ancien : Papé, 85 ans, un sans-abri. Et les jeunes : Lisa, encore étudiante, et ses amis, avec lesquels elle a formé une troupe de théâtre amateur. Un soir d’été, Papé quitte ce monde. Ses petits-enfants de coeur deviennent les gardiens d’un étrange héritage …

L’auteure :

Née en 1971 sur l’île de Beauté, Magali Discours a grandi au bord de la Méditerranée. De son enfance provençale, elle a gardé un goût prononcé pour les accents chantants et un sens innée de la comédie. Professeur d’italien et responsable d’une troupe de théâtre, elle exerce dans un lycée de Beaune en Bourgogne. Magali Discours a remporté deux prix littéraires en 2020.

Ma chronique :

Une nouvelle collection chez l’Archipel : « Instants suspendus » : un joli nom qui illustre très bien l’ambiance du roman.

J’ai été happée par cette histoire : j’ai aimé remonter le temps pour découvrir la vie passionnante du héros et suivre le spectacle monté par quatre jeunes artistes. Le procédé est original, la mise en scène des jeunes comédiens sert de fil conducteur à l’intrigue.

Ces êtres cabossés m’ont émue, j’ai voyagé avec eux au cœur de Nice, en ce début du vingtième siècle. J’ai partagé la vie tourmentée de Papé et de ses proches. Le personnage de Jocelyne est particulièrement attachant, une patronne de bar pas comme les autres.

En résumé, une belle et douce lecture qui ne peut que nous toucher, à découvrir sans tarder aux éditions l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Les fils du pêcheur de Grégory Nicolas

Les fils du pêcheur

Résumé :

Alors que le narrateur vient d’apprendre qu’il sera bientôt père d’une petite fille, le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, sa mère. Le bateau de son père, Jean, vient de sombrer « corps et biens ». Jamais Jean ne saura que sa petite-fille s’appellera Louise. Peut-être pour lui rendre hommage, peut-être pour apaiser son chagrin, le narrateur se met alors à écrire le roman de ce coquillier blanc et bleu, Ar c’hwil, né presque en même temps que lui. Derrière l’histoire du bateau, c’est celle du père, de ses peines et de ses drames qui se profile.

L’auteur :

Grégory Nicolas est né en Bretagne en 1984. Après avoir travaillé en tant que caviste à Rennes et professeur des écoles à Paris, il se consacre désormais à l’écriture. Il est notamment l’auteur de Des histoires pour cent ans (Rue des Promenades, 2018 ; Pocket, 2020) et de Équipiers (Hugo Sport, 2019) qui a reçu le prix Antoine-Blondin.

Ma chronique :

Une chronique douce et amère, comme la vie, se dit-on une fois refermé. Des hauts et des bas racontés avec brio : je retiens l’extrême pudeur mélangée à une grande humanité. Un beau résultat : un texte poignant qui salue la mémoire d’un patron pêcheur parti trop tôt.

J’ai passé un beau moment en compagnie de cette famille de pêcheurs. Le père, un taiseux, a des difficultés à communiquer son amour à ses proches alors qu’il met tout en œuvre pour les rendre heureux. Seul son bateau semble trouver grâce à ses yeux.

Le narrateur, son fils, détricote sa vie, plus sombre qu’elle ne le paraissait.

Des secrets, levés tardivement, éclairent ses enfants sur l’attitude paternelle. Depuis les années soixante-dix à nos jours, l’histoire de la France est au cœur des événements qui vont marquer la famille.

Un style fluide, une émotion palpable à chaque instant : de la littérature comme je l’aime.

Je vous recommande ce livre paru aux éditions Les Escales.

Notation :