Catégorie : <span>LITTERATURE AMERICAINE</span>

Alice McDermott : Charming Billy

Charming Billy
Charming Billy

Résumé : Après l’enterrement de Billy Linch, ses amis et sa famille se réunissent dans un bar du Bronx pour évoquer les bons moments passés ensemble. Ils redécouvrent le plaisir de boire un verre alors que l’alcool était devenu un vrai problème dans la vie de Billy. Sa veuve, Maeve, est là. Elle a toujours veillé sur Billy et chacun admire son courage. Mais personne ne peut évoquer Billy sans penser à cette jeune jeune Irlandaise. Car un été, à Long Island, il y a si longtemps, il est tombé éperdument amoureux de la jeune Eva. Il voulait l’épouser, elle est retournée en Irlande. Malgré sa promesse, elle n’est jamais revenue. Dennis, le cousin de Billy, n’a pas osé avouer la vérité. Il a préféré lui dire qu’elle était morte d’une pneumonie.

 

L’auteur : Née à Brooklyn en 1953, Alice McDermott est l’auteur de cinq romans, tous publiés à Quai Voltaire: Charming Billy (1999) qui a obtenu le National Book Award et l’American Book Award, L’Arbre à sucettes (2003), La Visite à Brooklyn (2006), Ce qui demeure (2007) et Someone (2015). Elle vit avec sa famille près de Washington.

 

Mon avis :

Doux et nostalgique, une belle lecture fluide très attachante.

L’ambiance feutrée et tendre qui entoure le début de l’histoire évolue progressivement pour laisser la place à des situations plus tendues et compliquées.

Le grand amour de Billy, Eva, a disparu. Désespéré, il n’a plus goût à rien. Dennis son meilleur ami a tout fait pour le protéger. Il lui a menti sur Eva pour que Billy garde une belle image de la jeune fille. Il l’a contraint à ressasser toute sa vie cet amour perdu sans parvenir à s’en guérir complètement.

Lorsque l’histoire débute, Billy vient de mourir et ses proches sont réunis pour son enterrement. Dennis se confie à sa fille et raconte toute leur histoire marquée par la disparition d’Eva.

L’auteur décortique la vie de Billy, sa jeunesse, ses amours et les secrets qui l’entourent. Nous partageons leur quotidien, le poids du mensonge , les concessions. Après la douceur et la tendresse, apparaissent l’amertume et la mesquinerie qui alourdissent l’atmosphère et plombent la vie de nos protagonistes.

Les haines sont plus profondes que nos affections, telle est la sentence d’un des héros que j’ai envie de partager avec vous.

Je vous conseille ce récit situé entre le Bronx, Long Island et l’Irlande pour son style et l’émotion qui s’en dégage.

 

Merci aux éditions de la Table Ronde.

Nouvelle édition Petit Quai Voltaire du 8/9/2016 après une première édition Quai Voltaire en septembre 99.

Notation :

Patti Smith : M Train

M Train
M Train

Résumé : M Train débute au ‘Ino’, le petit bar de Greenwich Village où elle va chaque matin boire son café noir, méditer sur le monde tel qu’il est ou tel qu’il fut, et écrire dans son carnet. En passant par la Casa Azul de Frida Kahlo dans la banlieue de Mexico, par les tombes de Genet, Rimbaud, Mishima, ou encore par un bungalow délabré en bord de mer, à New York, qu’elle a acheté juste avant le passage dévastateur de l’ouragan Sandy, Patti Smith nous propose un itinéraire flottant au cœur de ses références (on croise Murakami, Blake, Bolaño, Sebald, Burroughs… ) et des événements de sa vie.

 

L’auteur : Auteure, musicienne, chanteuse, peintre et photographe, Patti Smith a acquis la reconnaissance dans les années 1970 pour sa fusion révolutionnaire entre poésie et rock. Son ouvrage « Just Kids » a été récompensé en 2010 par le National Book Award.

 

Mon avis :

Je ne résiste pas à débuter cet avis par la première phrase du livre « ce n’est pas si facile d’écrire sur rien », pour donner le ton de cette balade poétique très bien écrite.

Coup de chapeau pour l’objet livre : rempli de photos en noir et blanc et illustrant le récit, l’auteure est photographe aussi.

Ce livre, très personnel, est un hommage à l’art, tous ceux que Patti affectionnent : la photographie, la musique lorsqu’elle nous parle de Fred et sa guitare et surtout la littérature. J’ai particulièrement apprécié les passages sur la découverte de Haruki Murakami et son attachement à son livre fétiche « Chroniques de l’oiseau à ressort » dont la perte à Houston l’attriste beaucoup.

De Madrid à Berlin ou entre Mexico et New York son port d’attache, nous la suivons évoquant sa jeunesse, son amour des livres et de la photo, Fred son mari. Les moments défilent sans chronologie portés par des réflexions sur la vie, l’absence, le quotidien et ses rituels et sa solitude.

Poétique et touchant, un récit difficile à résumer plutôt à déguster avec un bon café, la boisson favorite de l’auteure.

À découvrir pour entamer avec Patti une réflexion en forme de méditation sur notre condition humaine. A réserver aux amateurs de ce type de récit. Je conseille aussi de lire cet ouvrage par petit bout, faire des pauses pour laisser notre esprit digérer sa prose puis y revenir, ou bien, ce que j’ai fait, d’alterner avec une autre lecture.

 

Sélectionné par le Grand Prix des lectrices Elle 2017.

 

Notation :

Jonathan Galassi : Muse

Muse
Muse

Résumé : Paul Dukach est l’héritier présomptif de Purcell & Stern, l’une des dernières maisons d’édition américaines indépendantes, dont les bureaux miteux, au cœur de New York, dissimulent un catalogue fabuleux. Il apprend les ficelles du métier aux côtés du flamboyant président de la maison, Homer Stern : comment s’attirer les bonnes grâces d’un agent littéraire au cours d’un déjeuner en ville, survivre au milieu des requins de l’édition à la foire de Francfort et, surtout, ménager les égos fragiles des auteurs aussi éblouissants que versatiles qu’il chérit. Mais un écrivain fait l’objet de l’adoration sans bornes de Paul : la poète Ida Perkins, dont les vers et la vie ont façonné le paysage littéraire contemporain de l’Amérique, et dont l’éditeur – qui se trouve être son cousin et ancien amant – est le plus grand rival d’Homer.

 

L’auteur : Président des prestigieuses éditions Farrar, Straus & Giroux, Jonathan Galassi est un acteur essentiel du monde de l’édition aux États-Unis. Auteur de trois recueils de poésie, traducteur des poètes Eugenio Montale et Giacomo Leopardi, éditeur de poésie pour The Paris Review, il écrit aussi pour The New York Review of Books, entre autres publications.

 

Mon avis :

Un ovni littéraire pour tous ceux qui rêvent de connaître le monde de l’édition. Les amoureux de littérature pourront s’intéresser à ce texte, pour les autres cela reste à confirmer.
C’est un roman écrit pour des aficionados, la langue plutôt riche et au style parfois ampoulé ne me paraît pas à la portée de tous. Aimer la poésie peut également aider à la lecture.

Après ces précisions, sachez que nous suivons Paul, un éditeur passionné de poésie. Il vénère Ida, la poétesse; l’auteur a eu l’idée de glisser des poèmes dans le texte pour nous immerger dans l’ambiance.
Paul soutenu par Homer, le président de la maison d’édition, fera tout pour publier son idole. Nous sommes plongés dans les arcanes du monde éditorial new-yorkais : nous y découvrons ce monde de l’édition et les rapports entre écrivains et agents littéraires.

Un premier roman qui rend hommage à la littérature et nous offre une peinture d’un milieu que nous lecteurs côtoyons sans le connaître.
À découvrir en cette rentrée littéraire.

Merci à l’agence Anne et Arnaud et aux éditions Fayard.

 

Notation :

Emma Cline : The girls

The girls
The girls

Résumé : Le Nord de la Californie, à l’époque tourmentée de la fin des années 1960. Evie Boyd a quatorze ans, elle vit seule avec sa mère, que son père vient de quitter. Fille unique et mal dans sa peau, elle n’a que Connie, son amie d’enfance. Mais les deux amies se disputent dès le début de l’été qui précède le départ en pension d’Evie. Un après-midi, elle aperçoit dans le parc où elle est venue traîner, un groupe de filles dont la liberté, les tenues débraillées et l’atmosphère d’abandon qui les entoure la fascinent. Très vite, Evie tombe sous la coupe de Suzanne, l’aînée de cette bande, et se laisse entraîner dans le cercle d’une secte et de son leader charismatique, Russell.

L’auteur : Emma Cline est une jeune californienne de 27 ans qui signe ici son premier roman.

Mon avis :

Un roman merveilleux et captivant tout du long.

« The girls » fait couler beaucoup d’encre bien qu’il ne soit pas encore paru, après lecture je comprends pourquoi. Ce récit vaut le détour à la fois pour l’histoire, l’ambiance et la qualité de l’écriture.

L’histoire : une jeune fille, Evie, se sent à l’étroit dans le domicile parental. Elle s’ennuie beaucoup depuis qu’elle vit seule avec sa mère et encore plus après la dispute avec sa meilleure amie. Désœuvrée, la rencontre avec une bande de filles qui sont en train de voler de la nourriture, va la faire basculer. Insidieusement, l’amitié puis l’adoration qu’elle porte à Suzanne vont l’entraîner à participer à des mauvais coups.

Evie a l’impression d’exister lorsqu’elle est en compagnie des jeunes filles et de Russell, le gourou. Si elle se plie à ses exigences, c’est pour plaire à Suzanne et appartenir à un clan.

Pour servir ce récit, une écriture fine, ciselée, imagée et superbe : j’ai beaucoup aimé.

Un beau texte sur les tourments de l’adolescence et les dérives sectaires.

Universel et faisant écho à d’autres situations se déroulant à notre époque, nous suivons cette descente aux enfers en frémissant pour ces filles, les héroïnes. La figure masculine, gourou compris, est reléguée au second plan, comme la fameuse affaire qui a inspiré ce récit.

La révélation de cette rentrée littéraire : un gros coup de cœur pour ce roman terriblement prenant sur le désenchantement de la jeunesse.

Foncez sans hésitation.

Merci à l’agence Anne et Arnaud et aux éditions de la Table Ronde.

Notation :

Katherine Mosby : Sanctuaires ardents

Sanctuaires ardents
Sanctuaires ardents


Résumé : Depuis l’arrivée du couple Daniels, la petite bourgade de Winsville, en Virginie, est en émoi. L’intense beauté de Vienna, sa déroutante culture, sa passion immodérée pour les arbres suscitent l’admiration des uns, l’effroi des autres, les commérages de tous. Un jour, Willard s’en va, laissant Vienna élever seule leurs enfants, Willa et Elliott, deux sauvageons pétris de curiosité et de connaissances. Dès lors, les rumeurs enflent. Jalousies et désirs se multiplient, se cristallisent…

 

L’auteur : Professeur à l’université de New-York, Katherine Mosby collabore au New Yorker et à Vogue. Poète et romancière, elle est l’auteur de trois romans. Sous le charme de Lillian Dawes est le deuxième. Il a fait partie de la sélection 2002 du New-York Times. Née à Cuba en 1957, elle vit aujourd’hui à New-York.

 

Mon avis :

A découvrir absolument, une perle.

Un récit rempli d’émotions, on ne peut y rester indifférent, j’ai été bouleversée.
Difficile de résumer une lecture de ce type : sachez que tout est délicat, fin et subtil.

L’histoire plutôt simple nous plonge dans le quotidien d’une jeune femme dans les années 20 aux États-Unis. Intellectuelle, passionnée de littérature et poésie, Vienna quitte New-York pour vivre en Virginie avec son mari. Sa liberté de pensée et sa grande érudition déroutent les habitants de cette petite ville, non habitués à voir des femmes intelligentes et libres. Même son mari se lasse rapidement de son « extravagance » et déserte le foyer conjugal : il ne supporte plus une femme qui refuse de se plier aux convenances.

Vienna, seule ensuite avec deux jeunes enfants, survit au milieu des quolibets et de la jalousie de ses voisins. Une femme étrange qui élève seule ses enfants, les éduque elle-même et qui entretient des relations cordiales avec des « gens de couleur » comme on dit dans le sud. La petite ville désapprouve et le climat devient pesant.

J’ai apprécié ce beau portrait de femme, témoignage d’une époque et un bel hommage aux femmes qui se battaient pour être libres. Une ambiance à la « Pat Conroy » avec en prime une langue riche et savante mais jamais empesée.

L’histoire et la plume m’ont accrochée au récit que je posais à regret.
Grâce à cette belle réédition chez « Petit Quai Voltaire », j’ai pu découvrir ce texte paru en 2010 en France.
Faites comme moi, précipitez-vous sur ce beau roman, vous ne le regretterez pas.

Merci aux éditions de la Table Ronde.

Notation :