Catégorie : <span>LITTERATURE AMERICAINE</span>

Le dilemme du prisonnier de Richard Powers

Le-dilemme-du-prisonnierRésumé

Fin des années 1980, De Kalb, Illinois. Eddie Hobson, Ailene et leurs quatre enfants ont toujours formé un clan très soudé. Mais, lorsque Eddie est frappé par une étrange maladie, la mécanique familiale se dérègle et les secrets de ce père pas comme les autres font peu à peu surface. Pourquoi ce professeur d’histoire charismatique a-t-il élevé ses enfants, aujourd’hui adultes, dans l’amour de la culture, des énigmes et des jeux d’esprit, tout en les tenant toujours éloignés des réalités de leur temps ? Et quelle est cette longue histoire qu’il élabore depuis près de trois décennies derrière une porte close ? Alors qu’Eddie s’est enfui de l’hôpital pour une destination inconnue, le plus jeune de ses fils, Eddie Jr., part à sa recherche. Petit à petit, l’histoire du père se dévoile et, avec elle, c’est tout le XXe siècle qui défile, de l’Exposition universelle de New York, en 1939, aux essais nucléaires de Los Alamos, en passant par un projet grandiose de Walt Disney destiné à entretenir l’optimisme des populations durant la Seconde Guerre mondiale.

Plutôt déçue par ce livre pourtant écrit pourtant par un grand auteur américain : Richard Powers.

Richard Powers né en 1957, a écrit ce roman en 1988, c’est son deuxième roman traduit pour la première fois en français.

Passionné d’histoire, son premier livre évoquait la première guerre mondiale puis celui-ci la seconde guerre mondiale. Egalement féru de technologie et de science à l’image de son père mis en scène dans ce livre, Powers ressuscite son enfance à travers cette histoire familiale.

Multi-facettes et désarmant ce livre décrit une famille dont le père, personnage central, propose dès le petit-déjeuner des jeux auxquels ses quatre enfants se plient pour jouer et faire plaisir au patriarche. Une étrange maladie le fait souffrir et le contraint à quitter don travail d’enseignant. De plus en plus atteint, la famille déménagera et Eddie,le père, est de plus en plus bizarre et vit dans un monde parallèle. L’histoire du père se mêle à de grands évènements historiques comme l’exposition universelle de 1939 et une rencontre avec Disney.

Se mélangent les joutes verbales, l’histoire ou plus exactement la grande histoire et l’importance de la culture : ce père cherche désespérément à faire progresser ses enfants et à leur enseigner l’importance du langage.

Mais tout cela suffit-il pour faire un bon roman ou plutôt un roman intéressant, qui va capter son lecteur ?

Mon analyse : ce récit est trop complexe et les allers-retours entre le passé du père et sa vie familiale déstabilisent le lecteur. Quel message l’auteur veut-il nous délivre ?

Le titre du livre est une référence au jeu du même nom où deux prisonniers séparés se voient offrir une alternative de dénonciation d’un complice et ainsi diminuer sa peine. Le lien entre le titre du livre et l’histoire ne m’est pas apparu clairement.

Le style est lourd, certains passage longs et peu intéressants. Passé le premier tiers, je me suis dit qu’il restait encore deux tiers ! Beaucoup de longueurs dans ce livre, il faut s’accrocher pour rester en phase avec l’histoire. Les 500 pages ne se digèrent pas facilement.

Un livre que je peux éventuellement recommander à ceux qui s’intéressent à l’histoire américaine mais ce n’est pas un incontournable de la rentrée littéraire. Et surtout c’est un livre complexe, difficile et présentant un intérêt limité à mon avis.

Peu habituée à cette maison d’éditions, j’ai apprécié l’objet livre et notamment la couverture « très années 50 ».

En vérifiant dans le catalogue de cet éditeur, je me suis aperçue que je le connaissais pour ses publications de Jim Fergus, autre grand auteur américain, qui lui m’emballe à chaque nouvelle parution.

Ces livres suivants ayant eu un grand succès, je tenterai peut-être une autre lecture de Richard Powers mais, je l’avoue, pas tout de suite.

Merci Chroniques de la rentrée littéraire pour cette lecture.

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Notation :

Esprit d’hiver de Laura Kasischke

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Quatrième de couverture
Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d’angoisse inexplicable. Rien n’est plus comme avant. Le blizzard s’est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant…

 

Citation : « Douce et inquiétante, experte en malaise phosphorescent et ouaté, de livre en livre, elle a su bâtir un univers sans pareil, suspendu dans la rêverie aveuglante qui précède toujours le drame, ce moment de flottement où la clairvoyance se débat pour se faire entendre. »
Marine Landrot, Télérama

 

 

Mon avis : Un de mes auteurs fétiches raconte l’histoire d’une fille adoptive et de sa mère dans un huit-clos glaçant.

 

Tout est froid : le temps en ce matin de Noël et les relations entre cette adolescente de 13 ans et sa mère adoptive. La tension et le mystère sont palpables dès les premières pages;  les événements s’enchaînent alors que Holly, la mère, tente de rétablir le dialogue avec sa fille qui se dérobe . Les flashbacks nous apprennent comment Holly et son mari sont partis récupérer un beau bébé en Sibérie. Deux voyages ont été nécessaires, le premier pour choisir le bébé puis le second pour la ramener aux États Unis : quel bonheur pour ces nouveaux parents l’adoption de cette petite fille aux cheveux très noirs et aux grands yeux et quelle émotion aussi pour Holly lorsqu’elle repense à tous ces moments.

 

La tension monte en même temps que le blizzard s’intensifie : tout est exacerbé, le sentiment d’angoisse de Holly face à l’attente des invites pour le repas de Noël et les relations tendues entre mère et fille.

 

Tout est fort dans ce livre : le rythme, le style et lhistoire. Le plus impressionnant : la chute, mais je n’en dirai pas plus.

 

J’ai découvert Laura Kasischke avec « les revenants », la critique est aussi sur mon blog, j’étais déjà enthousiaste; ce livre confirme mon engouement pour elle.

A lire absolument. Un de mes coups de cœur de cette rentrée littéraire.

 

Notation :

Maine de J. Courtney Sullivan

Présentation de l’éditeur
Alice, 80 ans, s’apprête à vivre un dernier été dans le Maine, avant de céder la maison familiale. Cette demeure est chargée d’histoire : depuis plus de trente ans, chaque année, Alice y a passé ses vacances avec ses filles et l’ensemble de sa famille. Toute son existence de jeune immigrée irlandaise peut se lire sur ces murs, à l’exception de ce secret douloureux qui la ronge depuis de nombreuses années. Maine est un roman fort sur la famille, la transmission et la place de la femme dans la société depuis trois générations.

le-roman-de-l-ete-maine-de-j-courtney-sullivan_LBiographie :
J . Courtney Sullivan a publié deux romans aux États-Unis. Ancienne diplômée de Smith, elle est actuellement journaliste au New York Times.

Mon avis :
Un chassé croisé d’histoires de femmes avec le récit de la grand-mère Alice, sa fille, sa belle-fille et sa petite-fille.Subtil, tendre et intime ce roman à quatre voix alterne entre ces quatre héroïnes.
Leur histoire est touchante et émouvante, des secrets de famille enfouis et dévoilés progressivement expliquent la complexité des différents personnages. Alice la grand-mère est dure et cassante, surtout avec sa fille, et rejette sur son entourage une culpabilité qui la ronge depuis la mort de sa sœur. Kathleen, la fille, se reconstruit après avoir fréquenté les alcooliques anonymes et entretient des rapports conflictuels avec sa mère Maggie la petite fille, trentenaire, cherche sa place dans sa famille avec une mère omniprésente et dans son couple, un conjoint défaillant
Ann-Marie est, a priori, la femme parfaite ; la belle-fille d’Alice s’occupe de tout : son mari, ses enfants, la maison mais elle s’ennuie et commence à s’intéresser un peu trop à d’autres mais j’arrête là …
Un roman qui interpelle chacun de nous au travers de son analyse sur les relations familiales et la maternité  C’est aussi un livre difficile à poser, l’histoire de ces quatre femmes nous happe dès le départ et ne nous lâche plus.
Comment ne pas se sentir proche de chacune de ses femmes qui trouve forcément  un écho dans nos vies ?

Ce pavé de 450 pages se dévore avec plaisir tant pour la finesse des descriptions des personnages mais aussi pour l’évocation de la région du Maine qu’on a envie de découvrir après cette lecture. Cet état du Maine est d’ailleurs un personnage incontournable au coeur de cette belle histoire.

Merci Sophie pour cette découverte et un grand merci aussi à Mathilde qui m’a conseillée le premier roman de cet auteure « les débutantes ».

Un lien vers le site de l’auteure

L’avis de la presse :
Un roman tendre et impitoyable sur une famille dont les membres se déchirent, mais que l’amour peut toujours racheter. — The Washington Post

Notation :

Madame Hemingway de Paula McLain

 

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Présentation de l’éditeur

Madame Hemingway est la reconstitution imaginée des amours et du mariage de Ernest Hemingway avec sa première épouse (il en aura quatre), Hadley Richardson. Mariés en un éclair, follement amoureux, les Hemingway embarquent le 8 décembre 1921 à bord du Leopoldina pour Paris la trépidante où ils se retrouvent vite au cœur d’une « génération perdue » d’écrivains expatriés qui compte déjà Gertrude Stein, Ezra Pound, James Joyce, F. Scott et Zelda Fitzgerald.

 

Biographie : 

Diplômée en poésie de l’université du Michigan, boursière du prestigieux national Endowment for the Arts, Paula McLain est l’auteur de deux recueils de poèmes, d’un essai et d’un premier roman, A Ticket to Ride, jamais traduit en français. Elle vit avec ses enfants à Cleveland, dans l’Ohio. 

Mon avis  : Plongée dans le milieu artistique des années 20 à Paris, ce livre est un beau portait de la femme d’un grand écrivain.

Madame Hemingway, qui est le narrateur de l’histoire, soutient son mari dans ses débuts difficiles. Ernest est torturé, extraverti mais surtout possède une très grande confiance dans son potentiel d’écrivain et veut percer à tout prix. Sa femme va tout faire pour l’aider, en dépensant ses économies pour faire vivre le ménage et en l’encourageant à chaque instant.

Leur vie est une fête incessante avec soirées alcoolisées et débridées. Tous leurs amis vivent sur ce rythme endiablé et la plupart sont riches contrairement au couple Hemingway . Hadley, notre héroïne est touchante, sensible et une muse parfaite pour son mari écrivain mais son couple va basculer et la troisième partie du livre nous présente une autre facette de leur vie; mais je n’en dirai pas plus …

Agréable à lire, ce livre m’a charmée et j’ai vécu dans les années 20 au cours de ces pages; j’avais du mal à abandonner les personnages quand je devais le poser.

Une belle lecture et un grand plaisir : je conseille.

Merci Mathilde (ma bibliothécaire préférée !) et mon club littéraire pour la recommandation de ce livre.

 

Pour prolonger l’immersion dans cette époque : «Paris est une fête » d’E. Hemingway qui retrace cette période de sa vie avec Hadley au début des années 20; il a été réédité en juin 2011.

Notation :

Un été avec Louise de Laura Moriarty

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Publié aux États Unis sous le titre ‘the Chaperone’ et en France par les éditions du Fleuve Noir.

Une belle fresque romanesque avec deux portraits forts illustrant les Etats-Unis dans les années 20. Ces deux héroïnes sont Louise Brooks, la star du cinéma muet et Cora une femme à la recherche de ses origines. 

L’histoire se déroule essentiellement à Wichita dans le Kansas, ville où Louise a passé son enfance. Nous suivons Louise en 1922 qui âgée de 15 ans part à New York avec Cora son chaperon. Toutes les deux vont faire de belles découvertes : Louise qui étouffait dans le Kansas découvre cette ville démesurée avec des buildings et surtout des théâtres pour occuper les soirées.

Cora quant à elle avait une raison bien precise pour se rendre à New York, elle recherche ses racines et mène une enquête pour comprendre d’où elle vient. Plusieurs secrets de famille se dévoileront au fur et à mesure de l’intrigue. 

Ce qui est passionnant dans ce livre c’est la découverte des années folles à New York et dans le Kansas : la vie quotidienne, la place des femmes, la place des ‘gens de couleur’ comme on disait et le destin assez tragique de Louise.

Le personnage principal reste Cora qui nous raconte l’histoire et qui d’ailleurs dans la dernière partie du livre, poursuit son récit jusque dans les années 80.

Une fresque passionnante qui se lit facilement et avec plaisir.

Je vous le conseille.

Extrait

« La première fois que Cora entendit le nom de Louise Brooks, elle attendait la fin d’une averse dans une Ford T garée devant la bibliothèque municipale de Wichita. Si Cora avait été seule et avait eu les mains libres, elle se serait peut-être élancée à travers la pelouse pour gagner l’escalier de pierre de la bibliothèque. Mais ce jour-là, avec son amie Viola Hammond, elles avaient passé la matinée à faire du porte-à-porte dans leur quartier afin de collecter des livres pour la nouvelle salle de lecture dédiée aux enfants, et le fruit conséquent de leurs efforts se trouvait à l’abri, et au sec, dans quatre caisses sur la banquette arrière. Cet orage ne durerait pas, et elles ne pouvaient pas prendre le risque de mouiller leur butin.

Et puis, songea Cora en contemplant distraitement la pluie, ce n’était pas comme si elle avait autre chose à faire. Ses garçons étaient déjà partis travailler pour l’été dans une ferme à la sortie de Winfield. À l’automne, ils iraient à la faculté. Cora cherchait encore ses marques dans la quiétude, et la liberté, de cette nouvelle période de sa vie. Désormais, lorsque Délia avait terminé sa journée, la maison restait propre longtemps après son départ, sans empreinte de boue sur les sols ni disques éparpillés autour du phonographe. Il n’y avait plus de chamailleries à arbitrer pour savoir qui prendrait l’automobile, ni de match de tennis à aller applaudir au club, ni de dissertation à relire et porter aux nues. Le garde-manger et le réfrigérateur restaient pleins sans qu’il y ait besoin de faire des courses quotidiennes. Et ce jour-là, puisque Alan était au travail, Cora n’avait aucune raison de se hâter de rentrer. »

Biographie de l’auteur

Laura Moriarty est native d’Honolulu sur l’archipel d’Hawaii. Diplômée en sciences sociales, elle a repris après quelques années des études en techniques d’écriture à l’université du Kansas. Lauréate du prix de l’académie Phillips Exeter pour son premier roman L’Egale des autres, publié en 2003, elle vit désormais avec sa fille à Lawrence, au Kansas, où elle se consacre à l’écriture. Un été avec Louise est son premier roman à paraître au Fleuve Noir.            

Interview de l’auteure

Lien avec le portail Internet du fonds historique de Wichita

 

 

Notation :