Catégorie : <span>CRITIQUES</span>

Chronique de : Mon cœur serré comme une sardine

Résumé :

1967. Jacob a huit ans et vit à Safi, une petite ville côtière du Maroc qui sent bon les épices et la sardine. Son meilleur ami, c’est Brahim. Ensemble, ils partagent tout et jouent aux osselets. Ils sont juif et musulman mais se vivent d’abord comme des Marocains. Pourtant, a la veille de la guerre des Six-Jours, les relations entre Israël et les pays arabes se tendent. Même si le conflit a lieu à des milliers de kilomètres, le climat entre les deux communautés se dégrade aussi a Safi. L’amitié de Brahim et Jacob résistera-t-elle ?

L’auteure :

Karen Merran a publié chez Michel Lafon son premier roman, Il était une fois dans le métro, 2015. Mon coeur serré comme une sardine, publié en auto’édition, a été lauréat du prix du Jury des Plumes Francophones 2019.

Ma chronique :

J’ai beaucoup aimé ce livre écrit du point de vue d’un enfant de huit ans, Jacob dont la vie sera bousculée par le contexte politique au Maroc.

L’histoire d’amitié entre ce petit garçon juif et son copain musulman est bouleversante, comment peut-elle résister à cette période de conflit entre Israël et les pays arabes ?

Un récit qui interpelle sur ces sujets de liens entre des peuples qui se déchirent et la vie en exil.

La plume de Karen fait des miracles, la voix de l’enfant résonne en nous et nous émeut.

Un roman magique qui fait chaud au cœur.

À ne pas rater.

Chronique : de La trilogie de Corfou de Gerald Durrell

Trilogie de Corfou

Résumé :

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la famille Durrell fuit l’hiver anglais. Lawrence, Margo, Leslie, Gerry et leur mère s’installent sur l’île grecque de Corfou. Le benjamin de la tribu, éminent zoologiste d’une douzaine d’années, part à la conquête de son île et de la faune qui s’y épanouit. Une époque enchanteresse, dont les souvenirs sont devenus un classique de la littérature britannique.

L’auteur :

Gerard Durrell (1925-1995) est l’un des plus célèbres naturalistes et écrivains britanniques, connu aussi pour avoir fondé la Durrell Wildfire Conservation Trust et le Zoo de Jersey, en 1958. De son enfance en Inde et à Corfou, il a tiré plusieurs récits, dont « Ma famille et autres animaux » qui fut un véritable best-seller lors de sa sortie en 1956 en Angleterre où le livre est constamment réédité depuis. C’était le premier volet d’une série intitulée « La trilogie de Corfou ».

Ma chronique :

Quel plaisir de passer l’été à Corfou avec la famille Durrell. Une lecture rafraîchissante, émouvante et dépaysante.

J’ai dévoré les trois tomes : le premier raconte l’installation de la famille de Gerry, le plus jeune des enfants et l’auteur. La vie de ces cinq anglais dans ce paradis grec est racontée par cet enfant passionné de zoologie. Du haut de ses dix ans Gerry évoque les rencontres avec les animaux et les grecs découvrant les mœurs anglaises. Une famille pas comme les autres avec une mère libre et bienveillante pour ses enfants, un frère aîné écrivain, un autre frère amateur d’armes et une sœur très préoccupée de son apparence.

Dans le deuxième et troisième tome, Gerry revient sur certains épisodes les plus marquants de sa vie parmi les corfiotes. Le troisième partie nous éclaire sur l’histoire de sa famille avant Corfou comme leur séjour aux Indes.

L’écriture très fluide et les superbes descriptions de l’île avec ses fleurs, animaux et paysages donnent envie de partir découvrir cette île.

Les corfiotes, comme Spiro et Théodore, les plus proches confidents de la famille sont particulièrement attachants.

Drôle, sensible et touchant, voici un texte à conseiller aux adultes et enfants pour un beau voyage littéraire.

Dans ce coffret paru aux éditions de la Table Ronde sont insérés les deux DVD de la série télévisée.

Notation :

Chronique de : La marquise des ombres de Catherine Hermary-Vieille

La marquise des ombres

Résumé :

Après une enfance endeuillée par la mort de sa mère, Marie- Madeleine d’Aubray arrive en 1643 à Paris, où son père est nommé lieutenant civil. La jeune femme s’imagine grande dame, fêtée et surtout aimée. Son mariage avec le futur marquis de Brinvilliers ne lui apportera que le confort financier, sans combler ses désirs. Ses vraies passions, l’amour et l’argent, trouveront à s’incarner en deux hommes : M. de Penautier, trésorier des États de Languedoc et homme d’affaires, et Jean-Baptiste de Sainte-Croix, aventurier et alchimiste.

L’auteure :

Née à Paris en 1943, Catherine Hermary-Vieille a obtenu de nombreuses récompenses littéraires, dont le prix Femina pour Le Grand Vizir de la nuit (1981 ; Archipel, 2018) et le Grand Prix RTL 1987 pour L’Infidèle (Archipoche 2019).

Ma chronique :

Un roman passionnant, l’histoire de la décadence d’une marquise blessée dans son enfance dont la vie passera par des hauts et des bas terrifiants.

En refermant ce livre, on se dit quelle triste descente aux enfers, un destin implacable.

Le talent de l’écrivaine est de nous entraîner dans ce monde impitoyable du dix-septième siècle grâce à une fidèle reconstitution qui s’avère passionnante.

J’avais du mal à poser ce pavé qui se lit vite. L’écriture est très fluide.

Pour illustrer cette histoire vraie, l’auteure a inséré des documents réels dans le roman (des confessions notamment).

On se prend de pitié pour une héroïne pourtant reconnue comme criminelle.

Une histoire forte portée par un grand souffle narratif : à conseiller à tous les passionnés d’histoire.

Paru aux éditions Archipoche éditeur l’Archipel.

Notation :

Chronique de : Pour tout te dire de Gilly Macmillan

Pour tout te dire

Résumé :

Le talent d’écrivaine de Lucy Harper lui a tout donné : la gloire, la fortune et des fans par millions. Il lui a aussi donné Dan, son mari jaloux dont la carrière d’écrivain est au point mort. Un jour, Dan disparaît ; ce n’est pas la première fois qu’une personne disparaît dans la vie de GiLucy. Trois décennies plus tôt, son petit frère Teddy s’est lui aussi volatilisé et n’a jamais été retrouvé. Lucy, seul témoin, n’a jamais dit la vérité sur cette soirée, au grand désarroi de ses parents.

L’auteure :

Gilly Macmillan vit en Angleterre. Depuis la publication de « Ne Pars pas sans moi », « Pour tout te dire » est son sixième roman publié aux Escales.

Ma chronique :

Je l’ai lu presque d’une traite : complètement happée par cette histoire.

Ce n’est pas un thriller classique : la narratrice et héroïne écrit des polars, son histoire personnelle dramatique s’entremêle avec ses polars.

Dès les premières lignes, j’ai été ferrée : le frère de Lucy a disparu une nuit de solstice alors qu’il était avec elle. Que s’est-il passé ? Quelle responsabilité incombe à Lucy ? La construction narrative entrecoupée de témoignages du passé entraîne le lecteur sur de multiples pistes et maintient le mystère jusqu’aux dernières lignes.

Une auteure de polar qui ne sait plus où donner de la tête et se sent piégée par son passé, son mari et ses héros de papier. Qui est avec elle ? Peut-on lui faire confiance ? Comment se faire aider alors que son passé resurgit ?

Un très bon thriller, sans rien de gore, avec un suspense intact jusqu’au bout et une écriture efficace. Parfois déstabilisant, on ne sait plus qui et quoi croire.

N’est-ce pas tout cela qui fait un bon polar ?

À découvrir sans attendre aux éditions Les Escales.

Notation :

Chronique de : Harvey d’Emma Cline

Harvey

Résumé :

Harvey a mal partout. Le bracelet électronique n’arrange rien, il a les chevilles fragiles et craint de chuter dans l’escalier tapissé de la villa qu’on lui a prêtée. Demain c’en sera fini, il sera disculpé de tout ce qu’on lui a mis sur le dos dans le seul but de lui nuire. Dès demain il pourra se lancer dans de nouveaux projets. Entre deux coups de fil à ses avocats, avec lesquels il s’efforce d’être patient, il aperçoit Don DeLillo dans le jardin voisin. Adapter son chef-d’œuvre, Bruit de fond, au cinéma. Voilà…

L’auteure :

Emma Cline est née en Californie. Ses écrits de fiction ont paru aux Etats-Unis dans Tin House et The Paris Review. Elle est la lauréate du prix Plimpton 2014. The Girls est son premier roman dont les droits ont été achetés par le producteur Scott Rudin. Il sera publié dans 34 pays étrangers. 

Ma chronique :

Un pari audacieux : une jeune auteure, Emma Cline, se met à la place d’Harvey W. le célèbre producteur de cinéma. C’est réussi.

Bravo pour ce texte qui parvient brillamment à nous positionner dans la tête d’Harvey : il se raconte à la veille de son procès : shooté mais confiant. Inimaginable pour lui d’être reconnu coupable.

Un cocktail détonnant : cynisme, inconscience, détachement avec un côté pathétique. On le plaindrait presque…

Un texte bluffant, on en oublierait presque ce qui pèse sur lui lors des échanges avec sa fille et sa petite-fille : il fallait oser se mettre à la place de cet homme.

Un ovni littéraire, qui montre le talent de cette jeune auteure, à découvrir aux éditions de la Table Ronde.

Notation :