Auteur/autrice : <span>des Pages et des îles</span>

L’ardoise magique de Valérie Tong Cuong

Résumé

Deux jeunes filles sont assises sur la rambarde d’un pont. Un train surgit. L’une saute, l’autre pas. Celle qui a sauté, c’est Alice. Elle est riche, jolie, et habite un quartier résidentiel. L’autre s’appelle Mina. Depuis la mort de sa mère, elle vit chez son oncle et sa tante dans le quartier des HLM. Les deux amies s’étaient jurer de se suicider ensemble. En rompant le pacte, Mina perd toute raison d’exister. Pourquoi n’a-t-elle pas sauté ? Qu’est-ce qui l’a retenue à la vie ? Pourquoi Alice voulait-elle en finir ? Quelle spirale les conduisait ainsi au suicide ? Devenue fugitive, Mina cherche à comprendre ce qui s’est passé depuis qu’Alice a surgi dans sa vie. Pourquoi ont-elles noué une amitié si forte ? Qui était vraiment Alice ? Cette enquête va pousser Mina à regarder la vérité en face, une terrible vérité, dont il lui faudra s’affranchir gagner sa liberté.

L’auteur : Valérie Tong Cuong est née en banlieue parisienne. Après une adolescence chaotique, elle étudie la littérature et les sciences politiques. Elle travaille huit ans en entreprise puis lâche tout pour se consacrer à l’écriture (romans, nouvelles, scénarios) et à la musique.

Mon avis :

Scotchée par ce livre : une fois entamé, impossible à lâcher.

Comme il est court, il suffit d’avoir 2 heures devant soi.

Deux adolescentes, l’une à qui tout sourie et l’autre chahutée par la vie, décident d’en finir avec la vie mais une seule va jusqu’au bout.

Comment vivre avec cette perte ? Qui peut aider Mina ?

La culpabilité est si forte pour elle, heureusement elle va rencontrer quelqu’un qui va l’aider à la supporter et surtout à s’accepter.

Difficile d’en dire plus sur cette histoire si émouvante sans dévoiler l’intrigue. L’adolescence, ses tourments mais aussi l’entraide et l’amour sont au cœur du roman.

L’écriture est pure, limpide et envoûtante. La fin complètement inattendue m’a bluffée. Un roman d’une grande puissance émotionnelle.

Un gros coup de cœur.

Vous l’aurez compris, un livre incontournable pour moi, à lire absolument !

J’ai rencontré l’auteur à « Saint-Maur en poche », lorsque je lui ai dit que j’avais lu « l’Atelier des miracles » et « Providence », elle m’a orienté sur ce livre.

Merci pour ce conseil.

 

 

Notation :

Le voyage de Nina de Frédérique Deghelt

Résumé :

Elle s’appelle Nina, comme la chanteuse de jazz Nina Simone. Elle est la little blue girl de ses parents artistes. La vie est une fête jusqu’à leur disparition dans un accident d’avion. Placée chez des grands-parents qu’elle ne connaissait pas, Nina décide l’impossible : s’enfuir et attendre d’avoir la majorité pour revenir. Après tout, elle a depuis toujours voyagé avec son père et sa mère ! Mais entre le voyage insouciant avec deux adultes et la fugue d’une mineure recherchée par les gendarmes, il y a un monde…

L’auteur :

Frédérique Deghelt est une romancière, journaliste, réalisatrice de télévision. Elle est écrivain à temps plein depuis 2009. Ses principaux livres : « Je porte un enfant et dans mes yeux l’étreinte sublime qui l’a conçu » (2007), « La vie d’une autre » (2007), « La grand-mère de Jade » (2009), « Le cordon de soie » (2011) et « La nonne et le brigand ».

Mon avis :

Une adolescente qui fugue après avoir perdu ses parents, voici le départ de cette histoire.

Triste me direz-vous ? Non plutôt émouvant et rafraîchissant.

L’auteure réussit à nous rendre proche Nina avec qui on partage au plus près cette aventure.

La jeune fille fuit ses grand-parents qui l’ont recueillie après le décès de ses parents. Ceux-ci sont sévères, froids et considèrent Nina comme une gamine. Elle s’enfuie pour retrouver une liberté qu’elle a perdu. Ses amis de classe vont l’aider tout au long de son périple, Nina va aussi faire des rencontres multiples, bonnes ou moins bonnes

Ce voyage apaisera-t-il sa souffrance ? L’envie de vivre sera-t-elle renforcée ? Je vous laisse le découvrir.

Un livre poignant avec des personnages attachants et une belle réflexion sur la vie : j’ai apprécié.

Différent des autres livres de cette romancière, pas de plongée dans le surnaturel ou l’irrationnel mais plutôt une histoire assez simple, bien menée et que l’on pose avec regret. Un livre que je conseille et qu’on a envie de partager.

 

 

Notation :

L’énigme éternelle de Pearl Buck

Résumé : Ohio, années 1930. Randolph Colfax, dit Rann, est un adolescent surdoué. À la mort de son père, il abandonne ses études pour chercher librement sa voie.

Il quitte les États-Unis pour l’Europe, où deux femmes vont lui faire découvrir les nuances de l’amour : Lady Mary, une aristocrate anglaise qui lui enseigne la sensualité, et Stéphanie Kung, une Sino-Américaine dont le père, un riche marchand d’art, offre à Rann sa succession et la main de sa fille. Le jeune homme refuse, et s’engage dans l’armée américaine. De son expérience sur le front, en Corée, il tire un roman qui lui vaut un succès immédiat. De retour aux États-Unis, il retrouve Stéphanie, qui refuse à son tour de l’épouser…

L’auteur :

Pearl S. Buck, née en 1882 aux Etats-Unis, a été éduquée en Chine où elle a vécu une grande partie de sa vie avant de rentrer dans son pays natal. Elle est l’auteur de nouvelles, de pièces de théâtre, de romans… Première femme à obtenir le prix Pulitzer, en 1932, pour La Terre chinoise, elle a reçu le prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre, en 1938. Ses romans les plus célèbres, La Mère et Vent d’est, vent d’ouest, font figure de classiques. Elle est décédée en 1973.

Mon avis :

Le dernier livre de Pearl Buck, retrouvé quarante ans après et nouvellement édité. J’avais très envie de renouer avec cet auteur qui a bercé mon adolescence. Cela faisait longtemps que je n’avais rien lu d’elle et là en découvrant cet inédit, j’étais impatiente de le découvrir.

Différent de ces autres romans, celui-ci retrace la jeunesse d’un enfant surdoué. Rann est différent, ses parents le remarquent très vite : une curiosité omniprésente et jamais comblée. Son père, universitaire, le prend en main et lui explique tout. L’école se révélant un échec, l’éducation parentale la remplacera. Mentalement mais aussi physiquement, le garçon est différent : hors norme. Il se sent très différent et s’interroge sur tout. Un événement tragique le poussera à partir de la maison alors qu’il n’a pas 18 ans. Quittant les États-Unis, il parcourt l’Europe.

Dans cette seconde partie du livre, on retrouve davantage l’esprit Pearl Buck tel que je l’avais mémorisé : rencontres, aventures et surtout présence de la culture chinoise qui va enthousiasmer notre héros.

Fine analyse psychologique d’un personnage assoiffé de science, croisement des civilisations occidentales et orientales et belle histoire humaine, tels sont les atouts de cette histoire.

J’ai aimé aussi l’écriture et le rythme, j’ai lu rapidement et avec plaisir cet ouvrage qui pourtant est différent du reste de l’œuvre de l’auteur. J’ai aussi apprécié la préface rédigée par l’un des fils adoptifs de l’auteur qui raconte comment le manuscrit a été découvert.

Je vous conseille cette lecture pour une plongée dans un monde occidental avec une once d’oriental : un beau mélange.

Un grand merci aux éditions l’Archipel.

 

 

Notation :

Bon rétablissement de Marie-Sabine Roger

Résumé : Sauvé d’une chute dans la Seine, un homme un peu ours et misanthrope de 67 ans, se retrouve immobilisé dans un lit d’hôpital pendant un mois et demi. Cela lui donne le temps de revisiter sa vie, avec ses bons et mauvais côtés, et surtout de rencontrer des personnes inattendues, lui qui n’attendait plus beaucoup de surprises dans sa vie.

L’auteur :

Née en 1957 près de Bordeaux, Marie-Sabine Roger vit entre la France et La Réunion. Depuis dix ans, elle se consacre entièrement à l’écriture. Son travail est très reconnu en édition jeunesse, où elle a publié une centaine de textes, souvent primés. En littérature générale, elle a notamment publié un roman chez Grasset, Un simple viol en 2004, et des nouvelles chez Thierry Magnier, La théorie du chien perché (2003) et Les encombrants (2007). Son roman précédent, publié au Rouergue en août 2008, La tête en friche à été adapté par Jean Becker.

Mon avis :

Des retrouvailles avec l’auteur de « Tête en friche ». Ayant beaucoup aimé ses autres romans, j’ai renoué avec plaisir avec cette auteure. Ici, une histoire de rencontres humaines entre des personnages cabossés par la vie : de l’humanisme, de l’humour et de la tendresse : un beau cocktail !

L’histoire : un homme solitaire, âge de plus de soixante ans, se réveille à l’hôpital complètement plâtré et dépendant. Comment s’est-il retrouvé dans la Seine à l’aube ? Qui l’a secouru ?

Petit à petit les réponses arrivent mais là n’est pas le plus important : ce sont les rencontres humaines qui illuminent ce récit et vont modifier la vie de Jean-Pierre notre héros.

Il va croiser un jeune policier malheureux, une adolescente paumée, un jeune prostitué : pour un homme bougon et aimant la solitude, cela fait beaucoup de monde. Surtout ces rencontres vont bousculer ses certitudes. L’hôpital devient un lieu de rencontre et d’ouverture sur les autres.

Vivre caché est difficile dans cet univers hospitalier : malgré ses demandes répétées, la porte de sa chambre reste ouverte, difficile dans ses conditions de s’isoler. Pourtant, il demande à chaque visiteur de la fermer.

Une histoire attachante, une écriture fluide, efficace et parsemée d’humour : quel plaisir de lecture et un regret quand le livre est terminé.

A déguster sans modération et j’ai hâte de découvrir l’adaptation cinématographique de Jean Becker qui sortira en septembre.

Notation :

Après minuit de Irmgard Keun

 

Un texte écrit en 1937 par un écrivain allemand et oublié ensuite.

D’abord intéressée par le texte et l’histoire, j’ai vite été déçue et le livre m’est même tombé des mains.

Pourquoi cette constatation lapidaire ? Mon commentaire devrait l’éclairer.

L’histoire : Suzon, l’héroïne raconte une succession d’anecdotes sur son quotidien dans cette Allemagne des années 30 déjà peuplée de SS. Les gens ordinaires qui l’entourent, adulent Hitler et suivent très attentivement toutes les recommandations données par le pouvoir. Est-il possible d’y échapper d’ailleurs ?

La violence monte dans l’indifférence générale

Suzon, orpheline à 16 ans, se retrouve chez sa tante à Cologne et fréquente Franz son cousin puis elle rejoint Algin son frère ainé. Celui-ci partage sa vie avec une femme aux mœurs légères; Suzon découvre alors une jeunesse privilégiée et liée aux artistes en vogue. En face de ces jeunes, des militaires qui appliquent les consignes du pouvoir hitlérien : attention donc à certains propos pouvant conduire ensuite à des dénonciations et interrogatoires. Suzon comprend alors les dangers qui l’entourent.

Ce qui impressionne dans cet ouvrage, c’est la description du climat qui régnait avant-guerre en Allemagne. Des gens ordinaires deviennent nazis très naturellement. Le peuple chante les hymnes, trinque à la santé du pouvoir dans une ambiance festive.

La lâcheté et méchanceté des uns au travers des dénonciations, fait aussi leur bonheur en leur assurant un bon avenir.

L’antisémitisme monte et certaines paroles deviennent des menaces pour ceux qui tentent de s’opposer à cette montée de violence.

Malgré ce climat si bien traduit, je n’ai pas adhéré à l’histoire qui est une succession d’anecdotes sur la vie quotidienne qui ont fini par m’ennuyer. Pas de rythme dans ce roman et une écriture un peu simple, décevante également.

Pour ces raisons, le livre m’est tombé des mains.

J’avais tant aimé, dans un registre proche, le livre «Inconnu à cette adresse» de Kressmann Taylor, qui est aussi une plongée dans la période d’avant-guerre et la montée du nazisme. L’émotion est tellement présente dans le livre de Kressman Taylor alors qu’elle est inexistante dans «Après minuit».

Je vous livre un extrait : « Oui, sans doute, ma vie ici est un enfer, dit Heini, grave et calme, mais que faire à l’étranger ? /…/ J’ai aimé les hommes ; pendant plus de dix ans je me suis usé les doigts à écrire, je me suis creusé la tête pour mettre en garde contre cette folie de barbarie que je sentais venir. Une souris qui siffle pour arrêter une avalanche ! L’avalanche est venue, a tout enseveli, la souris a fini de siffler (p.215).»

L’auteure, née à Berlin, fut contrainte à l’exil. Elle voyagea alors avec son amant, Joseph Roth, avant de revenir clandestinement en Allemagne en 1939, en faisant croire à son suicide pour vivre cachée sous une fausse identité à Cologne, puis fut oubliée.

Ce roman initialement publié en 1939 chez Stock vient de reparaître dans la collection « Vintage » chez Belfond.

Notation :