Catégorie : <span>CRITIQUES</span>

Chronique de : Le festin de Margaret Kennedy

Résumé :

Cornouailles, 1947. Comme tous les étés, le révérend Seddon rend visite au père Bott. Hélas, son ami n’a pas de temps à lui accorder cette année, car il doit écrire une oraison funèbre : l’hôtel de Pendizack, manoir donnant sur une paisible crique, vient de disparaître sous l’éboulement de la falaise qui le surplombait. Et avec lui, sept résidents… Dans cette maison reconvertie en hôtel par ses propriétaires désargentés étaient réunis les plus hétéroclites des vacanciers …

L’auteure :

Margaret Kennedy (1896-1967) est née à Londres et a étudié l’histoire à l’université de Sommerville (Oxford), où elle a commencé d’écrire. En 1924, son deuxième roman, La Nymphe au cœur fidèle (Plon, 1927 ; réédité au Mercure de France sous le titre Tessa, 2006) s’est vendu dans le monde entier. Kennedy est l’auteure de quinze autres romans, parmi lesquels Le Festin (1950) et Pronto (Plon, 1954).

Ma chronique :

Encore une belle pépite sélectionnée par les Éditions de la Table Ronde. Un roman paru en 1950 et réédité en France.

Un roman « so British » qui m’a tenue en haleine tout du long : très agréable à lire avec sa touche sarcastique, parfois humoristique et ses personnages attachants.

Prenez une pension proche d’une falaise, des propriétaires désargentés, sept disparus, sept péchés capitaux et un compte à rebours de sept jours.

L’auteure joue avec nos nerfs dès le début de l’histoire lorsqu’on apprend qu’un morceau de falaise s’est écrasé sur une pension. Il est question d’enterrement et de survivants, à la toute fin seulement nous saurons tout. Mais on oublie le drame en suivant l’histoire racontée en sept chapitres, les sept jours avant l’effondrement.

Les résidents ont tous des failles, certaines s’apparentent aux sept péchés capitaux comme la paresse, l’avarice ou la luxure. Dans cette galerie de personnages, mes préférés sont les petites Cove, lumineuses et toujours généreuses malgré la méchanceté de leur mère. Le festin est aussi une peinture saisissante de ces années d’après-guerre avec leurs lots de privations.

Je vous encourage fortement à lire cet ouvrage pour l’histoire, le style et le plaisir de découvrir une auteure anglaise du siècle dernier.

Paru aux éditions de la Table Ronde

Notation :

Chronique de : L’odyssée de Clarence de Corinne Javelaud

Résumé :

À la mort de sa mère adoptive, Clarence Desprez revient s’installer en ce début des années 1960 dans la maison de son enfance, à Saint-Geniez-ô-Merle, cité perchée de Corrèze. Jeune ornithologue, il trouve là un endroit idéal pour se livrer à l’observation du milan royal, une espèce qu’il veut faire protéger. Clarence attribue d’abord la sourde inimitié que lui vouent les gens du pays à son hostilité déclarée envers la chasse mais découvre que, avant de l’abandonner et de disparaître, sa mère naturelle avait laissé dans la région un parfum de scandale…

L’auteure :

Après des études de lettres et d’histoire de l’art, Corinne Javelaud s’est tournée vers l’écriture. Originaire du Limousin, elle est l’auteure d’une dizaine de romans qui ont connu un succès croissant. Elle est membre du jury du prix des romancières remis chaque année au Forum du livre de Saint-Louis en Alsace.

Ma chronique :

Ce roman d’atmosphère, fidèle au style de Corinne, m’a enthousiasmée.

Toujours très fouillé et documenté, nous suivons nos héros passionnés d’ornithologie pour l’un et d’hippisme pour l’autre.

Comme le montre la liste des ouvrages consultés dans la postface, l’auteure nous entraîne dans un monde très réaliste : la Corrèze et le Limousin, dans les années soixante, sur fond de protection des milans royaux pour Clarence le personnage principal. Il est bien difficile dans ces années de démontrer que la protection de ces grands oiseaux est indispensable pour la sauvegarde de la planète. Il rencontre davantage de passionnés de chasse que de protecteurs de la nature, les débats promettent d’être animés.

Philippa, quant à elle, est attirée par la carrière de jockey : difficile aussi pour une femme de convoiter un métier uniquement réservé aux hommes.

L’histoire se complique avec l’arrivée d’un autre personnage féminin et le souvenir de la mère de Clarence qu’il n’a pas connue.

La plume fluide rend la lecture très agréable. J’ai aimé l’ambiance, l’histoire, les héros attachants, décrits avec une grande sensibilité et l’immersion réussie dans ces années soixante.

Et pourquoi pas une adaptation cinématographique de ce livre ?

Un bon moment de lecture que je vous conseille.

Un roman paru aux éditions Calmann Lévy.

Chronique de : L’accompagnateur de Sebastian Fitzek

Résumé :

À Berlin, peu après 22 heures, Jules est au standard d’un service d’accompagnement dédié aux femmes en danger. Son premier appel est celui de Klara, terrorisée à l’idée d’être suivie par un psychopathe. Un homme qui a peint en lettres de sang la date de sa mort dans sa propre chambre à coucher. Et ce jour se lèvera dans deux heures.

L’auteur :

En quinze ans – Thérapie, son premier roman, a été publié en 2006 –, Sebastian Fitzek, né en 1971, est devenu un auteur phénomène. En Allemagne, il a vendu plus de 13 millions de livres, traduits dans 36 pays, dont L’Inciseur et Passager 23, tous deux adaptés au cinéma. L’Accompagnateur est son quatorzième suspense publié à l’Archipel.

Ma chronique :

Très, très tendu ce « psycho thriller », je découvre cet auteur et je ne suis pas déçue.

J’ai rarement lu un polar avec une tension aussi extrême, il se lit presque d’une traite et en apnée. La violence conjugale est au cœur de ce récit qui est dédié à toutes celles qui ont peur au quotidien.

Dans la postface, l’auteur explique que le service d’accompagnement téléphonique pour aider les femmes en détresse existe en Allemagne (pays de l’écrivain).

L’histoire est terrifiante, âmes sensibles s’abstenir, l’hémoglobine et la violence sont très présents.

Nous suivons Klara, lors d’une traque infernale, celui qu’elle redoute le plus c’est son mari. Celui-ci, d’une classe sociale aisée, lui fait vivre un enfer et le mot n’est pas trop fort. Elle croisera aussi la route d’un psychopathe. 

Comment l’accompagnateur au bout du fil pourra-t-il l’aider ?

Glaçant et terrifiant, un psycho thriller à découvrir aux éditions de L’Archipel.

Notation :

Chronique de : Le crépuscule des abeilles de Célestin Robaglia

Résumé :

Jeune avocate aussi brillante que déterminée, Elsa est engagée dans un procès sans merci contre un fabricant de pesticides. Dix ans plus tôt, Alice a quitté la capitale pour s’installer à la campagne et devenir apicultrice, avec la conviction qu’elle pouvait changer le monde à son échelle. Elsa et Alice, la militante et le colibri, sont sœurs jumelles. Malgré leurs différences, elles sont intimement liées par leur amour du vivant et par un rêve commun : créer une société plus respectueuse de la vie et de l’humain.

L’auteur :

À la fin de ses études, Célestin Robaglia quitte Paris pour la Bretagne, où il fonde un écolieu avec un groupe d’amis afin de vivre en accord avec ses aspirations profondes : la quête d’un mode de vie en harmonie avec la nature. Le crépuscule des abeilles, son troisième roman, est un texte engagé, issu de sa conviction que l’enjeu majeur de notre époque est la sauvegarde de la biodiversité et des équilibres naturels fragilisés, dans l’espoir d’offrir un avenir viable à l’humanité et à l’ensemble du vivant.

Ma chronique :

Un véritable pamphlet à l’encontre des grandes entreprises fabriquant des pesticides, on ne peut rester insensible face aux combats menés par les héroïnes.

Utiliser la forme du roman pour lancer ce cri d’alarme et ainsi alerter chacun contre les tactiques des multinationales qui minimisent les impacts de leurs produits est un pari réussi ici. Bravo Célestin.

L’auteur souligne en fin de livre que malheureusement les données sur la dangerosité des pesticides sont véridiques, notamment les impacts des néonicotinoïdes qui sont constatés chaque année par les apiculteurs.

J’ai découvert une pratique appelée « agnotologie » décrite comme « une discipline scientifique … créée pour mettre en lumière les manipulations… », qui lutte contre la désinformation scientifique.

Un livre fort et engagé qui remue et souligne l’importance du combat des deux jeunes héroïnes qui ne veulent pas fléchir devant les géants.

Partager le combat de ces jeunes femmes, face à ces géants, ne peut que renforcer l’envie de chacun de lutter également pour une vie plus en harmonie avec la nature.

Un livre nécessaire.

Paru aux éditions Tana.

Notation :

Chronique de : Les pantoufles de Luc-Michel Fouassier

Résumé :

Un homme sort de chez lui en pantoufles en oubliant les clés à l’intérieur de son appartement. Contraint d’affronter une journée sans chaussures, il s’engage dans cette aventure à pas feutrés. Mais face à ses collègues de travail, à sa famille et même aux forces de l’ordre, chaussé de ses confortables charentaises, il provoque de surprenantes réactions d’hostilité ou d’engouement…

L’auteur :

Luc-Michel Fouassier est né en mai 68, non loin des pavés, en région parisienne. Ses premiers livres ont paru en Belgique. Au contact de nos amis wallons, il a acquis la conviction que l’humour bien troussé et bien chaussé reste le moyen de lutter le plus efficace contre les fâcheux de tous poils. 

Ma chronique :

Sortez en chaussons et changez de point de vue, une situation que notre héros va tester.

Cela marche plutôt bien : dans son boulot, il ose s’exprimer davantage et paraît plus convainquant. Dans sa vie personnelle, il est plus sûr de lui et porte un regard neuf sur ses proches et son destin.

Ce livre m’a amusée, fait sourire et réfléchir aux choix qui peuvent s’offrir à nous si on est prêt à les accueillir. Faire un pas de côté et goûter la fantaisie de la vie comme notre héros, c’est bien tentant. Cette fable fantaisiste est un véritable pied de nez au conformisme ambiant.

Le héros nous confie « devenir lent au milieu de la frénésie convulsive des autres, ne plus jamais lacer de chaussures ».

À mettre dans toutes les mains.

Paru aux éditions Folio 

Notation :